AUXONNE : UN CARNAVAL FLEURI SOUS UN CIEL GRIS - du 04 mars 2024 (J+5555 après le vote négatif fondateur)
Votre serviteur était hier parmi la foule de la Grande rue pour la traditionnelle « cavalcade » du CCEA. Beaucoup de fleurs, des chars hauts en couleurs, beaucoup de jeunesse et d'enfants et par bonheur pas de pluie ou presque.
De quoi nous faire oublier un instant, l'âme attendrie par tant de sympathique animation dans une artère au quotidien plutôt déserte, les « guéguerres » et la forte odeur de « bruits de bottes » évoquées dans notre précédent article.
AUXONNE : DES CHENILLES ET DES CHARS - du 29 février 2024
Dans une vieille tête encore bien faite, à l'heure du bilan, les souvenirs d'enfance remontent promptement.
En route, donc, dans notre machine à remonter le temps, vers le 7 mars 1954. C’était le Carnaval ce jour-là, un des premiers carnavals auxquels, gamin en culotte courte, je devais assister, et c’est le seul de mes carnavals d’enfance, dont j’aie gardé le souvenir d’un détail particulièrement précis et disons-le, assez cru, comme nous le verrons plus tard.
Ce détail, en effet je m’en suis toujours souvenu ! Je n’aurais pu cependant jurer de l’année précise… Si, par bonheur, un vieux numéro jauni du Bien Public n’était venu récemment à mon secours !
Par la vertu de l’archive je vous propose de découvrir, sans les bruits, les odeurs et les couleurs, hélas, le défilé du 7 mars 1954
Vous y découvrirez en photo le « Fonfonse » juché sur le char des Peaux Rouges. Et peut-être d’autres souvenirs, si vous avez de la bouteille !
Les enfants et les jeunes-loups, car chez Chantecler il n’y en a pas que pour les croulants, pourront découvrir dans le texte, un nom de char propre à les faire rêver: « Ramu enfant-loup ».
Avec « Ramu enfant-loup » ou mieux, « Ramu l’enfant-loup », nous entrons, c’est le cas de le dire, dans le vif du sujet…
Voilà l’histoire….
Un communiqué Associated press relayé à la une par Le Bien Public du 10 février 1954 relatait la découverte, en Inde, d’un enfant-loup.
Au bout du compte, ce soi-disant « enfant-loup » devait se révéler n’être qu’un malheureux enfant hémiplégique abandonné.
Mais la nouvelle était lancée, elle devait défrayer la chronique et, surtout, inspirer nos carnavaliers !!
D’où le char, saignant, de « Ramu l’enfant-loup », dont j’ai gardé le souvenir, dont le PDF ci-dessus ne mentionne que le nom, mais pas la photo. Par bonheur, en guise de caméra ce jour-là, j'avais mes jeunes mirettes déjà curieuses de tout
Revenons en cette fin d’hiver 1954, un hiver particulièrement rigoureux, celui de l’appel de l’Abbé Pierre au profit des sans-logis.
AUSTERLITZ (1805), AUXONNE (1954), HISTOIRES GLACÉES - du 5 décembre 2023
Imaginez donc une France « dans la purée », une France de « purotins » « fauchés comme les blés », une France qui « serre la ceinture » depuis plus de dix ans une France à peine sortie des restrictions de la guerre, sur fond de guerre d’Indochine, de tractions-avant, de grands pardessus, de gabardines, de canadiennes, de bérets et de chapeaux mous.
Et dans ce décor, sur un trottoir bondé de la rue Thiers, un gamin de sept ans un peu palot venu avec papa maman et le petit frère regarder le carnaval. Les deux gamins habillés par la couturière Madame Nosjean rue Davot. Un cliché qui vaut son pesant d'épingles.
En ce temps je n'aimais pas beaucoup les essayages et les épingles chez la couturière. Par bonheur, le WAX ravigotant et ses couleurs me font aujourd'hui apprécier ce merveilleux métier.
Il fait encore frisquet, le gamin n’a pas bien chaud, les grosses têtes en carton chalonnaises qui dominent les assistants lui paraissent effrayantes, les grosses caisses des fanfares l’assourdissent et vibrent dans sa poitrine, et voilà que dans le défilé il voit venir le char de Ramu !
Ramu, pour le coup, c’est le Popol Larue, qui n’a plus rien d’un enfant, sinon la petite taille qu’accentue encore son dos voûté de petit bossu. Je le reconnais aussitôt, c’est une des vedettes du jeu de boules de l’Iliotte que fréquente assidument mon père, lui aussi fana de la « lyonnaise », tout comme le Colonel Maurice et tant d’autres…
Le populaire Popol était aussi un fameux pêcheur, qui savait à point nommé récolter la manne, du temps que le Père Darche, avec maître Taupenot, faisait des pêches miraculeuses au carrelet dans le contre-fossé. C’étaient des temps bibliques que l’on peut à peine imaginer. Les curieux trouveront à la fin et dans l'illustration de l'article ancien ci-dessous consacré à des projets urbanistiques autant fumeux qu'oiseux et dont les « bienfaits » se prolongent aujourd'hui et se feront encore longtemps sentir, une étude de la manne proprement dite
LES BOUTIQUES ÉPHÉMÉRES, UNE MANNE POUR LE COMMERCE DE CENTRE-BOURG ? - du 30 juin 2017
Ce jour-là, juché sur son char, le petit Popol ne pointe pas le cochonnet, n’embrasse pas la Fanny, et ne ferre pas le gros poisson, mais le nez sous une guirlande d’authentiques lambeaux de bidoche, il fait mine de les mâchonner, visiblement avec plaisir.
Imaginez l’effet produit sur un enfant qui n’aime pas la viande, et la mâche sans fin jusqu’à la recracher, ce qui lui vaut la vindicte paternelle et la compassion maternelle qui lui mouline son steak pour le mêler à la purée !
Claudi n’a pas trouvé de photo du char pour s’en inspirer. Il s’est rabattu sur la couverture du numéro 263 du 21 février 1954 du magazine à sensation Radar
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 04 mars 2024 (J+5555 après le vote négatif fondateur)
Publié dans Carnavals d'hier et d'aujourd'hui