PHILIBERT BESSON, LE CANDIDAT QUI NOUS AURA MANQUÉ ! - du 02 avril 2014 (J+1932 après le vote négatif fondateur)
Parcourant hier la toile, j’ai été heureux d’y découvrir qu’une nouvelle « Grosse torpille » y était née. Rien à voir avec l’ancienne, à preuve, j’ai eu la bonne surprise d’y découvrir mon blog en lien. Cela ne plaît pourtant pas à tout le monde et semble provoquer la colère du fiston vindicatif d’un candidat malchanceux ! Selon ses propos « je raserais les murs quand je le croise en ville ». On aura tout vu ! Je rasais sans doute aussi les murs dans les réunions du Papa et de Monsieur Sauvadet !
Laissons passer ces queues d’orage ! Et répondons pédagogiquement. Un candidat a le droit d’être original. Le jeune Lanaud devenu depuis Lanaud du Gray, Auxonnais d’origine qui fréquenta les bancs de ma classe au siècle dernier, aura réussi honorablement cet exercice ! Avouons cependant que ce talent n’est pas donné à tout le monde !
Nous aurons la décence de ne pas remuer le couteau dans la plaie, préférant, de loin, célébrer la mémoire d’un farfelu politique qui ne manqua pas, lui, de courage, allant même jusqu’à payer de sa vie son franc-parler devenu depuis légendaire.
J’ai nommé Philibert Besson (1898-1941), maire de Vorey-sur-Arzon en 1929 et député de Haute-Loire en 1932. Indépendant de tous les partis politiques de l’époque, utopiste européaniste avant l’heure, il irrite par ses manières et son franc-parler. Lors d’un de ses meetings à Saint-Étienne le 3 mars 1935, la police coupe les fils de ses hauts parleurs, il en faut plus pour clouer le bec à Philibert, il grimpe sur le pylône de fer de la grande horloge de la Place Chavanelle et, dominant de 12 mètres une foule de 20000 personnes, il poursuit son discours.
Les ennuis ne tardent pas à arriver, impliqué dans une affaire, il perd son immunité parlementaire et dans une série de péripéties rocambolesques, dont une traversée de la Loire à la nage, il se réfugie dans sa circonscription du Velay, soutenu par les paysans. Finalement acquitté, il reprend le combat politique et est battu à Saint-Étienne par Antoine Pinay ! Mobilisé en 1939 dans une guerre qu’il avait prédit avec lucidité, il est arrêté pour propos défaitistes : « Nos armées ne peuvent vaincre, elles sont quasiment trahies ». À la différence d’Antoine Pinay qui devait dérouler une très longue carrière politique, il meurt à 43 ans le 17 mars 1941, affamé et tabassé par ses brutes de gardiens !
L’originalité, quand elle se double d’un vrai courage, est toujours sympathique et j’ai eu plaisir à faire revivre pour vous la belle figure de Philibert Besson, le candidat original qui nous aura manqué !
Détail touchant, le nom de Philibert Besson a été immortalisé dans la célèbre chanson de Georgius « Au Lycée Papillon ». Il méritait cet hommage cocasse qui vaut bien le Panthéon ! Comme le montre notre illustration du jour, Philibert était une sorte de Professeur Tournesol qui avait par ailleurs une belle carte de visite ! Mais si l’homme fait la carte de visite, ce n’est hélas pas toujours, et nous l’avons vérifié, la carte de visite qui fait l’homme !
« On n’est pas des imbéciles, on a même de l’instruction
Au Lycée Papa, Au Lycée Papa, Au Lycée Papillon ! »
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 02 avril 2014 (J+1932 après le vote négatif fondateur)