LE CHARMOY : CDAC N°3, CARREFOUR DE LA PERPLEXITÉ - du 12 DÉCEMBRE 2014 (J+2186 après le vote négatif fondateur)
Nous avions déjà rédigé cet article, quand nous avons trouvé une information ouverte concernant la prochaine CDAC, sur le site :
http://www.cote-dor.gouv.fr/IMG/pdf/derogation_L122-2.pdf
Il s’agit d’une demande de dérogation du promoteur à l’article L 122-2 du code de l’urbanisme, dérogation qui requiert l’avis de la Commission Départementale de la Consommation des Espaces Agricoles.
Notre expertise en la matière ne nous permet pas de juger de l’importance d’un tel document. Une chose est sûre cependant, il démontre bien qu’il y a consommation d’espace agricole ! Et ce qui est certain, c’est que ce genre d’étalement urbain sur des terres agricoles pas plus qu’il n’avait recueilli l’enthousiasme de la CNAC du 20 janvier 2010, ne semblait satisfaire les bons principes du Conseil général 21, à en lire du moins les conseils que cette institution dispensait naguère aux maires lecteurs de sa revue. Nous avions souligné ce fait dans un article déjà ancien, quand les questions environnementales ne pâtissaient pas encore aussi ouvertement qu’aujourd’hui de la vindicte des productivistes et des « investisseurs » de tout poil !
QUAND L’INCOHÉRENCE S’ÉTALE – du 25 janvier 2012
Passons maintenant à notre sujet du jour.
Dans nos deux précédents articles, après un examen des décisions des précédentes CDAC en vue de conjecturer la décision de la prochaine, nous avions rappelé le climat local général autour de ces commissions.
À ce propos, nous avions souligné la position inconfortable de Monsieur Jean-Paul VADOT, Président de la communauté de communes d’Auxonne-Val de Saône.
Nous avions noté aussi, que si parmi les membres de la commission appartenant au monde des élus, un certain nombre ne devraient pas nous surprendre par leurs votes de mardi prochain, il apparaissait aussi que les positions successives (abstention puis refus) de Monsieur Jean-Paul VADOT, Président de la communauté de communes d’Auxonne-Val de Saône en ce qui concerne le projet LECLERC au Charmoy ne démontraient pas la même évidente stabilité.
Nous refusant à prêter des intentions à Monsieur Jean-Paul VADOT, nous nous bornerons seulement à la relecture d’un certain nombre de documents écrits, datés et diffusés publiquement, dans lesquels Monsieur Jean-Paul VADOT s’est exprimé successivement et publiquement sur le sujet. Bien entendu, nous ne prétendons pas être exhaustif et nous accueillerons avec gratitude toute information susceptible de remédier aux carences éventuelles de notre étude.
Nous avons déjà évoqué dans le précédent article, l’ambiance des premiers mois de 2011, quand convergeaient la campagne des cantonales et la tenue de la CDAC du 8 mars. Il est bien clair que, dans cette période, Monsieur Jean-Paul VADOT, à la fois membre de droit de la CDAC et candidat aux cantonales s’est trouvé en butte aux pressions détestables de la claque de la clique du Charmoy.
Nous nous souvenons en particulier de certaine réunion électorale du 17 mars 2011 à laquelle nous assistions, ainsi que d’un conseil communautaire du 7 mars 2011 qui a fait couler beaucoup d’encre et dont on a parlé dans la presse. Lors de ces moments pénibles, Monsieur Jean-Paul VADOT avait toute notre sympathie. Nous ne reviendrons pas en détail sur ces pantalonnades indignes. Avis aux amateurs d’histoire ancienne : ces diverses péripéties sont relatées dans certains de nos articles de la première quinzaine de mars 2011. On pourra aussi relire avec profit
LE JOUR OÙ LA COMCOM FUT ASSIÉGÉE - du 06 OCTOBRE 2014
Si nous condamnons les agissements dont a pâti Monsieur Jean-Paul VADOT, ce n’est donc certainement pas pour l’invectiver maintenant à notre tour. Notre réflexion, même si elle pourra apparaître sans concessions aux yeux de certains, est sans commune mesure avec les pressions qu’il a subies en mars 2011 du fait du lobby du Charmoy, et dont il se pourrait bien qu’il les subisse à nouveau, quoi que sur un mode plus feutré et plus insidieux. Elle vise seulement, au moment d’un passage délicat, à préserver Monsieur Jean-Paul VADOT de l’amnésie et du découragement.
Commençons, pour changer, par la fin. C’est une déclaration de Monsieur Jean-Paul VADOT, rapportée par le commissaire enquêteur (pp. 84 et 85), dans son rapport du 28 octobre 2013 qui a suscité notre étonnement. Chacun(e) pourra en prendre connaissance. Nous l’estimons, pour notre compte, un peu trop lénifiante, question de caractère après tout…À la lecture d’un certain passage, tout de même, nous avons eu franchement l’impression de rêver et d’entrer de plain-pied dans le monde des Bisounours :
« - à présent, M. VADOT juge que l’ambiance autour du projet [ N.D.L.R. Chantecler : du projet du Charmoy] est apaisée. Il estime par ailleurs que si le projet vient à son terme ce sera bénéfique pour les entreprises du secteur et qu’il y aura des retombées fiscales à partager. Dans ce domaine, la communauté de communes fonctionne sous le régime de la fiscalité additionnelle ce qui signifie que la commune du lieu d’implantation perçoit la part la plus importante des recettes fiscales ».
[p. 85 du rapport de l’enquête publique de fin 2013 sur le projet]
Pour tout dire : « Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme, volupté ». À en croire cette déclaration, on pourrait incliner à penser qu’une philosophie comptable à deux sous tiendrait lieu, à présent, de boussole privilégiée des orientations et des options de Monsieur Jean-Paul VADOT en matière de politique locale du commerce. En ce sens, Monsieur Jean-Paul VADOT est moderne, Monsieur Jean-Paul VADOT est vraiment dans le vent ! Il rejoint sur ce point Monsieur Raoul Langlois qui déclarait encore le 22 octobre dernier sur FR3 : « Notre pari est de dire : si nous avons une grande surface, cela va attirer du monde, si les gens viennent à la grande surface, ils peuvent en profiter pour faire d’autres courses, d’autres achats sur la ville. »
Sans parler du « pari » de Monsieur Raoul Langlois, qui n’est pas sûr de gagner le tiercé, avouons que la précédente déclaration de Monsieur Jean-Paul VADOT est propre à susciter quelques inquiétudes quant à la position qu’il pourrait prendre lors de la prochaine CDAC ! Non, rassurez-vous, cela ne risque surtout pas d’inquiéter Monsieur Raoul Langlois ! À la décharge de Monsieur Vadot, reconnaissons toutefois qu’au moment où il a fait cette déclaration la partie semblait définitivement jouée (Ouf !) et que Monsieur Vadot n’imaginait certainement pas devoir un jour prendre à nouveau position en CDAC !!
La volonté d’apaisement de Monsieur Jean-Paul VADOT est respectable, c’est sans doute son droit de préserver sa tranquillité, jadis mise à mal dans cette affaire impossible du Charmoy. Rappelons tout de même, à Monsieur VADOT, qui semble affectionner les belles maximes, qu’il est loisible à chacun de suivre l’enseignement du proverbe « pour vivre heureux, vivons caché », mais aussi que l’abstention est toujours possible, Monsieur Jean-Paul VADOT ne s’en est d’ailleurs pas privé lors de la première CDAC du 7 octobre 2009.
Ce que l’on ne peut tout de même pas décemment envisager, c’est que son prochain vote vienne étayer l’appréciation désormais positive, voire idyllique, qu’il exprime à propos de la « venue à terme du projet ». On n’ose même imaginer pareille « conversion » qui viendrait contredire, en toute incohérence, le précédent vote négatif du 8 mars 2011 de Monsieur Jean-Paul VADOT pour un projet de surcroît identique, ainsi, d’ailleurs, que les diverses déclarations publiques qu’il a faites ces dernières années sur le sujet !
Votre serviteur a trop d’imagination sans doute, et tout cela ne peut être qu’un mauvais rêve ! Il faut dire aussi que la longue nuit du Charmoy est fertile en cauchemars, à commencer par la scène primitive du « vote négatif fondateur » et de son « sens » profond éclairci dans le marc de café en promo par le mage patenté du Charmoy !
Pour effacer les traces de ce mauvais rêve nous avons parcouru le press-book du Charmoy. Voici, pêle-mêle, quelques trouvailles que nous y avons faites :
Le Bien Public du 8 avril 2009 : « La communauté de communes se sent trahie »
« […] Ce que les élus regrettent, c’est d’avoir été mis devant le fait accompli [ N.D.L.R. Chantecler : la maîtrise foncière de la zone déjà acquise par le promoteur], alors que des compromis de vente [ N.D.L.R.Chantecler : il s’agit des compromis entre des propriétaires fonciers privés et le promoteur, grandement secondé dans cette tâche par le maire d’Auxonne comme en témoigne une lettre qu’il adressa au maire et que celui-ci publia dans Inf’Auxonne N° 25] étaient déjà signés. « Le maire d’Auxonne a joué la carte de sa ville comme s’il était tout seul », clame Jean-Paul Vadot » […] « On se bat pour maintenir les commerces de proximité dans les communes rurales, on redoute que ce projet de centre commercial les mette encore plus à mal. Une concurrence va jouer, mais le risque d’aboutir à un monopole est grand », lance Jean-Paul Vadot ajoutant que « pour assurer le développement économique de la zone, il faut d’abord développer l’activité artisanale et industrielle pour générer des emplois, on ne commence pas par une activité commerciale ! » »
Le Bien Public du 10 mars 2011 : « Leclerc à Auxonne : c’est fini ? » :
« Joint par téléphone Jean-Paul Vadot a rappelé que ce projet « n’avait jamais été concerté, alors que la Communauté de Communes a une compétence économique obligatoire. Nous avons été tenus à l’écart. Ce projet est excentré et il n’obéit pas à une logique d’aménagement du territoire qui doit favoriser la proximité des services et des commerces. À Auxonne il y a déjà deux supermarchés, un discount et bientôt un lidl. » Sur la forme, il retient que la réunion de la Communauté [ N.D.L.R. Chantecler : celle du 7 mars], provoquée, s’est faite dans des conditions particulières [ N.D.L.R. Chantecler : Jean-Paul Vadot semble affectionner les euphémismes]: « On a subi la pression des associations de consommateurs. On est continuellement mis sous pression. »
Le Bien Public du 13 mars 2011 : « Priorité aux Commerces locaux » :
[ N.D.L.R. Chantecler : Question Le Bien Public] « Quelle est votre position sur l’implantation de l’hypermarché Leclerc ? »
[ N.D.L.R. Chantecler : réponse de Jean-Paul Vadot] « Les commerces de proximité participent pleinement à la vie sociale et à l’animation de la ville. La création d’un port a vocation à développer le tourisme et créer une nouvelle activité commerciale à son opposé n’est pas cohérent (…) »
À relire tout cela, on se prendrait presque à rêver que Monsieur Jean-Paul VADOT, recouvrant la mémoire, réitère, le 16 décembre prochain, son vote négatif du 7 mars 2011. Après tout, ce n’est peut-être pas un rêve et si c’en est un, ce n’est assurément pas un mauvais rêve, sauf peut-être pour Monsieur Raoul Langlois…En parlant de mauvais rêve, il ne faudrait surtout pas que les prochaines nuits de nos chers élus soit troublées par d’affreux hyper-cauchemars « à dominante alimentaire » !!!
Auxonne, le 12 Décembre 2014 (J+2186 après le vote négatif fondateur)