CELUI QUI AURAIT PU NOUS AIDER… - du 30 AOÛT 2014 (J+2082 après le vote négatif fondateur)
Cher(e)s lecteurs/trices, comme elle a dû vous ennuyer ma « rhétorique alimentaire » du dernier article… pour peu que vous m’ayez lu jusqu’au bout, ce dont je doute ! Je dois cependant vous avouer que j’aurais encore à y ajouter ! J’imagine votre moue ! D’accord, de cela nous reparlerons plus tard, si vous le voulez bien ! J’aurais trop peur de vous lasser, bien qu’en vérité je pense que le mal soit déjà fait et que, depuis longtemps, vous baillez à vous décrocher la mâchoire en me lisant – si tant est que vous ayez le courage de me lire encore – presqu’autant qu’en lisant Inf’Auxonne !
Je dois vous avouer que, devant le silence méprisant (ou gêné ?) des « cibles » de ma plume, devant l’écho trop confidentiel de mes travaux d’investigation, devant l’indolence désarmante de mes concitoyens, je me prends parfois à penser que je gâche mon encre. Mais cela ne dure jamais longtemps, car je trouve toujours mon réconfort dans la lecture de prédécesseurs illustres. Imaginez que, depuis peu, j’ai même découvert un frère de plume inattendu, sinon à Auxonne, du moins en Bretagne ! En effet, une lecture attentive de quelques numéros du Soleil de l’Ouest, feuille polémique et décapante d’Édouard Leclerc, a suffi à me redonner du cœur à l’ouvrage.
Merci Édouard !! (N.B. : dans tout cet article, et dans quelques suivants, il sera précisément question des textes écrits jadis dans Le Soleil de l’Ouest, sous sa signature ou sous un pseudonyme, par feu Édouard Leclerc, fondateur du mouvement éponyme, et en aucun cas des représentants actuels de ce mouvement).
Quelques mots, tout d’abord, à propos du Soleil de l’Ouest. Il en est fait mention dans Wikipédia ainsi que dans la notice nécrologique « officielle » d’Édouard Leclerc en ces termes : « il lance, en 1973, un magazine, le Soleil de l’Ouest, diffusé dans la région brestoise ». Des journalistes ayant écrit sur le mouvement Leclerc qualifient ce magazine de « feuille de chou » (L. Chavane dans Le phénomène Leclerc p. 31 ; F. Carluer-Lossouarn dans Leclerc : Enquête sur un système p. 122). Nous avons consulté avec beaucoup d’intérêt la collection incomplète du dépôt légal de ce magazine conservée à la Bibliothèque de Rennes. Il s’agit certes d’une presse atypique et originale avec un caractère pamphlétaire marqué mais, à l’occasion, très roborative, une presse à laquelle le qualificatif de « feuille de chou » ne nous semble vraiment pas adapté ! Des « feuilles de chou » il y en a de pires, y compris de professionnelles !
Qu’Édouard Leclerc ait été un précurseur original, de cela nous n’avons jamais douté et nous en témoignions déjà dans l’un de nos anciens articles, « Small is beautiful » du 28 février 2011, en ces termes : « […] J’étais écrivain bénévole et je me sens devenir commerçant improvisé, comme Papa, qu’enfant, je voyais en tablier bleu, le crayon sur l’oreille [ jusqu’au début des années 60, mon père était employé dans un commerce d’alimentation auxonnais]. Je dois avouer qu’il me revient maintenant qu’il admirait certain épicier de Landerneau. C’était dans les années 50, nous sortions à peine des tickets de rationnement et ce qui était une expérience novatrice n’était pas encore devenu un empire tutélaire ».
Contre toute attente, et toutes proportions gardées, nous avons trouvé dans Le Soleil de l’Ouest un aîné inattendu de Chantecler, car Édouard Leclerc, avec quarante ans d’avance, aborde déjà précisément certains problèmes auxquels nous avons été confrontés dans notre Chantecler et il ne dédaigne pas, non plus, à l’occasion, d’illustrer ses propos acerbes de quelques croquis bien sentis et même de quelques vers !
Ce sont les numéros 8 et 9, datés respectivement de novembre et décembre 1973, qui retiendrons aujourd’hui notre attention. Dans ces deux numéros, il est précisément question de Conseil Municipal, de délibération, de transcription de délibération, et d’interprétation de délibération…En Bretagne, bien entendu, dans la commune du RELECQ-KERHUON plus précisément.
Dans le numéro 8 de son Soleil de l’Ouest, Édouard Leclerc s’interroge donc sur la présence alternative des termes « rénovation » ou « restructuration » dans divers documents émanant de la même mairie et relatifs à la même délibération du 17 mars 1972 (Tiens, tiens !! ça tombait aussi justement un 17, comme c’est bizarre !), documents dont il publie par ailleurs un large panel de photocopies.
Il note : « Une erreur matérielle était excusable pour le commun des mortels, mais le Maire du Relecq-Kerhuon est aussi Président de l’Université de Brest et une telle erreur nous apparaît curieuse ». Monsieur Édouard Leclerc ajoute : « Ces faits nous semblent d’une extrême gravité parce qu’à tout moment n’importe qui peut changer n’importe quoi ». C’est que les termes rénovation et restructuration n’impliquent pas du tout les mêmes suites administratives.
Il s’interroge : « si les mots de rénovation ou restructuration n’avaient aucune importance, pourquoi les a-t-on substitués ? » et, portant des accusations plus graves, il note que « la population ne pouvait découvrir une telle supercherie ». Décidément, feu Monsieur Édouard Leclerc, sauf votre respect, comme cet horrible Chantecler, vous étiez un fieffé pinailleur !
Dans le numéro 9, l’importun persiste et signe, et fait même intervenir un huissier pour constater. Toujours dans ce même numéro, Édouard Leclerc pulvérise aussi l’accusation rocambolesque qu’on lui a faite d’avoir été l’instigateur d’un plasticage de la Mairie de Brest survenu dans la nuit du 23 au 24 avril 1969. Le Soleil de l’Ouest, voilà du bon western ! Un western dont l’auteur se vit attribuer, dans Le Journal du dimanche du 3 février 1985, le qualificatif de « cow-boy mystique » (cité par Laurence Chavane dans Le phénomène Leclerc, Plon, 1986, p. 11). Chapeau (de cow-boy) Monsieur Édouard Leclerc, en comparaison de votre Soleil de l’Ouest, notre Chantecler fait vraiment figure d’amateur timide et de père tranquille !
Monsieur Édouard Leclerc, il est regrettable que vous nous ayez quitté trop tôt, car votre aide nous aura manqué, vous qui déclariez dans votre Soleil de l’Ouest : « Nos colonnes sont ouvertes à tous ceux qui auraient des problèmes avec l’Administration et nos politiciens ». Cette aide aurait pu nous être précieuse car le genre de questions qui, jadis, firent du bruit dans votre Landerneau, n’ont recueilli à présent dans notre Auxonne, que d’aucuns qualifièrent de « belle endormie », mais qui n’est au bout du compte qu’une « triste anesthésiée », aucun écho digne de ce nom !
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 30 Août 2014 (J+2082 après le vote négatif fondateur)