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12 septembre 2014 5 12 /09 /septembre /2014 00:00

NOTES DE LECTURE ALIMENTAIRES - du 12 SEPTEMBRE 2014 (J+2095 après le vote négatif fondateur)

  

     Il est souvent fécond de renouveler les perspectives et d’aborder une œuvre ou une question sous un angle inattendu. Ainsi, l’ouvrage Houellebecq économiste (Flammarion) de Bernard Maris, récemment évoqué dans ce blog, offre une clé de lecture originale de « la glu économique » selon Houellebecq. Encouragé par cette tentative, et pour rester dans l’actualité, nous avons tenté une « lecture alimentaire » de l’ouvrage dernièrement paru  de Valérie Trierweiler, intitulé Merci pour ce moment.

     Précisons en préambule, que notre objet d’étude présent est évidemment sans commune mesure avec l’œuvre de Houellebecq. L’ouvrage « tête de gondole » a d’ailleurs suscité tollé et indignations dans le Landerneau de la bien-pensance, et certains libraires « engagés » sont allés jusqu’à s’en interdire la vente : c’est vrai qu’il n’avait pas l’imprimatur ! Il faut cependant rendre justice à son auteure et reconnaître, qu’en marge de ses règlements de compte assez mesquins – qui ne constitueront pas l’objet de notre propos – elle paie tout de même son tribut à la corporation écrivante en avouant son goût des livres en des termes passablement littéraires : « Je reconnaîtrais entre mille l’odeur de la poussière des livres qui ne sont pas sortis des rayonnages depuis des lustres. Elle est là, ma madeleine de Proust, il est là, mon parfum d’enfance » (p. 41).

    C’est par cette remémoration touchante, bien que convenue,  que l’alimentaire fait sa première irruption dans l’ouvrage, sous la forme littéraire  de la célèbre et incontournable « madeleine ». Un peu chochotte, d’ailleurs, cette « madeleine » pour une auteure « qui vient de « Monplais’ » dans la ZUP Nord d’Angers » (p. 110) et se remémore le goûter de son enfance, « casse-croûte de confiture ou de faux Nutella » (p. 107), ou le dîner de sa mère « s’assey[ant] cinq minutes pour avaler trois fois rien directement dans un Tupperware » (p. 108). Qu’elle semble loin des casse-dalle de « Monplais’ »,  la subtile « madeleine de Proust » !

      Il est parfois réellement douloureux de concilier, dans un grand écart, « casse-croûte […] de faux Nutella » et « madeleine de Proust », et nous nous garderons donc bien de plaisanter sur la citation suivante que fait l’auteure d’un ouvrage de Chantal Jaquet, intituléTransclasses ou la non-reproduction : « Quand on monte, il faut savoir rester soi et on a souvent mal aux autres » (p. 227). Pour l’auteure, de son propre aveu, cela ne s’est pas fait sans douleur : « Je l’ai pourtant brisé mon plafond de verre, le jour où j’ai foulé le tapis rouge. Si bien brisé que des milliers d’éclats m’ont tailladée au passage. » (p. 231). En résumé, trop sensible pour arriver ! Valérie, il vous aura manqué la vertu anesthésiante du froid cynisme et une touche de vrai bon ton !  N’est pas Rastignac qui veut ! Pour être Rastignac, il ne s’agit pas d’être « sans dents » (p. 229), il faut au contraire les avoir longues, très longues !

    Mais fermons cette petite parenthèse sincèrement compatissante pour en revenir à nos considérations alimentaires. L’aliment, en tant que matière, est peu présent dans l’ouvrage, il n’y a pas vraiment grand-chose à se mettre sous la dent, même si, par ailleurs, l’alimentation, au sens de rite social, y abonde en termes de « dîners » et de « déjeuners ». Les goûts alimentaires de l’auteure apparaissent simples. Dans le cadre familial, ce sont « des crêpes ou des gaufres » (p. 86) et « la viande de Jean-Jacques [son] boucher favori » (p. 211). Dans le cadre associatif du « Secours populaire », elle termine la journée avec les bénévoles « autour d’un vin rouge-saucisson » avant de dévorer avec son « équipe de l’Élysée », visiblement affamée « un menu camembert chaud-frites-andouille » (p. 282). Nous n’apprendrons rien de plus sur les mets de prédilection de Valérie et de ses proches. Elle ne nous confie même pas une recette !

   Notre quête « alimentaire » se révèle décidément bien peu fructueuse en ce qui concerne les plaisirs de la table ! Reste à parcourir le vaste rayon du commerce alimentaire, par ailleurs largement exploré dans notre blog, ce qui justifie d’ailleurs la présence ici de cette petite étude. Nous avons recherché, au premier chef, les occurrences dans l’ouvrage des rois du commerce alimentaire : « Supermarché » et « hypermarché », rangés tous deux, rappelons-le, selon la norme INSEE, NAF rév. 2, 2008, dans la classe 47.11 des « commerces de détails en magasin non spécialisé à prédominance alimentaire ».

   À propos de « supermarché », nous avons relevé deux occurrences (pp. 39 et 174). Malheureusement, ces occurrences, ne nous apprennent rien sur ce type de commerces et nous n’en dirons pas plus, car le mot « supermarché » s’insère incidemment et de façon anecdotique dans des confidences attristantes ou franchement funèbres. L’ « hypermarché », commerce de détail en magasin non spécialisé à prédominance alimentaire de surface de vente supérieure à 2500 m², est présent lui aussi, mais, cette fois, de façon plus concrète et révélatrice. L’auteure nous y apprend que son ex-compagnon « est capable d’acheter ses chemises et ses chaussures dans les hypermarchés » (p. 185). En revanche, on pourrait être en droit de conclure qu’il ne prise pas le contenu « alimentaire », pourtant essentiel, du caddie standard, puisqu’aux dires de l’auteure : il « ne mange pas mes fraises si elles ne sont pas des « garriguettes », ne goûte pas aux pommes de terre si elles ne proviennent pas de « Noirmoutier » et met directement à la poubelle la viande si elle est sous vide » (p. 184).

   À la lecture de ces indiscrétions, on peut imaginer sans peine le réel plaisir que le compagnon dut prendre à son initiation au discount, relatée par l’auteure en ces termes : « Il met une casquette et des lunettes de soleil et entre avec moi dans ces magasins discount où l’on achète des produits entreposés sur des palettes et dont la date de péremption est proche » (p. 184).

   Après ces travaux pratiques de terrain et ce dur contact avec les réalités plébéiennes, on rejoint heureusement le bon ton et la bonne tradition : « il aime s’occuper du jardin, faire le marché le dimanche et nous faisons ensuite honneur à la viande de Jean-Jacques, mon boucher favori depuis des années. Il l’est d’ailleurs toujours ! » (p. 211). En conclusion : vive les marchés, les vrais, et le petit commerce du coin ! Et merci, Cendrillon, pour ce filet mignon !

       Et le Charmoy, le Charmoy, dans tout cela, où-est-il ? Accros du Charmoy, pardonnez-moi, le Charmoy, comme dirait l’autre, il n’est pas vraiment là, mais l’imagination de Claudi a tenté pour vous de remédier à cette carence…. à prédominance alimentaire bien entendu !

     Il a pensé que dans quelques mois, nous aurions une inauguration et, qui sait, un hôte de marque, repartant, selon la tradition (et le bon ton) chargé d’oignons !

    Aujourd’hui, Valérie clame au rayon des librairies : « Merci pour ce moment », dans quelques mois, les bons « consommoyens» clameront en chœur et la bouche en cœur : « Merci pour ce monument ». Le promoteur glissera au porteur : « Merci encore pour la discrétion ! ». Et là-bas, tout en bas le Centre-bourg, désert sous ses cheminées branlantes ajoutera : « Et merci pour la désertification ! »

      À propos d’oignons, le lecteur curieux pourra relire avec profit notre précédent article  

UN HÉRITAGE AUX P’TITS OIGNONS  – du 6 août 2012

 

Merci pour ce monument

 C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 12 septembre 2014  (J+2095 après le vote négatif fondateur)

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Publié par Cl.S., Auxonnais - dans Recension