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15 février 2014 6 15 /02 /février /2014 00:00

TOISON D’OR - du 15 février 2014 (J+1886 après le vote négatif fondateur)

  

  À titre de bref intermède dans notre  grand cycle du Charmoy, nous voudrions faire partager à nos fidèles lecteurs/trices nos impressions concernant le spectacle « Monstre-moi » présenté hier soir dans notre salle événementielle par la Ville d’Auxonne et Le Turlupin en présence de Monsieur le Maire et Monsieur le Conseiller général. Ce « one women show » très physique et d’une grande intensité dramatique était mis en scène et interprété par Catherine Gourdon qui a tenu son public en haleine une heure durant, mêlant  le tendre et le violent, le pathétique et le trivial.

     « Monstre-moi », c’est un monstre qui se montre, déclinant dans l’outrance toute la palette des passions féminines. « Monstre-moi » c’est la passion de Médée réduite à l’os, démontrée avec une grande économie de moyens et une grande hardiesse dans les artifices de scène. En ouverture, la mère trompée et jalouse est seule sur scène, en grande robe blanche et perruque apprêtée, en proie à l’agitation, ses deux fils, elle va les « pondre » littéralement devant nous, et dans les affres : ce sont deux melons d’Espagne rugbyformes. Contemplant amoureusement son œuvre déposée sur l’unique chaise de la scène, la génitrice fredonne un chant de Noël : « Il est né… ». Ma voisine, une adolescente, laisse alors échapper : « Elle va les couver ! ». Pas trop ! Cette Médée-poule, rageant contre son mari Jason et sa poule Créuse, lève bientôt le masque : bas la perruque, de laquelle surgit l’opulente chevelure en désordre d’une folle ; aux orties, la robe pleine de candeur, la furie se dévoile dans le simple appareil d’une lingerie noire.

     La vengeance est à présent en marche, provocante, impudique, à califourchon sur la chaise : Tartuffe redoute d’entrevoir une toison qui ne serait pas d’or. Mort à Créuse, la putain !  Créuse,  c’est la fille de Créon roi de Corinthe, que Jason a décidé d’épouser, délaissant Médée qui lui a tout sacrifié. L’empoisonnement de Créuse par la tunique magique est habilement transposé dans une scène fumante où l’on voit la flamme dévorer la photo de la pin-up Créuse représentée sur un tract à l’en-tête de la Ville de Corinthe. Un tract, je vous le jure, dont la vue m’a fait penser irrésistiblement à ceux que nous commençons à recevoir depuis quelque temps dans nos boîtes à lettres. Excusez le rapprochement, nos passions électorales auxonnaises n’ont pas encore rejoint les grands mythes et, chez nous, la Toison d’Or, n’est tout au plus qu’un grand centre commercial dont certains rêvent pour le Charmoy et Corinthe une « marque » de raisins.

    Chez Médée, la passion et confusion des sentiments est renforcée par la confusion du langage qui prend des tonalités ibériques. La gestuelle s’accorde avec ces variations et débouche tantôt sur un paso doble irrésistible, tantôt sur une douce berceuse catalane (?) où la furieuse apaisée berce ses deux melons. À propos des melons rugbyformes, les postures de l’actrice promenant ses deux fruits chéris sur son corps peuvent rappeler, version féminine, certaines photos d’un célèbre calendrier. Question de genre ! Mauvais diront certains.

     Le spectacle tire à sa fin et les fistons vont être sacrifiés sur l’autel de la vengeance. Rouge et noir ! Les lumières de la scène rougeoient, les melons explosent en giclant sur la scène, projetés par la démente échevelée en nez rouge et lingerie noire qui les piétine, tiaf ! tiaf !, s’y vautre et pour finir les dévore et les régurgite dans une scène qui évoque irrésistiblement le Saturne dévorant ses enfants de Goya.

     C’est fini, tout est consommé, au propre comme au figuré, Médée retire son nez rouge, redevient humaine et salue l’assistance médusée en annonçant qu’elle va prendre une douche.

  Une clownerie pour le moins tragique et qui aura sans doute été diversement appréciée. À notre sens un spectacle roboratif et délibérément provocant. Toutes mes excuses pour finir : Claudi, toujours dans sa tranchée n’a pas voulu me dessiner une Médée !

 

C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 15 février 2014  (J+1886 après le vote négatif fondateur)

 

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Publié par Cl.S., Auxonnais - dans Culture