LICHTENBERG AU CONSEIL - du 21 août 2013 (J+1708 après le vote négatif fondateur)
Récemment, un officier de sapeurs-pompiers nous interrogeait, songeur et dubitatif, sur le règlement d’incendie de Lichtenberg que nous avions publié dans « Stratégies épistolaires (N°4) » après l’avoir découvert lors de nos recherches sur Clausewitz, et selon lequel :
« Quand une maison brûle il faut avant tout chercher à protéger le mur de droite de la maison de gauche et le mur de gauche de la maison de droite ; car si l’on voulait par exemple protéger le mur de gauche de la maison de gauche, le mur de droite de la maison se trouverait à droite du mur de gauche, et comme le feu est à droite de ce mur-là et du mur de droite (car nous avons supposé que la maison est située à gauche de l’incendie) le mur de droite sera plus près du feu que celui de gauche et le mur de droite de la maison pourrait être détruit par le feu s’il n’était protégé avant que le feu atteigne le mur de gauche, qui est protégé ; par conséquent quelque chose de non protégé pourrait être détruit, et détruit plus vite qu’autre chose, même si on ne le protégeait pas ; par conséquent il faut abandonner cela et protéger ceci. Pour se représenter la chose, notons encore : si la maison est à droite de l’incendie, c’est le mur de gauche, si la maison est à gauche, c’est le mur de droite ».
[Texte de Georg Christoph Lichtenberg (1742-1799), humoriste allemand auteur du fameux « couteau sans lame, auquel manque le manche N.D.L.R.]
Il est vrai, lui répondis-je, que certains textes méritent une attention soutenue pour être compris. Par bonheur, dans la plupart des cas, un croquis facilite grandement la tâche.
Pour en faire la preuve, Claudi Hoffnung a réalisé, à l’intention de notre soldat du feu, un petit schéma explicatif qui nous a paru presque aussi éclairant que les lueurs de l’incendie :
Ces digressions paraîtront inutiles voir ridicules à certains. Que nenni ! Un retour rapide et nécessaire vers la zone du Charmoy va nous montrer que les projets relatifs à ce territoire ont inspiré une « littérature » en regard de laquelle les fantaisies de Lichtenberg feront figure d’évidences limpides.
A preuve certains extraits qui suivent du compte rendu du très important et très charmoisien Conseil municipal du 17 décembre 2008, lors duquel il fut répondu NON, à une majorité unanime et comme un seul homme, à la question suivante : « Etes-vous favorable à l’implantation d’une grande surface supérieure à 1000 m2 à dominante alimentaire sur la zone du Charmoy ? » (procès-verbal page 25)
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La lecture attentive du même compte rendu révèle, que lors du débat, on avait d’abord pris soin d’envisager les suites à donner selon qu’il serait répondu positivement ou négativement à la question de l’opportunité de l’installation d’une grande surface au Charmoy. Et à ce propos, on avait précisément écrit :
« Monsieur le Maire répond [à propos de questions sur l’intitulé de l’enseigne pressentie] que le débat concerne le principe d’implantation et si la réponse est négative, il n’y a pas lieu de dévoiler telle ou telle chose. Si la réponse est non, le dossier est terminé. Si la réponse est oui, il y aura discussion à la communauté de communes où la Ville d’Auxonne ne représente pas la majorité. Dans cette perspective, des discussions seront entamées avec l’éventualité de mettre en place des contraintes qui viseraient à limiter la vente de certains produits » ( bas de la page 22)
« M. le Maire rappelle que le vote est consultatif et sera fait à bulletins secrets pour que certains puissent s’exprimer. Si le vote est négatif, il sera transmis à la Communauté de communes et s’il est favorable, il y aura une implantation en concertation avec les commerçants et les représentants des consommateurs ». ( bas de la page 24)
Nous avons tenté de faire la synthèse de ces paragraphes successifs du même compte rendu, relatifs tous deux au même sujet : les suites possibles à donner au projet de grande surface au Charmoy en fonction du choix exprimé par le vote.
Et voilà le résultat obtenu :
Si la réponse est non, le dossier est terminé. Si la réponse est oui, il y aura discussion à la communauté de communes où la Ville d’Auxonne ne représente pas la majorité. Si le vote est négatif, il sera transmis à la Communauté de communes et s’il est favorable, il y aura une implantation en concertation avec les commerçants et les représentants des consommateurs.
Dans Inf’Auxonne N° 25 de mai 2009, on devait pourtant lire quelques mois plus tard : « Lors du Conseil municipal du 17 décembre 2008, un débat a eu lieu en toute transparence » (p. 2, 1ère colonne)
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Transparent ! Tu parles ! En tout cas plutôt abscons dans la façon d’envisager la suite !
Chantecler : « S’il-te-plaît, Claudi, dessine-moi un débat du vote sur le Charmoy ! »
Claudi : « Niet ! Primo, y’a pas l’feu ! Secundo, si je trouve marrant d’illustrer ce fou de Lichtenberg, j’ai pas de temps à perdre pour débrouiller du mauvais Lichtenberg qui s’ignore ! Lichtenberg, lui, il invente le « couteau sans lame, auquel manque le manche », mais là, tu piges, c’est un vrai concours de tir au « fusil à tirer dans les coins » ! »
Chantecler : « Fusil à tirer dans les coins ? »
Claudi : « Oui, j’vais pas t’faire un dessin : un fusil à tirer dans les coins, tu sais bien, c’est tordu ! Sois pas naïf Chantecler !»
Chantecler : « C’est tordu et alors ?»
Claudi : « La cible n’est simplement pas là où on pense ! Evident ! Etudie un peu les suites « réelles » du vote ! Facile, on les connaît, c’est déjà de l’histoire »
Chantecler : « Promis, je vais bosser grave les concepts ! Tu verras, t’en r’viendras pas ! On va les étudier scientifiquement et à nouveaux frais, les suites « réelles » du vote comme tu dis ! Même si on n’est pas payés pour nos études d’impact ! On va les peaufiner au prisme de la physique dernier cri ! »
Claudi : « Génial ! C’que tu causes bien Chantecler ! »
Chantecler : «N’attige pas, Claudi, i’faut c’qui faut ! Le fusil à tirer dans les coins c’est ringard ! Place à la modernité ! Place à « l’effet tunnel » et au « chat de Schrödinger » ! J’espère que tu sauras dessiner çà Claudi ! »
Claudi : « Sûr, tu sais que j’kife d’avoir du bon pain sur ma planche ! Mais là, vraiment, tu m’coupes la chique, Chantecler ! Si je comprends bien : après le Charmoy « merdique », tu nous promets le Charmoy « quantique » ! Post tenebras, lux ! J’en reste baba comme deux ronds de flan en promo ! »
A très bientôt, chers lecteurs, pour un examen « quantique » innovateur et décoiffant de la « question du Charmoy » !
C. S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 21 août 2013 (J+1708 après le vote négatif fondateur)