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13 juin 2013 4 13 /06 /juin /2013 00:00

 

LE NOUVELLISTE  ET LA  RÉVOLUTION - du  13 juin 2013 (J+178 après le PREMIER dépôt)

   Notre précédente étude iconographique sur les organes de presse municipaux, miroirs hauts en couleurs de la vraie vie de la France profonde, nous avait conduit à Champagnole pour une étude comparative « hyper-ciblée » Auxonne/Champagnole. Etude en miroir, assez peu sérieuse, avouons-le, d’un objet qui de son côté n’épargne pas la complaisance facile. Pour répondre à cette complaisance il manquait sans doute à notre conclusion un petit air de Castafiore : « Je ris de me voir si belle… »

    Aujourd’hui, plus sérieusement, nous plongerons dans les austères colonnes de la presse du 19ème siècle. Un heureux hasard de brocante nous a récemment permis d’acquérir quelques précieux numéros du Nouvelliste de la Haute-Saône, journal imprimé à Vesoul, charmante cité qui a déjà retenu notre attention à plus d’un titre.  Le rédacteur du Nouvelliste, Armand Mariotte,  se dépeint lui-même comme « conservateur, libéral et indépendant ».

 Le Nouvelliste uneSamedi 5 décembre 1891. La IIIème république est encore jeune et pleine d’avenir, Sadi Carnot en est le président modéré, mais on est en plein scandale de Panama et la crise anarchiste se développe.

   S’il est longuement parlé du problème de Panama en page 3du Nouvelliste, la page 2 est consacrée à la chronique locale haut-saônoise. Dans ce fatras de faits divers et de micro-évènements, une « tribune publique » a retenu notre attention. Un  « Voyageur écoeuré », comme il se qualifie lui-même dépeint en termes indignés les « sauvageons » qui empoisonnent la vie des paisibles voyageurs au départ de la gare de Vesoul. A la lecture de son papier, on imagine un rentier collet-monté et bien-pensant soucieux d’ordre moral et de profits boursiers.

Le Nouvelliste article

Le ton de la protestation est quelque peu désuet mais un propos au moins n’a pas vieilli dans cette litanie indignée, la mise en accusation des maîtres qui ont toujours bon dos : « il serait curieux de savoir quels maîtres apprennent à leurs élèves une telle tenue, une telle politesse, de telles conversations, de telles chansons ». Cette chanson des maîtres boucs émissaires est toujours d’actualité et les « Voyageurs écoeurés » sont sans doute encore légion.

    Un espoir cependant vient de naître pour eux, et cet espoir est de taille ! Hyper-espoir ! Une chaîne majeure de la grande distribution, très bien représentée à Vesoul et dont un nouveau maillon est prévu depuis plus d’un lustre à Auxonne, porte un nom bien connu des consommateurs.   Aux dernières nouvelles (voir notre article « Un ministre au Charmoy »), ce nom, plébiscité par le populaire, pourrait être bientôt aussi celui d’un potentiel Ministre de l’Education nationale « n’hésitant pas à sacrifier [sa] carrière à la vie publique » et à « mettre à profit [son] expérience dans un secteur comme l’Education nationale, qui vit encore à l’ancienne alors que la révolution Internet a radicalement modifié les modes d’accès aux savoirs ». On peut imaginer que les « polissons », une fois connectés pour de bon sur le net feront enfin silence, tout absorbés qu’ils seront par leur navigation studieuse et féconde sur la grande mer du savoir universel, à coup sûr loin des écueils de « la pornographie et de la voyoucratie ». Finie pour toujours, alors, la dissipation « à l’ancienne » ! Et si par hasard ses  « oreilles tint[ent] encore à la gare de Noidans », notre «Voyageur écoeuré »ne peut plus qu’incriminer ses acouphènes. C’est décidé, au diable l’avarice, vivons enfin avec notre temps ! Il va faire l’emplette d’un baladeur ; pour lutter contre cet infernal concert intérieur, rien de mieux qu’un bon morceau de rap. Sa belle-sœur qui travaille à la Préfecture lui fera sa commande sur le net, la prochaine fois il prendra sa voiture, s’arrêtera au Drive de Noidans où l’opérateur déposera le baladeur et les CD providentiels directement dans son coffre. Alors, finis les tintements ! Moralité : Vive la révolution ! La révolution Internet, bien entendu

C. S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 13  juin  2013  (J+178 après le PREMIER dépôt)

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Publié par Cl.S., Auxonnais - dans Revue de presse