UN MAIRE D’AUXONNE AU SERVICE DE L’EMPEREUR - du 4 août 2022 (J+4978 après le vote négatif fondateur)
Laissons un instant les baignoires de l’Empereur auxquelles nous reviendrons dès la prochaine fois ! Canicule oblige !
DEUX BAIGNOIRES POUR NAPOLÉON BONAPARTE (2) - du 1er août 2022
Notre contribution du jour présentera un caractère inhabituel puisqu’il s’agit d’un hommage à un maire d’Auxonne !
Un maire au passé comme vous l’aurez compris. Dommage ! Car c’est un personnage attachant et passionnant à divers titres, et qui a laissé nombre d’écrits et d’opuscules pleins d’intérêt et de fantaisie et parfois de joyeuse malice, desquels, à l’occasion, nous nous sommes inspirés.
Permettez-nous donc d’inviter dans nos colonnes un autre Claude que votre serviteur, en l’occurrence Claude Pichard (1795-1883), qui accomplit deux mandats de maire durant la Monarchie de Juillet : (1832-1835) et (1843-1848). Son nom est actuellement attaché à une rue de notre bonne ville.
Nous avons lu la plupart des écrits publiés par Claude Pichard. Le style en est attrayant, humain et parfois émouvant, un peu foutraque et non sans une pointe d’humour ! Nous aimons volontiers évoquer ce personnage attachant à divers titres et nous ne nous en sommes jamais privé dans les colonnes du présent blog
En ce qui concerne Napoléon Bonaparte, on doit à Claude Pichard une brochure qu’il publia étant maire : Napoléon Bonaparte à Auxonne, Auxonne, Saunié, 1847. Elle connut une réédition en 1857 chez le même éditeur. Les deux éditions sont consultables en ligne, il suffit de cliquer et d’être un peu patient
https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb311049124
https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb31104913g
La seconde édition de 1857 de l’ouvrage était citée récemment, dans un podcast réalisé par l’association dijonnaise Magna Vox et posté en avril dernier, comme étant « le dernier livre qui parlait de Bonaparte à Auxonne ». À voir…
Laissons de côté pour l’instant les questions de bibliographie relatives au séjour de Bonaparte à Auxonne pour évoquer un instant la biographie de cet ami rétrospectif qui nous est cher : Claude Pichard.
1813, Claude Pichard a 18 ans, orphelin de père très jeune, il vit aux côtés de sa mère au sein d’une famille de commerçants établie dans la rue du Chénois (actuelle rue Carnot).
Après la saignée de 1812, le gouvernement impérial vient de lever un corps de cavalerie de volontaires devant s’équiper à leurs frais : la Garde d’honneur de l’Empereur. L’article 7 du décret du 3 avril 1813 garantit aux gardes d’honneur une promotion rapide, en leur conférant le grade de sous-lieutenant après douze mois de service.
Équipé aux frais de sa famille et peut-être aussi d’autres contributeurs, le jeune Claude s’enrôle dans le prestigieux nouveau corps.
Dans ses écrits, il évoque sa présence à la grande bataille de Leipzig (fin octobre 1813) et la retraite des troupes impériales vaincues par les coalisés vers le Rhin de Mayence.
Sa carrière se poursuit, il prend le grade de sous-lieutenant. Après la deuxième abdication de Napoléon Ier à la suite de Waterloo (18 juin 1815), on retrouve Claude Pichard dans l’armée de Davout repliée au sud de la Loire. Davout se soumet au pouvoir royal le 14 juillet 1815.
Citons Claude Pichard relatant, de son point de vue, la suite de l’affaire soixante ans après les faits : « En 1815, à Poitiers, j’étais sous-lieutenant à l’armée de la Loire. Les jeunes officiers devaient se rendre au quartier-général afin de signer leur option soit pour rentrer dans leurs foyers, soit pour leur admission dans la garde royale. J’avais la vocation de l’art militaire et j’espérais parcourir honorablement la carrière des armes ; les examens que je venais de passer étaient satisfaisants. Le jour fixé, j’allais opter pour la carrière des armes quand, au lieu de suivre directement la rue qui conduisait au quartier-général, je pris machinalement une autre voie. Là je rencontrai le facteur de la poste, qui me remit une lettre de ma mère, me pressant de revenir l’aider dans son commerce. Je ne pouvais hésiter, mais cette simple rencontre changea mon avenir » (Claude Pichard, Mon petit doigt me l’a dit, 2ème série, Auxonne, Charreau, 1876, p. 223)
Qui sait ? Le hasard aurait pu, dans l’autre sens, priver notre bonne ville d’un maire fort sympathique.
On aimerait parfois crier : « Claude Pichard à la barre ! »
Mais un Claude Pichard, par les temps qui courent, ce n’est peut-être pas facile de mettre …la main-dessus !
Claudi a illustré le jeune Claude Pichard et son cheval dans une rue qu’il connaît bien !
Post scriptum : Nous sommes aujourd’hui le 4 août. Une date anniversaire. La nuit du 4 août 1789 voyait en effet l’abolition des privilèges et des droits féodaux. D’aucuns nous reprocheront sans doute notre obsession impériale, mais après tout, écrire à propos de Napoléon Bonaparte à Auxonne n’est, nous semble-t-il, le privilège de personne ! De très nombreux auteurs ne s’en sont pas privé...
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 4 août 2022 (J+4978 après le vote négatif fondateur)
Publié dans Visions d’histoire