Hier c’était dimanche, un dimanche un peu frais, un peu gris, un de ces dimanches qui n’engagent pas trop à mettre le nez dehors. Un de ces dimanches qui vous feraient presque regretter que la galerie marchande du Charmoy ne soit pas encore ouverte, même – et surtout – le dimanche ! A quand « la ville à la campagne » et les Champs-Elysées aux champs ?
Un de ces dimanches d’hiver à vous faire regretter d’être loin des palmiers et des palaces, des jets et des marinas. A propos, 1946 est une année faste car elle vit naître, outre cette grande voyageuse au pas ample et à l’allure dégagée qui pose à présent ses valises diplomatiques, des millions d’autres papy-boomers et… certain trublion !
Une grande dame termine à présent sa mission et peut enfin se reposer. L’écrivain bénévole, lui, n’a pas les moyens de démissionner. Il s’attache à sa tâche…encore « hénaurme » !
Il y a tout un bataillon de « passionnés » à Auxonne. Tout seul dans mon coin, sans soutien, et sans subvention, je m’essaye à être passionnant car les études de marché ont démontré une vraie carence sur le secteur en la matière. Gare à l’évasion des chalands ! Un bon point cependant pour la boutique pimpante de Pierre-Louis qui nous apporte des oranges !
Quant à mon petit commerce, fermé le dimanche, je l’ouvrirai ce lundi par quelques morceaux choisis glanés la veille au coin du feu, quelques amuse-gueule de ce bon Claude Tillier (1801-1844), Clamecycois célèbre, qui, de sa plume inégalable, titilla quelques gros notables louis-philippards nivernais :
« Toute renommée, voyez-vous, a besoin de contradicteurs. La gloire est comme une salade ; pour qu’elle soit bonne il y faut un peu de vinaigre. »
« Le pamphlet ne peut prendre de sujets là où il n’y en n’a point. Je suis comme le lièvre qui reste à la même place tant qu’il y a du serpolet à brouter, et qui émigre aussitôt qu’il n’y en a plus. »
« …chacun a droit, selon ses œuvres, aux coups de chapeau que décerne la cité. Le pamphlet a donc raison de rappeler à l’ordre celui qui y prend une trop grosse part ; et d’ailleurs, n’est-ce pas une bonne œuvre, et une œuvre d’autant meilleure qu’elle ne coûte rien à personne ? »
Voilà, le temps de lever mon rideau de fer, et je retourne à mon étalage.
J’étais écrivain bénévole et je me sens devenir commerçant improvisé, comme Papa, qu’enfant, je voyais en tablier bleu, le crayon sur l’oreille. Je dois avouer qu’il me revient maintenant qu’il admirait certain épicier de Landerneau. C’était dans les années 50, nous sortions à peine des tickets de rationnement et ce qui était une expérience novatrice n’était pas encore devenu un empire tutélaire.
Oui, Small is beautiful et je n’aime pas les empires. Je redoute l’hyper : hypertension, hyperglycémie…tout ça, ça vous rend malade. Je parie toujours David contre Goliath et si j’évoque « le pot de terre et le pot de fer », c’est en motif d’indignation et non en lâche prétexte de résignation de quidam soucieux d’être toujours du bon côté du manche et d’y ramasser quelques miettes.
Je relis dans Le Bien Public du 2 février dernier l’article de synthèse de Sylvain Clément et j’y trouve « l’ombre du géant auxonnais », un géant égoïste à la manière d’Oscar Wilde ? Et puis cette conclusion un peu bizarre en manière de « Jour d’après » nucléaire : « Il ne manque plus que le rayonnement gagne les villages pour uniformiser le tout ».
A rapprocher du vœu de droit divin exprimé dans un tract récent : « Il veut qu’il en soit ainsi pour le Canton d’Auxonne, NOTRE Canton » ?
Non, merci.
A rapprocher plus plaisamment sans doute d’un passage de l’Acte II, Scène 3 de « Chantecler » d’Edmond Rostand auquel notre plumitif ne pensait sans doute pas :
CHANTECLER
Cocorico !
LA FAISANE
Ah ! Sur une pente engourdie
Glisse un premier rayon ...
CHANTECLER
Tiens ! Je te le dédie !
LA FAISANE
Les villages lointains commencent à se voir !
CHANTECLER
Coc..
Sa voix se brise
LA FAISANE
Vous n’en pouvez plus !
CHANTECLER
Si ! Je veux en pouvoir !
C. S. Rédacteur de Chantecler,
à Auxonne le 28 février 2011