LE CHARMOY EST-IL DE GAUCHE OU DE DROITE ? – du 25 janvier 2014 (J+1865 après le vote négatif fondateur)
De Pau à Dijon, en France et en Navarrrre, comme disait le bon roy Henri, ce Vert Galant, qui troussait la bergère (sans son casque) avec panache, il paraîtrait que les listes ne manquent pas, dans notre bonne France, qui refusent les « sectarismes » de gauche ou de droite. Serions-nous à l’aube d’une nouvelle Renaissance redécouvrant les vertus de la doctrine cusaine de la « coïncidence des opposés » ? La sagesse populaire et ses expressions savoureuses nous avait déjà par ailleurs fait pressentir le caractère irréaliste du clivage gauche-droite. Lequel d’entre nous n’a jamais entendu ce qualificatif appliqué à tel ou tel : « Cœur à gauche, mais portefeuille à droite ». Ne sent-elle pas son paradoxe, cette synthèse ? À vrai dire, par les temps qui courent, elle le sent de moins en moins !
Le portrait du Che orne le bureau d’un magnat du discount et les slogans de 68 sont recyclés dans sa publicité ! Alors le quidam ne sait plus bien à quel saint se vouer, il ne sait plus bien pour qui, et de quel côté bat son cœur et s’il se palpe la poitrine, c’est qu’il pressent l’infarctus devant tant d’angoissante incertitude ou encore qu’il craint la volatilisation de son portefeuille déjà bien raplaplat ! Ô, moderne désarroi ! À présent, voilà que des socialistes rebaptisés « sociaux-démocrates » à l’allemande « refusent le sectarisme », comme naguère, Monsieur Fillon dans un autre genre ! Alors, pour une certaine « gauche » qui veut ouvrir les largesses du portefeuille national à la droite patronale, de battre, le cœur du brave quidam va s’arrêter !
Au train où vont les choses, Chantecler vient de réaliser qu’il serait bientôt le dernier sectaire à oser se poser cette question apparemment obsolète : « Droite ou gauche ? » Devant la confusion ambiante, et convaincu que le diable est dans les détails, il vient donc de décider de restreindre la question au champ étroit de ses obsessions devenues monomaniaques, et de la reformuler ainsi : « Le Charmoy est-il à gauche ou à droite ? »
Des plaisantins ne manqueront certainement pas de lui répondre que tout est relatif, et que le Charmoy est à droite en sortant d’Auxonne et à gauche en venant de Dole. Des donneurs de leçons, invoquant le sacro-saint intérêt général, et pourquoi pas l’union sacrée, ajouteront sur un ton solennel que la question est saugrenue, indécente et inopportune en ces temps de crise où il faut se serrer les coudes ou la ceinture, ou les deux à la fois, que la poser, même, est scandaleux, car chacun sait que le Charmoy est aux centres, oui, avec un s s’il-vô-plaît, puisque par la diligence de notre maire, il appartient précisément aux Centres LECLERC !
Des politologues et des experts feront enfin remarquer que la question « Le Charmoy est-il à gauche ou à droite ? » n’a plus aucune pertinence dans une ambiance ou les nouveaux sociaux-démocrates « refusent le sectarisme », mais ils ajouteront que la complexité de la saga du Charmoy reste néanmoins un cas d’école qui pourrait fort bien faire l’objet d’une thèse à la pointure de Sciences-Po !
Le cadre temporel de l’étude s’étendrait du 17 décembre 2008, au soir houleux duquel le Conseil municipal d’Auxonne répondit NON à la question : « Êtes vous favorable à l’implantation d’une grande surface supérieure à 1000 m² à dominante alimentaire sur la zone du Charmoy ? », au 23 décembre 2013 qui vit la signature d’un permis de construire pour un hypermarché (commerce de détail non spécialisé à prédominance alimentaire en magasin d'une surface de vente égale ou supérieure à 2500 m²) de 3500 m² sur la même zone du Charmoy. La problématique viserait d’abord à mettre en lumière la synergie public-privé discrètement opérante ainsi que les talents et les compétences hors-pair qui ont été capables d’imaginer et surtout de réaliser, sur le mode cusain, la synthèse opérant la « coïncidence des opposés » en conciliant les solides appétits d’intérêts privés et le sacro-saint intérêt général qui a toujours bon dos ; à l’appui de cette analyse, viendrait ensuite l’inventaire critique et raisonné des outils et des institutions qui sont intervenus dans le processus : de la génération associative « spontanée » pétitionnante, aux arrêts du conseil d’État, en passant par les commissions d’aménagement réversibles et la consultation publique sur le mode démocratico-luron.
Modeste, autant que prolixe précurseur de cette grande tâche toute désignée pour un futur énarque, nous en aurons au moins établi la bibliographie ! En attendant peut-être de l’enrichir à la lumière de la campagne qui s’annonce et dont le débat, qui s’est déjà hissé des trottoirs aux cheminées, s’élèvera peut-être un jour jusqu’à la cote 198 du rond point de l’Europe, aux portes du Charmoy (deuxième porte à droite) !
Est-il vraiment imaginable qu’un postulant à la première magistrature, quel qu’il soit et de quelque bord qu’il soit, fasse l’économie de cette question ? Et cela, même si depuis cinq ans, le Charmoy se décide à LURE (VESOUL-COLMAR) ! Ce n’est pas une raison pour que le « vote LECLERC » du 27 juin 2010 se reproduise en mars prochain ! À moins qu’à l’heure où la politique se fait de plus en plus « à la corbeille », on ait décidé, comme déjà certains, de la faire chez nous « au caddie » !
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 25 janvier 2014 (J+1865 après le vote négatif fondateur)