ESTRAGON .— On attend
VLADIMIR. — Oui, mais en attendant ?
ESTRAGON .— Si on se pendait ?
VLADIMIR. — Ce serait un moyen de bander
Samuel Beckett. En attendant Godot
L’ami Beckett a su démontrer avec génie que l’attente est un passe-temps fécond, du moins quand on attend Godot. Mais, me direz-vous, quel rapport entre une très sérieuse CNAC, encore et toujours attendue comme Godot, et les divagations pathétiques des personnages de Beckett ?
Ce rapport, c’est l’attente bien entendu, cette attente qui fouette l’imagination…et le reste. En cherchant bien, toutefois, j’affirme que l’on peut en découvrir au moins un autre. Lequel ? Où çà ? Je vous le donne en mille…
En page 46 de la pièce de Samuel Beckett, En attendant Godot (Editions de Minuit). Jugez vous-même :
« VLADIMIR. — Qu’est-ce que c’est, un knouk ?
POZZO. — Vous n’êtes pas d’ici. Etes-vous seulement du siècle ? Autrefois on avait des bouffons. Maintenant on a des knouks. Ceux qui peuvent se le permettre ».
C.Q.F.D. Du knouk à la CNAC, il n’y a qu’un pas homophonique — ne me faites pas dire homophobique — bien vite franchi !
Décidément, Chantecler qui s’efforce depuis de longs mois d’être le témoin et le reflet fidèle d’un feuilleton local bien prosaïque ne sort pas de son sujet même en s’aventurant jusque sur la scène comico-métaphysique du drame de l’attente beckettienne.
Hélas pourtant ! Beckett l’obscur ne nous révèlera jamais, au bout du compte, le sens profond du KNOUK, pas plus que la date de la CNAC encore et toujours attendue.
Une certitude demeure cependant : c’est que nous savons tous ce qu’est une CNAC. Alors, pour le punir, osons parodier le maître: « Maintenant on a des CNAC. Ceux qui peuvent se le permettre ». Ajoutons même : ceux qui auront le temps d’attendre…
Mais me direz vous, les knouks çà n’existe pas et les knacks se font rares, tous envolés vers l’Oktoberfest de Münich. La CNAC pourtant, c’est du solide, pas du flan à la Beckett et pas des saucisses non plus. Alors….? On pédale dans la choucroute ou quoi ? De la fête de la bière à la mise en bière il n’y a parfois qu’un pas.
Et il faut un rien pour qu’on finisse par décliner :
CNAC attendue,
Couac attendu…
Claque attendue,
Les puristes préféreront sans doute Beckett, qui est plus classe :
« Un chien vint dans l’office
Et prit une andouillette
Alors à coups de louche
Le chef le mit en miettes »
Five o’clock, j’en ai ma claque des CNAC, des knouks et des knacks et de tout ce scénario à la Mocky. Ah ! Le beau film encore à faire, Jean-Pierre !
C. S. Rédacteur de Chantecler,
à Auxonne le 13 octobre 2011