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9 septembre 2014 2 09 /09 /septembre /2014 00:00

ÉCONOMIE ET LITTÉRATURE - du 09 SEPTEMBRE 2014 (J+2092 après le vote négatif fondateur)

   « Les bonnes lectures étant constamment rares à Auxonne, ne manquez pas,  très prochainement, nos « notes de lecture  alimentaires » de l’ouvrage-évènement de Valérie Trierweiler ! »

    C’est sur cette note alléchante que nous concluions notre dernier article. Patience ! Nous travaillons, Claudi et moi-même à nos « notes de lecture  alimentaires », leur parution n’est pas encore pour aujourd’hui, mais elle est imminente ! Elle remédiera à la carence constante de bonnes lectures à Auxonne. Il est vrai que même nos édiles ne donnent pas l’exemple en la matière, majorité comme opposition d’ailleurs ! Si vous en doutez, allez voir vous-mêmes sur les  « réseaux sociaux ».  Là, que trouverez-vous ?

  Vous trouverez tantôt des clins d’œil nostalgiques et mouillés à une Picardie en cartes-postales (Chantecler a découvert une autre Somme : de vrais paysans picards devant le Leclerc de Salouël http://france3-regions.francetvinfo.fr/picardie/2013/02/16/action-coup-de-poing-des-agriculteurs-au-leclerc-de-salouel-201171.html), et tantôt – après l’épisode printanier : « cheminées branlantes et  crottes de chien » – la litanie déprimante des misères recensées dans nos « salles communes », inventaire dont la précision circonstanciée pourrait faire pâlir d’envie un adjudant de casernement chevronné.

    Mais rassurez-vous cependant, cher(e)s lecteurs/trices, personne ne parle en détail, que ce soit d’ailleurs en bien ou en mal, du bétonnage irréversible qui s’accomplit sur les champs du Charmoy ; ou alors, si l’on en parle, ce doit être à voix basse et à mots couverts ! Vous comprendrez bien que nos élus  ne peuvent toucher aux dogmes de la croissance et de la concurrence ! Tu écrivais, Édouard, il y a 40 ans : « […] Le cycle infernal « Consommer pour produire, produire pour occuper les hommes » semblait engagé pour l’éternité. […] » [Le Soleil de l’Ouest N°2  de Mai 1973]. Mon pauvre Édouard, ça dure encore ! Et si ça ne croît plus vraiment, ça ne fait qu’embellir !

      Édouard, vraiment, tu nous auras manqué, toi qui n’avais pas de ces timidités et de ces « discrétions », toi qui en avais, et qui n’avais pas ta plume dans ta poche pour  stigmatiser en ces termes le maire bétonneur de Brest « il ne peut tricher avec le soleil, ni donc avec la vie et ses allées macadamisées et ses tristes zones de jeux gravillonnés sont bien incapables de photosynthèse… » [Le Soleil de l’Ouest N°2  de Mai 1973]

   Mais quittons ce Cher Édouard pour en  venir enfin à notre sujet d’aujourd’hui : « Économie et littérature ». Notre intention n’est pas, comme d’aucuns pourraient le penser à la lecture du titre, de traiter aujourd’hui de la vente des livres en grande surface ni même sur Amazon, et c’est bien plutôt la sortie récente en librairie d’un ouvrage original, analysant l’œuvre d’un écrivain contemporain célèbre au prisme de l’économie, qui nous a inspiré cet article. Sortons donc, pour une fois, en cette rentrée littéraire, des sentiers battus, et depuis peu macadamisés, du Charmoy !

      Dans un ouvrage intitulé Houellebecq économiste (Flammarion), Bernard Maris, économiste agrégé, Conseiller Général de la Banque de France et journaliste très médiatique nous promet un décryptage de « la glu économique » selon Houellebecq, en ces termes :

   « De même que, lisant Kafka, vous comprenez que votre monde est une prison et, lisant Orwell, que la nourriture que l’on y sert est un mensonge, lisant cet aspect économique de Houellebecq que je vais vous dévoiler, vous saurez – mais ne le savez-vous pas au fond ? – que la glu qui freine vos pas, vous amollit, vous empêche de bouger et vous rend si triste et si tristement minable, est de nature économique ». […] « La Possibilité d’une île, par exemple, offre cette épouvantable vision malthusienne d’un monde dévasté, post-capitaliste, où seule une minorité de nantis a le droit de survivre dans la Fin de l’histoire… »

       Prometteur ! Mais je dois vous avouer toutefois que si, comme tout le monde, je connais les titres de Houellebecq, je n’ai jamais pénétré très avant dans son œuvre, pas plus d’ailleurs que dans une école de commerce !

     Pour autant, le concept de « glu économique » me parle, comme il parle aussi à beaucoup de gens en ces temps où l’encens des politiques et la fumée des holocaustes en tous genres monte du grand temple de l’Économie néo-libérale qu’est devenu notre monde ! Et par les temps qui courent, il se pourrait même que France la douce soit en passe de devenir la fille-modèle de cette nouvelle église ! Le look Merkel a sans doute tapé dans l’œil de notre Président !

    Mais nous voilà bien loin du Charmoy me direz vous ! Car je n’ignore pas toutefois, que même si j’en ai peu, j’ai quand même quelques ouailles et quelques fans ! Et pour ces ouailles et pour ces fans,  le Charmoy et ses héros, c’est leur Derrick attendu et fidèle ! Je sais bien qu’ils/elles ne me pardonneraient pas de m’écarter trop du format habituel !

    Alors revenons au format, restreignons notre point de vue et notre champ de vision, et pensons maintenant « Charmoy et littérature », le Charmoy, après tout, c’est de l’économie, il y a des « picaillons » dans l’air ! Et la littérature, me direz-vous, où se trouve-t-elle ? Vous êtes tout simplement en train de la lire ! À l’heure où des auteurs auxonnais publient des livres aux titres fracassants, pourquoi craindrions-nous de qualifier ainsi notre modeste ouvrage ? Le simple fait qu’il ne dorme pas sur le rayon d’une librairie ou encore d’une bibliothèque sans bibliothécaire, ne suffit pas à lui interdire le nom de littérature !

     Et si je dois être un jour imprimé, que l’édition de tête soit sur papier maïs, en mémoire des verts maïs du Charmoy !   

« Que sont les verts maïs devenus ? Si tu pouvais voir Édouard, mon pauvre Édouard, toi qui vitupérait les « allées macadamisées et [les] tristes zones de jeux gravillonnés » du maire de Brest.  Édouard, mon pauvre Édouard, si tu pouvais voir les méfaits qu’on commet sous ton nom ! »

     Mais trêve de plaisanterie, d’ailleurs si mon propos est plaisant, ce n’est pas pour autant que je plaisante, écrire est un travail, un travail qui n’est pas sans danger, l’histoire de la littérature le démontre : s’il est peut-être « économiste », Houellebecq est plus sûrement dépressif. À l’heure où l’on parle tant d’Ukraine et de Russie, le nom de Nicolas Gogol nous revient. La lecture de son œuvre est plaisante et même  réjouissante par la peinture incisive, et surréaliste avant l’heure, qu’il donne de la société russe de son temps. Souvenons-nous quand même que ce cher Nicolas devait engloutir sa vie et sa santé dans sa dernière œuvre Les âmes mortes qu’il laissa inachevée,  finissant même par brûler le manuscrit de la partie finale !

     Et pourtant quel tableau que la première partie de ces Âmes mortes qui nous est seule authentiquement parvenue ! Tchitchikof, anti-héros obscur, sillonne dans sa troïka  une contrée rurale à la rencontre des propriétaires terriens pour y traiter…. de discrètes affaires. Chaque rencontre, chaque négociation, offre  à Gogol l’occasion de brosser une série de portraits triviaux ou tragi-comiques, révélateurs de la société malade de la province russe de l’époque. Mais me direz-vous : « Où nous mènes-tu en troïka Chantecler et quel rapport avec notre Charmoy ? ». À vrai dire, je ne sais pas bien et je ne vous répondrai pas, mais je suis bien sûr que ce rapport, vous serez assez grand(e)s pour le trouver vous-mêmes !

  Comme dirait l’autre, c’ Chantecler d’quouai don qui nous cause teûjo c’beuzenô-lai aiveû son Chairmouay ? Ce Chantecler, décidément, on va finir par croire que c’est un vrai gogol !

Troïka au Charmoy

 C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 09 septembre 2014  (J+2092 après le vote négatif fondateur)

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Publié par Cl.S., Auxonnais - dans Recension