NAPOLÉON BONAPARTE ENTRE AUXONNE ET DOLE (6) - du 28 septembre 2022 (J+5033 après le vote négatif fondateur)
Délaissons pour de bon la vague rose qui déferle actuellement sur notre cité « dynamique » pour retrouver….
Napoléon dans sa conquête de l’Hindoustan, chevauchant un éléphant rose ?
Trêve de plaisanterie ! Revenons à nos moutons !
Le mouton n’est-il pas désormais l’espèce la plus répandue en ces temps nouveaux de la communication que nous vivons !
Mais laissons à présent l’Hindoustan et Napoléon conquérant, chevauchant un éléphant rose, pour revenir à un autre épisode d’histoire-fiction, ce dernier résolument local entre Auxonne et les contreforts du Jura.
Évènement déjà évoqué dans les précédents épisodes de notre série, en l’occurrence un duel mis en lumière dans la presse (Le Bien Public du 3 mai 2021) et très récemment dans les nouvelles littéraires.
Pour plus de détails se rapporter à l’article en lien ci-dessous
NAPOLÉON BONAPARTE ENTRE AUXONNE ET DOLE (5) - du 12 septembre 2022
L’histoire semble n’être qu’un éternel recommencement, puisqu’il y a presque 180 ans, une anecdote autour du même duel était déjà rapportée dans diverses gazettes.
C’est la chute de cette anecdote rapportée jusqu’à nos jours qui retiendra notre attention aujourd’hui.
Chute selon laquelle « Bonaparte au lieu de se fâcher fit droit à la requête de Grosey [ndlr ou Grosset selon les versions] et le nomma procureur impérial à Béfort ».
Cette prétendue nomination ne résiste pas à l’examen puisque de 1800 à 1813 on retrouve invariablement, dans les documents officiels, le dénommé Grosey en poste de juge à Lons-le-Saunier, au criminel (1800-1811) puis au civil (1812-1813)
En atteste l’excellent ouvrage collectif édité en 1991 par la Société d’émulation du Jura intitulé Dictionnaire biographique des administrateurs du JURA 1790-1800 en page 157 à l’article 286 Grosey Louis Denis Catherin (1750-1817)
Les almanachs impériaux (de 1805 à 1813 disponibles sur BnfGallica) consultés, démentent eux aussi formellement toute nomination de « procureur impérial à Béfort » qui aurait pu concerner ledit Grosey, et placent invariablement celui-ci à Lons-le-Saunier dans la fonction de juge au criminel, puis au civil.
En fait, Grosey avocat en parlement et homme de loi qui remplissait les fonctions d’accusateur public sous le Directoire au chef-lieu de son département, Lons-Le Saunier, fut « recyclé » en place, au moment du Consulat, comme tant d’autres en France, qui ne s’étaient jamais battus en duel avec Bonaparte…
Tel, à titre d’exemple, ce François Canuet dont fait mention une étude sérieuse sur la fonction d’ Accusateur public de triste mémoire (curieux, cliquez sur le lien et ne craignez rien !). Voici les termes de cette mention :
« François Canuet était avocat en parlement [ndlr : comme Grosey] et homme de loi. Un tribunal criminel était établi au siège du chef-lieu de chaque département ; il se composait de quatre juges, dont le président, et d’un accusateur public nommé par les électeurs du département pour 6 ans, d’un commissaire du roi et d’un greffier nommés à vie, et d’un jury de jugement de douze membres. Cette juridiction fut installée à Agen avec grande solennité le 25 janvier 1792. François Canuet fut désigné comme accusateur public à cette occasion et renouvelé dans ses fonctions en l’an VI par l’assemblée électorale du département (document 1,100 J 6). On le retrouve après l’an VIII comme commissaire du gouvernement (Voir article 63 de la constitution du 22 frimaire an VIII) (document 2, 100 J 1). »
Aux sceptiques, s’il en restait encore, et aux amateurs de vieilles archives, nous proposons la lecture d’un extrait du numéro 271 du 1er messidor an VIII (20 juin 1800) de la GAZETTE NATIONALE.
À la lumière de ce document officiel chacun pourra méditer sur une note de bas de page (note 9 p. 104) que l’on peut lire dans un ouvrage qui défraie actuellement l’actualité impériale auxonnaise :
« Denys ou Denis Grosey. Deviendra procureur impérial à Belfort sur décision de Napoléon alors consul. Grosey se présenta devant Napoléon pour lui demander un emploi. Il interpellera le consul par cette phrase devenue célèbre « si tu ne me reconnais pas, tu te rappelleras du jeune dôlois qui t’as donné un coup d’épée sur le rempart du Cygne à Auxonne » »
Tout d’abord, réflexion faite, ce « jeune dôlois » né en 1750 et qui avait donc 19 ans de plus que Bonaparte il n’était pas si jeune que ça autour de 1790, époque du duel supposé !
Bien que d’aucuns prétendent, à la suite de Bonaparte, que « l’histoire [soit] une série de mensonges sur lesquels on tombe d’accord » (Cf. « AUXONNE La vie de Bonaparte en plaine de Saône racontée dans un livre » dans Le Bien Public du 13 septembre dernier) il semble pourtant difficile d’imaginer un magistrat, quinquagénaire ou presque, qui plus est dans la fonction d’accusateur public à Lons-le-Saunier, et visiblement soucieux de sa carrière, « interpellant » aussi cavalièrement le premier Consul.
Fidèle lecteur qui aimait croire à cette belle histoire, te voilà déçu !
Je sens bien cependant que j’ai écrit en vain et que ta foi dans l’imprimé restera inébranlable !
Je sens même que tu en redemandes et que tu aimerais tant savoir quelles furent les circonstances de cette supposée interpellation, circonstances que ne précisent ni les vieilles gazettes, ni Claude Pichard, ni la note fraîche éclose, citée plus haut, qui les reprend !
Notre rédaction, qui ne manque jamais d’imagination travaille déjà sur la question et tentera dès que possible d’y pourvoir ! À suivre...
Aujourd’hui Claudi a bien mérité de la Patrie. Il dédie son illustration du jour à tous les fans de Grosey !
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 28 septembre 2022 (J+5033 après le vote négatif fondateur)
Publié dans Visions d’histoire