L’ÈRE ATOMIQUE - du 16 juillet 2012
(J+181 après la CNAC)
Dans notre précédent article, nous évoquions l’aube d’une ère culturelle à Landerneau et déplorions la destruction passée du couvent des Capucins d’Auxonne. La décision de le démolir à la fin de la Restauration apparaît comme une bévue en ce début de 21ème siècle qui voit, en terre de Bretagne, le modeste séjour des moines mendiants accéder, par les bienfaits du mécénat, au statut nouveau de temple de l’art contemporain.
Mais voilà la carence auxonnaise palliée comme par enchantement. Par l’intervention probable de Morgane et de Merlin, magiques bienfaiteurs bretons, une œuvre d’art vivante a surgi sur la zone du Charmoy, performance conjuguée de la luxuriance des maïs, de la permanence surplombante et minérale du Château d’eau des Granges Hautes et de la lumière ineffable de nos ciels auxonnais.
Un regard d’artiste, dessillé par l’eau lustrale d’une perspective renouvelée sur le monde objectif, opère le miracle, faisant d’un humble espace cultural un espace culturel !
A tous ses concitoyens Chantecler conseille vivement une montée cathartico-initiatique vers le Charmoy, pour la contemplation d’un tableau agrico-cosmique.
Loin des expositions en vogue où le Tout Paris se bouscule, enfilez donc le Vieux Chemin de Dole jusqu’aux dernières habitations, arrivé là, tournez votre regard en direction de la RD 905 : l’œuvre se dévoilera pour vous, accrochée aux cimaises du ciel !
Contemplez à présent « L’ère atomique »
En cet été boudeur et arrosé voilà bien, chers concitoyens, un but capable de concilier la promenade hygiénique et le plaisir esthétique, le tout sans bourse délier.
La barde vahiné, Adélaïde Moruroa-Gauguin, arrière-petite-fille naturelle du grand peintre a bien voulu confier ses impressions à Chantecler : « La force oppressante de l’œuvre d’une facture vigoureuse réside dans le contraste entre la silhouette totémique et muette du champignon et la luxuriance végétale bruissante du premier plan qui semble pressentir la menace du souffle destructeur qui l’anéantira à jamais. Ces maïs frémissants ne semblent-ils pas en effet murmurer à notre oreille nevermore ? »
Hommage aux auteurs du N° 4 de 1954 de la collection « La Voix des Poètes » auquel nous avons emprunté sa couverture, remplaçant le dessin de Cocteau par la perspective sur le Charmoy et remerciements à la barbe vanillée !
C. S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 16 juillet 2012 (J+181 après la CNAC)