DANSONS LA CAPUCINE !– du 13 juillet 2012
« Dansons la capucine
Y’a pas de pain chez nous
Y’en a chez la voisine
Mais ce n’est pas pour nous »
Cette petite comptine, quelque peu désabusée, mais néanmoins petit bijou d’art authentiquement populaire, de cet art léger qui fait contre mauvaise fortune bon cœur à défaut de faire de la thune dans les galeries, véritable liesse à défaut de liasses, cette petite comptine, disais-je, est remontée de ma mémoire alors que je lisais récemment une chronique culturelle du Finistère.
L’ancien couvent des Capucins du XVIIe siècle de Landerneau « tour à tour école, fabrique de lin, brasserie, [puis] racheté par Édouard Leclerc au début des années 1960 pour y installer son premier hyper » est aujourd’hui devenu un haut lieu d’exposition consacré à l’art contemporain.
Selon Le Télégramme du 26 novembre 2010 , c’est en août 2010, déjà, que la famille faisait un beau cadeau au maire de Landerneau, Patrick Leclerc, en annonçant la transformation du couvent des Capucins, premier centre Leclerc de l'histoire, en fondation culturelle, par la munificence du couple Édouard et Hélène Leclerc.
Rappelons d’abord que les Capucins constituent un ordre mendiant, après cette précision, le lecteur comprendra mieux l’émouvant témoignage de Monsieur Michel-Édouard Leclerc rapporté dans le JDD du 16 juin dernier sous la plume alerte d’Eric Mandel, envoyé spécial à Landerneau dans le Finistère :
"J’ai travaillé dans ce magasin quand j’étais môme", rappelle Michel-Édouard. Sa vocation "d’entrepreneur social" serait même née de ses premiers stages comme préposé aux fruits, légumes et à la gestion des… poubelles : "C’était un formidable observatoire de la société. On emmenait des produits invendables à la décharge où beaucoup de monde nous attendait. C’est là que j’ai vu qu’il existait des pauvres à Landerneau. En bon chrétien coupable, mon père a toujours rêvé de transformer son hyper en espace culturel. Avec les Capucins, nous ouvrons le troisième volet de la saga Leclerc dans le combat pour l’accès à la culture." Éric Mandel, envoyé spécial à Landerneau dans le Finistère - Le Journal du Dimanche samedi 16 juin 2012.
Notre bonne ville d’Auxonne, présente au moins deux points communs avec Landerneau : dans le passé, l’existence attestée, bien qu’hélas révolue aujourd’hui, d’un couvent de Capucins, dans le futur, l’existence escomptée, toutefois non encore advenue, d’un hyper Leclerc.
Entre passé et futur, le présent semblerait toutefois moins florissant à Auxonne qu’à Landerneau si l’on en croit le témoignage du Télégramme du 26 novembre 2010 :
« Le neveu [Patrick Leclerc] n'a pas attendu la providence des liens du sang pour donner corps à sa volonté de «réveiller la belle endormie». Même certains électeurs de gauche le reconnaissent aujourd'hui, plus ou moins discrètement: «Depuis deux ans et demi, ça bouge à Landerneau». L'éclosion du festival Fête du Bruit, la renaissance du carnaval de la lune étoilée et les festivités autour des 500 ans du pont habité, même s'ils ont inspiré à un opposant le commentaire péjoratif de politique du grand spectacle, ont intensifié le rayonnement de Landerneau. »
On espère, toutefois, que dans cette liesse généralisée, le pont n’est pas habité par-dessous ! Dans le cas contraire, faudrait-il en conclure – mais Dieu est-ce possible ! – qu’il y a encore des pauvres à Landerneau ? Quant à «réveiller la belle endormie», ce mot d’ordre qui décoiffe…bigouden n’est pas typiquement breton nous l’avons déjà lu quelque part, dans le numéro 9 d’une feuille conceptuelle auxonnaise, le P’tit Auxonnais de juin 2010 pour être précis. Il est vrai que le battage promotionnel de juin 2010 « Aux urnes citoyens » avait alors de quoi réveiller un mort et pouvait faire concurrence à la Fête du Bruit de Landerneau. Depuis, grands dieux, la fièvre est retombée.
Dans un présent sans charme, dans un entre-deux cotonneux, notre ville oscille entre le regret et l’espoir : regret d’un péché de jeunesse, celui d’avoir démoli trop tôt son Couvent des Capucins, espoir, déjà rassis, de voir advenir l’hyper « locomotive ».
Que faire ? Sinon entendre le message de l’authentique mécène : « Je suis aujourd’hui convaincu que l’art peut nous sortir du marasme. C’est une fenêtre ouverte sur le ciel. Il redonne envie d’être curieux ! » www.evene.fr/arts/actualite/michel-edouard-leclerc-dans-le-landerneau-de-l-art-contemporain-1023167.php
Pour sûr ! Le ciel est curieusement breton et très inspirant dans ce juillet en solde !
En attendant…..
Dansons la capucine
Y’a pas de pain chez nous
Y’en a chez la voisine
Mais ce n’est pas pour nous
Chou les petits caillouuuuuuuux !
C. S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 13 juillet 2012 (J+178 après la CNAC)