DEUX BAIGNOIRES POUR NAPOLÉON BONAPARTE (2) - du 1er août 2022 (J+4975 après le vote négatif fondateur)
Chers et nombreux amateurs de plomberie impériale, c’est avec joie, qu’après la bonne réception de notre précédent article sur la baignoire en zinc de Liège, nous tenterons de vous offrir un aperçu original sur la baignoire en cuivre de Sainte-Hélène.
DEUX BAIGNOIRES POUR NAPOLÉON BONAPARTE (1) - du 29 juillet 2022
Les plus « napobranchés » de nos lecteurs auront peut-être déjà eu le plaisir de la découvrir au Musée de l’Armée en 2016 lors de l’exposition « Napoléon à Sainte-Hélène. La conquête de la mémoire » sous l’égide de la « Fondation Napoléon ». Elle y était présentée avec d’autres objets de l’exil.
Mais bien avant et, dès la publication du Mémorial de Sainte-Hélène dans les années 1820, c’est en lisant cet ouvrage, que les fidèles de l’Empereur, avaient pu découvrir l’existence de l’impérial récipient.
Nous nous référerons, dans la suite de cet article, à l’édition illustrée en deux volumes de cet ouvrage (Paris, Bourdin, 1842).
Signalons pour mémoire que nous en avions utilisé la vignette du premier tome pour illustrer un précédent article dans lequel les vrais passionnés de l’Empereur trouveront sans doute encore du grain à moudre….
DES AUXONNAIS RACONTENT LEUR VILLE… ET LEUR VIE- du 29 avril 2022
Donnons à présent la parole aux témoins oculaires de la fameuse baignoire qui accompagnèrent l’Empereur dans son exil sur le sinistre rocher britannique. Et sans prétendre à la qualité d’historien, citons simplement leurs propos en les remerciant rétrospectivement de leurs témoignages écrits et graphiques.
C’est dans le commentaire de la journée du 10 décembre 1815 concernant l’établissement de l’Empereur à Longwood que Las Cases, auteur du Mémorial et secrétaire de l’Empereur, mentionne l’existence de la baignoire en ces termes : « Cette nouvelle demeure se trouvait garnie d’une baignoire que l’amiral [Cockburn] était venu à bout de faire exécuter tant bien que mal par ses charpentiers ». Las Cases ajoute : « L’Empereur qui avait été privé de bains depuis la Malmaison [N.D.L.R. Chantecler : donc depuis fin juin 1815], et pour qui ils étaient devenus une nécessité de la vie, a voulu en prendre un dès l’instant même. »
On notera l’importance de l’accessoire pour l’Empereur qui y passait de longues heures.
De facture assez grossière, avec un rebord simplement battu, cette baignoire était en cuivre (ou alliage de cuivre) intérieurement étamé, comme les casseroles ou marmites d’alors.
Pas plus que cette baignoire rustique qu’il fit exécuter par ses marins charpentiers, l’amiral Cockburn lui-même ne semble avoir laissé l’Empereur indifférent.
Dans le Mémorial, sous la plume de Las Cases, on peut lire à la date du 17 avril 1816 : « …nous dirions avec l’Empereur, qui avait naturellement un faible pour lui, que l’amiral Cokburn est bien loin d’être un méchant homme, qu’il est même susceptible d’élans généreux et délicats, que nous en avons plusieurs fois éprouvé les effets ; mais qu’aussi, par contre, nous l’avons trouvé souvent capricieux, irascible, vain, dominateur, fort habitué à l’autorité, l’exerçant avec rudesse, mettant souvent la force à la place de la dignité. »
Le second tome de l’édition illustrée du Mémorial de Sainte-Hélène (Paris, Bourdin, 1842) comporte, à la suite du Mémorial, un ouvrage intitulé Napoléon dans l’exil dû au médecin britannique O’Meara, médecin et chirurgien de l’Empereur à Sainte-Hélène. Dans cet ouvrage on retrouve L’Empereur au bain et sa baignoire.
C’est dans celle-ci, à la date du 3 décembre 1816, qu’il déclare au médecin à propos du trafic dans le channel « durant la guerre avec l’Angleterre » : « Les contrebandiers traversaient le canal [N.D.L.R. traduction littérale de channel sans doute] dans des bateaux très étroits, grands comme cette baignoire. Il était prodigieux de les voir passer en bravant vos vaisseaux de 74 [N.D.L.R. 74 canons] »
Exécutée par les marins charpentiers d’un amiral britannique, cette baignoire semble frappée au coin de la Marine. Elle fut en quelque sorte le vaisseau qui aida l’Empereur à naviguer, sans quitter la terre, sur la mer hostile de son exil à Sainte-Hélène.
Nous n’avons pas trouvé d’illustration de la baignoire dans l’édition illustrée en deux volumes du Mémorial (Paris, Bourdin, 1842).
Nous tenterons de pallier cette absence dans un prochain épisode.
En attendant, dans son illustration du jour, Claudi met en lumière le promoteur de l’impérial récipient en la personne de l’amiral Cockburn.
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 1er août 2022 (J+4975 après le vote négatif fondateur)
Visions d’histoire