RHÉTORIQUE « ALIMENTAIRE » - du 26 AOÛT 2014 (J+2078 après le vote négatif fondateur)
Ami(e)s lecteurs/trices, alors que, selon les médias, une tempête secoue le sommet de l’état, vous nous pardonnerez d’en revenir à nos querelles de clocher locales. Mais au bout du compte cette « tempête » et ces querelles ne trouvent-elles pas leur origine dans la même cause ? Celle d’une complaisance éhontée de certains dirigeants nationaux ou locaux, à l’égard de l’entreprise privée, au motif que celle-ci serait censée apporter la panacée à tous nos maux ! Certain fustigea la « finance » et l’engraisse à présent, tel autre assura que c’était non et fit le lit du oui en catimini. Du haut en bas, on trompe allègrement son monde !
Mais après ces larges vues revenons modestement à l’ombre de notre clocher. C’est là, que nous en étions restés avec l’irruption inopinée de « l’hyper-cheval de 3500 m² » sur l’agora de l’Athènes de la nouvelle démocratie participatatatative à la mode de LURE. Il nous faut à présent essayer de comprendre ce que ce cheval celait en ses flancs.
Une autopsie en somme, cela va encore être long et pénible, je vous sens prêt(e) à interrompre votre lecture ! Alors, avant de reprendre notre discours, une petite mise en bouche s’impose. Nous ignorons si la recette du « Charmoy Burger » vous a plu et si elle restera le tube de cet été pourri, mais nous vous la resservons au cas où vous l’auriez manquée :
« Faites d’abord la fine bouche et dites non en chœur. Découpez alors, en toute discrétion, deux larges tranches de terres agricoles. N’oubliez pas que cette opération est la clé de votre réussite ! Quand vous l’aurez réalisée, mais pas avant, vous pourrez en faire tout un fromage. Pour corser votre burger, mettez-y un bon kilo de pétition et sans désemparer montez une association en mayonnaise. Ne lésinez surtout pas et pensez à prévoir au moins deux CNACS que vous veillerez à bien retourner pour le succès de l’opération. Entre temps vous aurez fourré votre burger avec une bonne salade d’affiches, les meilleures s’impriment à LURE ! Votre burger prend forme, le quidam, appâté, commence à saliver, le voilà prêt à tout avaler ! »
Après cet en-cas, ces zakouski en promo offerts par la maison, passons au plat de résistance d’aujourd’hui, une bonne louchée de rhétorique « alimentaire » bien grasse, ras la gamelle ! Les grincheux lui trouveront sans doute un vieux goût de réchauffé et prendront un air dégoûté. Allons ! Pas de chichis ! Il y a encore quelques fins morceaux à pêcher dans cette bonne soupe dont la valeur « alimentaire », quoi qu’on en dise est indéniable ! Bon appétit d’avance !
Il y a mille manières de rapporter un fait selon les informations ou les archives disponibles sur ce fait. Si les écrits, à moins de falsification, restent ce qu’ils sont, on peut néanmoins leur faire dire ce qu’ils ne disent pas ; toute l’habileté du rapporteur réside alors dans la présentation et la mise en perspective qu’il en fait. Chacun se souvient ainsi du vote négatif du 17 décembre 2008 (Le Bien public du 19/12/08) devenu, à la suite d’une exégèse (très personnelle) de son « sens » profond, par notre premier magistrat, feu vert pour un hypermarché Leclerc (voir Le Bien public du 02/03/09) !
Rappelons ce passage essentiel de l’article surréaliste du 02/03/09, pourtant passé inaperçu : « …Raoul Langlois, maire d’Auxonne, a rappelé la position de la municipalité concernant l’aménagement de la zone du Charmoy : […] la municipalité soutiendra toute implantation nouvelle sous réserve que la part « alimentation » n’excède pas 1000 m². C’est le sens du vote du Conseil municipal du 17 décembre 2008 [N.D.L.R. Chantecler : souligné par nous] ».
Longtemps, je me suis couché de bonne heure…À l’époque de la parution de cet article, citoyen inconséquent et nonchalant sans doute, je ne prenais plus la peine de décortiquer la prose municipale. Il est vrai que l’exercice peut être rebutant ! Croyez m’en sur parole ! Je sortais d’en faire l’expérience et j’avais donc pris une pause méritée après le cycle du Courrier de l’Arsenal qui avait porté ses fruits ! J’étais redevenu le bon Auxonnais moyen qui, entre deux élections, se laisse mener par le bout du nez.
Et personne, à ma connaissance, n’a réagi vraiment à cet article. Reconnaissons toutefois que le blog du groupe « Ensemble-Autrement », qui faisait alors régulièrement écho à la presse locale, mais n’est plus en ligne actuellement, reproduisit l’article le même jour, ceci sans analyse ni commentaire, précisant seulement que la rencontre de la municipalité avec les entreprises, lors de laquelle la précédente déclaration avait été faite, s'était tenue le 3 février précédent. On s’activait déjà dis-crè-te-ment sur les terres du Charmoy ! Aucun lecteur du blog ne fit de commentaire et pourtant, l’acrobatie était manifeste. Il suffit de relire attentivement le procès-verbal du Conseil municipal du 17 décembre 2008 pour s’en convaincre.
Je vous convie encore une fois à cet exercice en vous présentant une sélection des meilleurs morceaux !
p. 22 « Si l’apport de la grande surface est en confrontation directe avec l’existant (à savoir l’alimentaire), M. le Maire s’opposera à l’implantation d’une grande surface supérieure à 1000 m² à dominante alimentaire. » [N.D.L.R. selon la norme NAF 2008 tous les hypermarchés et une bonne part des supermarchés sont des « grande[s] surface[s] supérieure[s] à 1000 m² à dominante alimentaire ».]
p. 22 « M. le Maire répond que le débat concerne le principe d’implantation et si la réponse est négative [N.D.L.R. tel fut le cas], il n’y a pas lieu de dévoiler telle ou telle chose [N.D.L.R. ce qui fut fait, discrétion oblige !]. Si la réponse est non, le dossier est terminé [N.D.L.R. En guise de clôture, le dossier fut en fait monté en toute discrétion sur le terrain avec le promoteur !]
p. 23 « M. le Maire répond que si l’implantation ne concerne que l’alimentaire le gain [N.D.L.R. le gain d’emplois] sera nul car ce qui sera gagné d’un côté sera perdu de l’autre. Concernant les domaines autres que l’alimentaire le gain d’emplois net sera beaucoup plus important ».
[N.D.L.R. dans cet argument où « l’alimentaire » est envisagé en particulier, on sent poindre la « thèse » exprimée pour la première fois dans Le Bien public du 02/03/09, et reprise souvent par la suite, thèse selon laquelle on « soutiendra toute implantation nouvelle sous réserve que la part « alimentation » n’excède pas 1000 m².» N’empêche que selon la norme NAF 2008 tous les hypermarchés et une bonne part des supermarchés sont et restent des « grande[s] surface[s] supérieure[s] à 1000 m² à dominante alimentaire » où la part proprement alimentaire en m² ne fait jamais l’objet d’une mention spéciale dans la norme.]
p. 25« A 23h05 M. le Maire constate que le quorum est atteint et que la séance peut reprendre. Il soumet la question suivante au vote des élus : « Etes vous favorable à l’implantation d’une grande surface supérieure à 1000 m² à dominante alimentaire sur la zone du Charmoy ? ». La réponse doit être soit oui, soit non ». [N.D.L.R. Le vote sera négatif hormis un bulletin blanc]
p. 25 « […] Monsieur le Maire commente le résultat en précisant que le choix est clair, il n’est pas question de déstabiliser le commerce et il n’est pas question non plus de fermer la porte à une extension des grandes surfaces actuelles, raison pour laquelle la question posée ne concernait que la zone du Charmoy. L’objectif est également de ne pas faire obstacle à l’aménagement de commerces qui correspondent à une offre qui n’existe pas actuellement […] »
[N.D.L.R. « L’objectif est également de ne pas faire obstacle à l’aménagement de commerces qui correspondent à une offre qui n’existe pas actuellement […] » Dans cette dernière phrase, plutôt vague, où il est seulement question « d’aménagement » et non « d’implantation », on est en droit de supposer que les « commerces qui correspondent à une offre qui n’existe pas actuellement » désignaient des commerces spécialisés non alimentaires. Logiquement et en toute cohérence, le vote ayant été négatif, et « le choix [ayant été] clair », comme le précisait lui-même Monsieur le Maire, on n’aurait pas dû se démener, même discrètement, aux lendemains du vote, pour faciliter l’implantation d’un hypermarché, grande surface réputée, selon la norme, être à prédominance (ou à dominante) alimentaire !]
Nous reviendrons enfin sur une question que nous avons déjà abordée à plusieurs reprises, mais que nous tenons, quand même, pour finir, à pointer à nouveau. Celle du doute planant sur la formulation exacte de la question effectivement mise aux voix le soir du 17 décembre 2008 (mais peut-être aura-t-elle été enregistrée ?). Rapportée dans le PV, selon cette formulation : « Etes vous favorable à l’implantation d’une grande surface supérieure à 1000 m² à dominante alimentaire sur la zone du Charmoy ? », elle sera approuvée dans cette forme et sans réserve au conseil suivant du 28 janvier 2009. Entre temps, cependant, dans l’article 1 de la délibération transmise en préfecture la même question aura été reformulée, avec une inversion de certains termes, sous cette forme :« Etes vous favorable à l’implantation d’une grande surface à dominante alimentaire supérieure à 1000 m² sur la zone du Charmoy ? » À remarquer, que dans le même document, l’intitulé de l’objet de la délibération continue de faire mention, comme dans le PV, d’une « grande surface supérieure à 1000 m² à dominante alimentaire ». Bizarre cet ordre fluctuant des termes dans des documents administratifs relatifs à des décisions importantes prises aux voix et engageant l’avenir d’Auxonne !? Bizarre sans doute et peut être opportun !? Rappelez-vous la déclaration du 3 mars dans Le Bien public du 02/03/09 « la municipalité soutiendra toute implantation nouvelle sous réserve que la part « alimentation » n’excède pas 1000 m². »
À titre d’anecdote, signalons au passage que la même délibération spécifiait à la rubrique « Excusés » : « Madame Véronique GILOT, donne procuration à Jocelyne COMBÉPINE ». Or, à cette date, aucun(e) conseiller(e) ne répondait au nom de Jocelyne COMBÉPINE. On pourra peut-être nous expliquer le « sens » profond de cette irruption d’un conseiller imaginaire ! Peut être la conséquence d’une intoxication « alimentaire » du rédacteur ?
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 26 Août 2014 (J+2078 après le vote négatif fondateur)