LE POIDS DES MOTS (1) - du 01 AOÛT 2015 (J+2418 après le vote négatif fondateur)
Notre série d’article « Le poids des mots » qui comprendra au moins trois articles est déjà préparée à l’heure où paraît l’article triomphaliste du Bien Public d’aujourd’hui 1er août, intitulé « Leclerc : dernière ligne droite avant l’ouverture ». La nouvelle sensationnelle qui fait la joie sans mélange de notre maire et celle, plus ambiguë toutefois, de son « opposant » Monsieur Coiquil, opposant qui ne l’est guère sur ce point comme nous l’avons souligné à maintes reprises, ne rend en rien caduques nos analyses qui viendront abonder le fonds documentaire de la triste histoire de l’« hypermarchandisation » de la France avec la complicité diligente et empressée de nombreux élus.
Passons à présent aux choses sérieuses et entamons notre série.
Dans un précédent article, nous avions mis en lumière et analysé le rôle de facilitateur joué par des maires dans l’implantation des grandes surfaces sur le territoire de leurs communes.
TROIS OASIS ET UN DÉSERT (2) - du 30 JUILLET 2015
Il faut préciser que les élus sont soumis de la part des représentants et démarcheurs de ces promoteurs à une rhétorique conquérante, sinon subtile, du moins particulièrement affûtée. Notre article d’aujourd’hui s’attachera à en donner quelques échantillons.
Une réunion de travail du Conseil municipal s’était ainsi tenue à Auxonne le 23 avril 2009 en présence d’un « représentant de Leclerc ». La presse en témoigne dans un article intitulé « Le projet analysé par une partie de l’opposition. Projet Leclerc : « Où est le débat ? » (Le Bien Public du 7 mai 2009). Dans cet article, « une partie de l’opposition » déclare : « le maire [d’AUXONNE] a organisé le 23 avril, une séance d'information pour l'ensemble des élus, mais elle n'était pas publique. Alors que le maire nous expliquait qu'il avait choisi le projet Leclerc parce qu'il était le plus abouti, il ne nous a pas présenté les autres alternatives et seul le représentant de Leclerc s'est exprimé. »
Nous remercions encore ces quelques conseillers d’opposition pour ce témoignage précieux donnant un court aperçu du style de la réunion dont nous n’avons, par ailleurs, pu trouver aucun compte-rendu officiel ou de presse.
Par bonheur, nos lecteurs pourront tout de même se faire une idée assez précise du style de cette réunion restée ignorée du grand public, car une réunion du même type, sur le même sujet et avec le même « représentant de Leclerc » devait se tenir un an après, presque jour pour jour, à Champagnole le 26 avril 2010, où rappelons-le, un hypermarché, construit sur des terrains destinés initialement à des logements sociaux, a ouvert en avril 2014.
À la différence de la réunion auxonnaise, le compte-rendu de cette réunion champagnolaise est en ligne. Les lecteurs intéressés par le contenu intégral du document original, le trouveront à l’adresse
http://www.champagnole.fr/IMG/pdf/pv100426.pdf
Les propos du « représentant de Leclerc » sont reproduits et partiellement commentés dans notre PDF
Pour les gens pressés, nous présentons ici et à titre d’aperçu, quelques extraits «Verbatim » des déclarations du « représentant de Leclerc » faites à Champagnole le 26 avril 2010. Comme vous pourrez le constater, les considérations géographiques de ces propos s’étendent bien au-delà de Champagnole et jusqu’à Auxonne en particulier.
« Nous avions déjà essayé de nous implanter à CHAMPAGNOLE il y a une quinzaine d'années. L'enseigne LECLERC n'est pas présente dans le Jura pour le moment. On a voulu s'implanter à DOLE et on nous a fait part de problèmes de grenouilles. A POLIGNY, nous n'avons pas pu non plus nous installer. A CHAMPAGNOLE, nous avons fait une étude de marché qui tient compte de l'agrandissement de SUPER U. Malgré cet agrandissement, nous sortirions un chiffre d'affaires prévisionnel de 28 millions d'euros. » [page 2]
« En ce qui concerne CHAMPAGNOLE, nous jouerons sur le "vert" et l'intégration à l'environnement. » [page 3]
« Le magasin qui serait construit à CHAMPAGNOLE respectera toutes les qualités environnementales. » [page 4]
« Pour ce qui concerne les commerces autour de l'hypermarché, la porte est ouverte à tout le monde et en particulier aux commerçants locaux. » [page 4]
« La première fois que j'ai vu le Maire, je lui ai dit que faire un hypermarché LECLERC dans quelque ville que ce soit, si on a le soutien des politiques, c'est partir au feu. Vous allez en entendre de toutes les couleurs. A AUXONNE, le Maire va demander à ses administrés de voter pour ou contre l'implantation d'un LECLERC [N.D.L.R. Consultation décidée lors de la séance du CM du 15/04/10]. » [page 4]
« Je suis prêt à vous recevoir à PUSEY, en Haute-Saône, pour vous faire visiter un hypermarché LECLERC. Il faut également prévoir une extension possible d'ici 10 ou 15 ans. Il y a également 200 m² de galerie marchande et 500 m² pour le centre culturel. Nous sommes obligés de faire une galerie sinon on a une partie inutilisée qui est considérée comme une surface de vente. Si le Maire dit "pas de galerie marchande", je dis "pas d'hyper"ou alors 5000 m². » [page 5]
Convaincant et intéressant…Pas vrai ? Les visites édilitaires à PUSEY, les affiches de la « consultation » imprimées à LURE.
Toutes ces inspirations descendues de Haute-Saône dans notre Capitale du Val de Saône, c’est de la haute politique de l’hypermarché au fil de l’eau ! Compendieusement novateur, interjetterait colorimétriquement certain maestro !
Claudi qui n’est, lui, d’aucune académie, nous donne simplement son avis sur la question…
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 01 août 2015 (J+2418 après le vote négatif fondateur)