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  • Claude Speranza, Auxonnais
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13 octobre 2019 7 13 /10 /octobre /2019 01:00

CHARMOY-CITY : DES JARDINS OUVRIERS AU PORT ROYAL  - du 13 OCTOBRE  2019 (J+3952 après le vote négatif fondateur)

   

    Ce sont des jardins que nous découvrons aujourd’hui sur une photo aérienne de 1960 publiée par la  page facebook Auxonne Info - Actus & Débats.

     Situés au pied du Bastion Royal sur l’emplacement actuel du Port royal, de ses accès et de son extension prévue, ces jardins n’auront pas connu une histoire bien longue.

     Cette histoire commence au début des années 1940, pour des raisons que nous verrons plus loin.  L’emplacement est alors propriété de l’Armée.

     L’histoire finit au cours des années 1960, lorsque l’Armée reprend possession du terrain concédé pour y construire des équipements.

    Une piste FRAC (Formation Rationnelle Accélérée des Conducteurs) est aménagée sur l’emplacement actuel des accès (et parking) au Port Royal par la route de Flammerans.

      Tout le long de la face du bastion royal regardant la route de Flammerans, est construit un stand de tir « balplast » destiné à l’entraînement au tir à balle plastique avec l’ancien fusil MAS 36. Votre serviteur y a tiré en 1970 et fait tirer les gars de son peloton. Pour des raisons d’évolution technique, le stand est d’abord désaffecté, et enfin démoli à la fin du siècle dernier.

     La suite est une autre histoire, celle du Port Royal.

     Revenons à présent au début de notre histoire des jardins.

     Juin 1940. Le pays est envahi. Les courtes mais très meurtrières hostilités cessent après la capitulation et l’armistice. Dans le pays à genoux, les questions de ravitaillement deviennent cruciale, et celle de l’alimentation au premier chef.

   Deux mois après l’Appel du 18 juin à Londres, Vichy promulgue la loi du 18 Août « relative à la mise en exploitation des terrains urbains non utilisés »

  

Les effets de cette loi seront élargis par des lois ultérieures encadrant et soutenant, par le biais d’associations, les exploitants de nouveaux jardins potagers.

    Il pourrait sembler qu’alors, les besoins alimentaires concrets de la population convergent avec la doctrine, plus discutable, du « Retour à la terre » selon Pétain, si bien défendue par le célèbre Chanoine Kir dans son éditorial du «Bien du Peuple de Bourgogne », feuille hebdomadaire catholique et paysanne. 

   Petit échantillon présentable de cette prose : « La pénurie d’aliments de première nécessité va remettre à l’honneur la vie saine du paysan qui trouve à portée de sa main les articles indispensables ».

   

C’est clair, en ville, si l’on est peu fortuné, on  se serre la ceinture, les « doryphores » (les occupants) dévorent tout ce qui pousse dans les champs.

     Et dans les campagnes on plaisante à l’occasion de cette diète forcée des Parigots : « Parisien gros bec [moineau] campagnard tête de lard, les Parisiens i mangent d’la m…, les campagnards i mangent du lard ». Je tiens ce bon mot de mon père qui me l’a rapporté et l’avait entendu en 1944 dans une ferme de Haute-Saône où il se cachait au cul des vaches pour échapper à un retour au STO (Service du Travail Obligatoire).

     Après ce retour à la terre, revenons-en à nos jardins.

    Une structure associative préexistante, la Ligue du Coin de Terre et du Foyer, fondée par l’Abbé Lemire en 1896, et dont les délégués sont répandus sur tout le territoire va permettre, en lien avec les pouvoirs publics, de concrétiser les créations de nouveaux jardins. Leur nombre passera ainsi de 75000 en 1939 à 250 000 en 1943

https://journals.openedition.org/insitu/18752

      Il serait abusif et injuste de taxer, pour autant,  l’association d’allégeance aux valeurs de Vichy dans la poursuite élargie de son  objectif social.

   

Selon des témoignages oraux entendus il y a longtemps, le Chanoine Cornier, alors Curé d’Auxonne, aurait participé activement au développement local  de ces jardins. Je rends ici hommage à la mémoire d’un homme qui m’a toujours fait une grande impression.

    Mes parents, alors jeunes mariés, cultivaient une parcelle de 2 ares sous les murs du Bastion Royal. J’ai retrouvé leur carte de jardinage dans la vieille boîte en fer-blanc des souvenirs de famille.

Claudi nous livre une vision originale autant que pertinente des jardins des années 40…

 

Pour les curieux :   quelques détails supplémentaires sur les 3 autres points de la photo 

Charmoy-City, des jardins ouvriers au Port Royal

Charmoy-City, des jardins ouvriers au Port Royal

C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 13 octobre 2019 (J+3952 après le vote négatif fondateur)

Publié dans Visions d’histoire

 

 

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Publié par Claude Speranza, Auxonnais - dans Visions d'histoire