EN FINIR AVEC LA LME 2008 ? – du 14 juin 2012 (J+149 après la CNAC)
A l’aube de la nouvelle législature, en ce temps opportun de débats sans dérobade, Chantecler propose à tous les débatteurs battants ou futurs battus ce thème de réflexion « En finir avec la LME 2008 ? ».
Première piste de réflexion : « La LME 2008, une modernisation d’un autre âge ? »
Cette question nous a été inspirée par un article de l’hebdomadaire « Le Point » qui ne peut être qualifié d’ultra-gauchiste. Nous livrons à l’analyse des débatteurs cette citation qui met en parallèle deux démarches, à travers un demi-siècle de distance :
« Quand de Gaulle, dans les années 60, soutenait Edouard Leclerc, c’était pour la bonne cause : en finir avec les archaïsmes des petits commerçants, apprendre aux PME à travailler différemment, et limiter l’appétit des Nestlé, Coca et autres Procter & Gamble. Aujourd’hui, les petits commerces alimentaires ont disparu, les PME sont fragilisées et les multinationales prospèrent toujours. Aussi, quand Michel-Edouard, le fils, s’allie à Nicolas Sarkozy pour faire la LME [loi sur la modernisation économique de 2008], on se demande à qui profite la loi ».
(« La face cachée des grandes surfaces » dans « Le Point » N°1857 du 18 mars 2010 p. 83)
Les « héritiers » sont-ils en droit de revendiquer la démarche novatrice des « pères » pour pérenniser confortablement une rente de situation ?
Deuxième piste de réflexion : « La LME 2008 est-elle environnement-compatible ? »
Pour alimenter cette deuxième réflexion, nous recourrons à un texte local, tiré du blog de Monsieur Michel Moreau qui s’exprime sur la situation particulière de la ville de Champagnole, détenant, selon l’auteur le record en mètres carrés de grandes surfaces alimentaires par habitants :
« […] la réglementation concernant l'installation des grandes surfaces a été modifiée dans un sens ultralibéral lors du quinquennat de Nicolas S, avec l'aide intellectuelle de Jacques Attali.
Cette dérèglementation, désirée sinon imposée par les grands distributeurs, a des conséquences environnementales, sociales et économiques en contradiction totale avec la communication très à la mode sur le développement durable qui fleurit dans le sillage du Grenelle de l'Environnement […] Il serait intéressant de rappeler [aux commerçants] qui ont contribué à la victoire de Nicolas S en 2007, que ce dernier a agi en faveur des grands trusts de la distribution qui n'ont rien d'éco-philanthropes, et qui ne verseront pas de larmes sur la mort du centre ville de Champagnole et leur disparition ».
(Michel Moreau HYPERS A CHAMPAGNOLE du 6 avril 2012)
Une conclusion possible du débat, pourrait s’articuler en réponse à la question suivante, formulée par Monsieur Michel Moreau :
« Mais une nouvelle majorité, tentée par le changement et plus soucieuse d'ordre et d'équité dans l'organisation du commerce, ne pourrait-elle pas être tentée de revenir sur cette dérèglementation ultra-libérale ? »
(Michel Moreau CHAMPAGNOLE. PAYSANS : 1 - BÉTONNEURS : 0 du 26 mai 2012)
En matière d’équité et de développement durable, la crédibilité des vainqueurs potentiels ne peut, à notre sens, s’affranchir d’une réponse claire à cette question de taille.
Certes dans « infos-Dijon » de ce jour, « Pierre Pribetich [PS] souhaite aussi répondre « aux cris de désespoir » qu’il [a] entendu durant ses rencontres. Mais aussi à des problèmes tels que « la tour Louis XII qui s’effondre à Auxonne. En 5 ans, il [Rémi Delatte] aurait pu faire quelque chose » ».
A la décharge de Rémi Delatte, nous dirons qu’il y a belle lurette que « la tour Louis XII [à vrai dire Louis XI] s’effondre à Auxonne » et que les ans seuls en sont la cause. Plus actuel et plus urgent à creuser nous semble le problème des circonstances et des conséquences prévisibles de l’implantation d’un Hyper LECLERC à Auxonne.
Voilà des siècles que la forteresse érigée par Louis XI pour mater les velléités des habitants d’Auxonne n’est plus qu’un paisible vestige, assez bien conservé d’ailleurs. A présent, déployant au vent les oriflammes de leurs enseignes, d’autres forteresses tutélaires se pressent aux portes de nos villes, qui les vident de leur substance et ne les embellissent pas !
C. S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 14 juin 2012 (J+ 149 après la CNAC)