CHARMOY-CITY : 50 ANS AVANT LE ¨PROJET DE REVITALISATION DOUCE, UN PROJET DE RÉNOVATION DURE (3) - du 14 mars 2018 (J+3374 après le vote négatif fondateur)
Rappelons, en préalable, que cette chronique nous a été inspirée par un passage du discours de notre premier édile, du 27 février dernier, sur la revitalisation. Ce passage, nous pouvons aujourd’hui en restituer fidèlement la teneur après la publication du discours, intervenue le 9 courant sur la page facebook du groupe Auxonne passionnément 21 :
« Les années 50-60, dois-je le rappeler, étaient les années où le centre ville devait être démoli pour laisser la place aux HLM. Le projet a été engagé aux Ursulines, en bord de Saône, ce qui explique la présence des HLM. Une maquette existe dans nos réserves pour montrer le devenir HLM de notre Ville. La résistance de quelques Auxonnais a permis de limiter le désastre. »
CHARMOY-CITY : LE GRAND OUBLIÉ DU 27 FÉVRIER - du 12 mars 2018
Poursuivons à présent notre chronique. Dans le précédent épisode, nous avions vu qu’au cours du premier semestre 1966, le conseil municipal de la ville d’Auxonne avait scellé le sort de l’Arsenal : le 1er mars 1966, en décidant du choix du démolisseur, le 2 juin 1966, en votant à l’unanimité la décision de démolir le plus rapidement possible.
Nous conclurons aujourd’hui, par un dernier épisode, notre bref aperçu historique du projet de rénovation dure des années 60
Le 1er mars 1966 le conseil municipal de la ville d’Auxonne choisissait donc le démolisseur de l’Arsenal, et le 2 juin 1966, il votait à l’unanimité la décision de démolir le plus rapidement possible.
Entre temps, le premier acte de la Défense de l’Arsenal s’était joué le 17 mars 1966 Ce 17 mars 1966, sous les voûtes de la Bibliothèque municipale de Dijon, le Directeur Pierre Gras présente à Pierre Camp, professeur de philosophie au Lycée d’Auxonne, le numéro du Bien public de la veille. L’éminent historien d’Auxonne y découvre ce titre : « Construit en 1674 l’Arsenal d’Auxonne va disparaître en 1966 ».
L’après-midi même, Pierre Camp alerte d’urgence le Ministre André Malraux par télégramme, et lui envoie dans le même temps une longue lettre, plaidoyer pour l’Arsenal.
Commence alors une bataille médiatique dans la presse locale et nationale.
Le 4 mai 1966, Lucien Boitouzet, auteur et journaliste bourguignon, titre dans Le Figaro : « L’arsenal d’Auxonne construit par Vauban doit être sauvé de la démolition ».
Le même jour, Les Dépêches, dans la rubrique des « Potins du Jacquemart » relatent l’article de Boitouzet sous le titre « Au secours de l’arsenal d’Auxonne ». Dans cette même rubrique est encore évoqué en parallèle « le triste destin des halles de Vitteaux », y figure aussi un petit texte de jeunesse de votre serviteur dont nous reparlerons plus loin.
Le 6 mai, sous le titre « Controverse sur l’avenir de l’Arsenal d’Auxonne » Le Bien public ouvre ses colonnes à la polémique en reproduisant divers passages de l’article de Lucien Boitouzet. Le 13 mai suivant, dans le même quotidien et sous le même titre, le maire d’Auxonne, Jean Hugon, répond à Lucien Boitouzet : « la démolition de cet ancien arsenal [...] conditionne le démarrage de la rénovation urbaine, c’est-à-dire l’avenir d’Auxonne ».
Sous le même titre, dans un petit texte déjà publié dans Les Dépêches du 4 mai, votre serviteur soutient, quant à lui, que dans l’hypothèse de cette rénovation, « notre ville, perdant tout intérêt, se rangera aux côtés de ces cités sans âme, sans passé, sans chaleur, où le béton remplace la pierre, où le mot de ville a perdu tout sens, car une ville est un tout harmonieux fait de présent et de souvenirs ».
CHARMOY-CITY : PROJETS D’HIER ET D’AUJOURD’HUI - du 1er Juin 2017
Le 27 mai, enfin, paraît dans Le Bien public le grand article de Pierre Camp « L’Arsenal d’Auxonne témoin d’un glorieux passé doit être conservé ».
Sur fond de polémique médiatique entre la municipalité et les défenseurs de l’Arsenal vient de s’ouvrir une période de sursis et d’attente.
Un an plus tard, le doute plane encore sur le sort de l’Arsenal. À preuve, Le Progrès du 20 juillet 1967 titrait dans sa rubrique « Côte d’Or actualités » : « En dépit de la démarche pressante d’un ministre les jours de l’Arsenal d’Auxonne semblent comptés ».
Le 13 novembre 1967, enfin, la Commission Supérieure des Monuments Historiques donne « un avis favorable à l’inscription sur l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques de l’ensemble des bâtiments constituant l’Arsenal ainsi que du sol de la cour ».
Pour finir, l’Arsenal sera définitivement protégé par l’arrêté d’inscription du 8 mars 1968.
Comme quoi, un maire, quelles que soient ses qualités de gestionnaire, ne peut s’ériger arbitrairement en visionnaire autiste relativement aux décisions engageant à long terme l’avenir de sa ville.
En 1966, l’un d’eux voulut démolir l’Arsenal sous couvert d’urbanisme de pointe et par bonheur, on l’y fit renoncer !
En 2008, sous couvert de lutte contre l’évasion commerciale et d’offre d’emploi, un autre travailla plus discrètement à la venue d’un hypermarché au Charmoy, et, en bon Picard qu’il se déclare, il finit par y parvenir !
Le premier voulait rénover radicalement son centre-ville par une semi démolition-reconstruction. On l’en empêcha et, avec le temps, il finit par se ranger à l’avis de ses opposants.
Le second condamne aujourd’hui le projet que le premier avait conçu. Qu’il considère donc d’abord objectivement celui d’une grande enseigne qu’il porta naguère avec « discrétion » et obstination.
En dépit de la décision de revitalisation tardive qu’il vante aujourd’hui, ce n’est certainement pas en ayant greffé préalablement un pôle commercial périphérique à 2 km du centre-ville qu’il y relancera l’activité commerciale, comme il en a fait pourtant, en octobre 2015, le pari !
CHARMOY-CITY : LA REVITALISATION SANS FARD - du 02 mars 2018
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 14 mars 2018 (J+3374 après le vote négatif fondateur)
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