CHARMOY : QUE SONT LES VERTS MAÏS DEVENUS ? - du 02 SEPTEMBRE 2014 (J+2085 après le vote négatif fondateur)
« Que sont les verts maïs devenus ? » C’est sous ce titre nostalgique, d’aucuns diront passéiste, que nous poursuivrons notre lecture inédite du Soleil de l’Ouest.
Ouvrons Le Soleil de l’Ouest N°2 de Mai 1973. En première page, l’éditorial signé Édouard Leclerc décrit la longue genèse historique du paysage de bocage breton et s’indigne contre sa destruction et « l’acharnement du Génie Rural à remembrer en arasant les talus et les haies ». En conclusion, il interroge : « Va-t-on rendre le Finistère inhabitable pour les quelques pourcentages que reçoit Génie Rural pour l’arasement des talus au cours des remembrements ? Il est vrai qu’il faudra d’autres pourcentages pour les reconstruire. »
Dans l’une des pages suivantes, sous le titre « L’homme peut-il encore choisir ? » et sous le pseudonyme transparent de Jean Corrégou, il acquiesce sans illusion naïve à la prise de conscience, nouvelle encore, en ce début des années 1970, de la nécessité de protéger l’environnement :
« Il y a quelques années, il était presque malvenu de parler d’humanisme […] malvenu de parler du devenir de l’homme rebaptisé « consommateur », comme de parler de la protection de la nature et du monde paysan, malvenu, en résumé, d’avoir d’autre souci que la rentabilité »
« […] Le cycle infernal « Consommer pour produire, produire pour occuper les hommes » semblait engagé pour l’éternité. […] Il ne manquait pas de place pour cela, une fois chassés les paysans ! Le besoin que les citadins ont de la campagne, mais on y avait pensé voyons ! et l’on avait ménagé quelques parcs, aménagé, plutôt, car on n’avait pas oublié que ce serait des « consommateurs » qui s’y promèneraient. Les grandes entreprises agricoles menées par des milliardaires…entreprenants, guettaient la succession, toutes prêtes à produire à coups d’engrais super-actifs, sous la protection d’insectisides [sic] de plus en plus « efficaces », cette viande, ces légumes, ces fruits qui, ainsi que l’écrivait un savant, il y a quelque temps font cher du litre d’eau ! »
[ N.D.L.R. Nos « consommateurs » locaux, dont une association fut créée ad hoc et ex nihilo (déclaration en préfecture le 18 janvier 2010) pour booster le projet Charmoy, et ses promoteurs en difficulté, jugeront eux-mêmes en quelle grande estime, notre Breton tenait alors le vocable de « consommateurs ». Et, à propos de « cette viande […] qui [fait] cher du litre d’eau », que dirait Édouard Leclerc, s’il vivait encore en 2014 de la récente polémique de « la dinde à l’eau » ?]
« […] Lorsqu’autour de nous, il nous arrivait d’aborder ce sujet, que de sourires amusés nous répondaient, que de thèses hâtivement construites sur l’impossibilité de renverser la vapeur ! Il est vrai que nos arguments naissaient du seul bon sens, de cette réflexion parfois lente, mais si féconde, mais si sûre, qui caractérise le monde rural et celui des marins »
[ N.D.L.R. Notre Breton aurait été bien déçu, s’il avait pu connaître les « thèses » de représentants supposés du « monde rural », dans notre Conseil municipal, sur la question ! Tel qui selon son biographe, trayait les vaches à douze ans, favorise aujourd’hui le bétonnage de terres agricoles après en avoir assuré discrètement la « maîtrise foncière » aux promoteurs. Mais notre Breton, comme nous, n’était pas dupe du discours des élus comme la suite va nous le démontrer.]
« […] le Maire de Brest, par exemple, peut mentir à ses administrés et leur affirmer que leur ville est la plus verdoyante de toutes (mais sans doute parle-t-il du Bois d’Amour et de la jolie campagne de la Cavale Blanche qu’il s’apprête à détruire ?), il ne peut tricher avec le soleil, ni donc avec la vie et ses allées macadamisées et ses tristes zones de jeux gravillonnés sont bien incapables de photosynthèse…À ceux qui comme nous, connaissent Rotterdam ou Kiel, il ose pourtant parler de « politique audacieuse des jardins et des espaces verts [ N.D.L.R. : Combien de fleurs ?]. Nous aurons donc à nous méfier de ceux qui, méprisant l’homme en général, croient encore possible de lui mentir, de l’étourdir de bonnes paroles. »
Vraiment ce Soleil de l’Ouest, il savait éclairer là où ça faisait mal ! Nous adhérons sans réserve à son héliothérapie prophylactique ! En cet été pourri, ses rayons nous réchauffent !
Il y a quelques jours, dans cette fin de mois d’août diluvienne, je passais sur le Vieux Chemin de Dole au pied du chantier. La sombre plate-forme encaillassée qui a remplacé le vert coteau de terre arable dégorgeait son eau boueuse dans les fossés alentour. Contemplant le triste spectacle – que des gogos et des badauds à courte vue « étourdis de bonnes paroles » viennent admirer – je me suis alors dit :
« Que sont les verts maïs devenus ? Si tu pouvais voir Édouard, mon pauvre Édouard, toi qui vitupérait les « allées macadamisées et [les] tristes zones de jeux gravillonnés » du maire de Brest. Édouard, mon pauvre Édouard, si tu pouvais voir les méfaits qu’on commet sous ton nom ! »
Rappelons, pour finir, à nos fidèles lecteurs/trices l’un de nos précédents articles qui n’aurait pas fait tache dans Le Soleil de l’Ouest N°2 de Mai 1973
NETTOYONS LA PUB DE LURE (3) – du 17 janvier 2014
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 02 Septembre 2014 (J+2085 après le vote négatif fondateur)