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14 août 2015 5 14 /08 /août /2015 08:54

HISTOIRES D’ENSEIGNES (2) - du 14 AOÛT 2015 (J+2431 après le vote négatif fondateur)

Un des charmes particuliers du dialecte alsacien, c’est sa capacité à produire expressions imagées et sobriquets. De mes premières armes au lycée technique nationalisé mixte de Guebwiller, je garde la nostalgie de cette liberté et de cette plasticité de langage. Pickerlamörder (assassin des petits pichets), c’est ainsi, par exemple, que l’on désignait plaisamment l’un des employés de l’établissement qui aimait les libations.

Pour en revenir à Seppi, l’ancêtre-coiffeur de Claudi – car je n’ai pas l’intention de vous infliger par le menu ma biographie – le qualificatif de Schnützalamörder (assassin des moustaches) lui conviendrait mieux. C’est du moins, d’après les documents rapportés par Claudi, celui qui courut dans Niederziwweldorff après l’épisode des remontrances de Herr Polizei Schwob au sujet de l’enseigne en français.

Il suffit d’ouvrir le cahier d’écolier où s’alignent en rangs serrés sur le papier réglé et truffées de charmants croquis, les confidences de notre figaro alsacien, pour découvrir cette histoire de moustaches.

Ayant admonesté Seppi le coiffeur, Herr Polizei Schwob entra donc chez l’unique coiffeur de Niederziwweldorff pour se faire rafraîchir le tour d’oreille et tailler la moustache (Schnützel). En effet, de coiffeur, à moins de vivre dans les bois, on ne saurait guère se passer, et puis une séance chez Seppi ça valait une heure de psychanalyse chez Sigmund.

Ayant posé le casque à pointe et avec lui, la raideur professionnelle, Herr Polizei Schwob s’était abandonné sur le fauteuil aux soins diligents de Seppi. Lotions et serviettes produisaient leur effet émollient et les pensées du guerrier germain s’envolaient à présent, languides, vers Gertrude, sein Schatz (son trésor), la serveuse du café Langfeld. Une manœuvre inhabituelle de Seppi interrompit soudain sa rêverie et déclencha un violent éternuement. La France avait perdu l’Alsace et, dans le miroir, Herr Polizei Schwob constata avec stupeur qu’il venait de perdre la moitié de sa moustache !!

Seppi, quant à lui venait de perdre un client. Herr Polizei Schwob, la trogne encore moussante, se leva comme un diable de son fauteuil arrachant la serviette et éructant des jurons de Kaserne. Le casque à pointe enfoncé jusqu’aux oreilles, l’air menaçant, il s’en fut trouver Herr Bürgermeister, dont le bureau était juste en face sur la place, au pied du clocher en bulbe, classé deux étoiles dans le guide vert-de-gris du Professor Knatschke.

Seppi le coiffeur, qui n’assistait pas à l’entrevue, ne donne pas de détails à ce propos, sinon qu’il y perdit un autre client : Herr Bürgermeister lui-même. Seppi note toutefois que les occupations contraignantes de ce dernier, ne lui permettaient que de très rares apparitions sur le fauteuil devant la glace. La consultation des agendas de Seppi montre néanmoins une augmentation sensible du nombre de coupes mensuelles à partir de cette date, Seppi constate lui-même qu’il a de nouveaux adeptes et écrit patriotiquement : « coiffeur toujours, Friseur jamais ! »

Avec un soin documentaire particulier, Claudi s’est attaché à offrir à nos fidèles lecteurs/trices une illustration crédible de la scène conclusive de l’attentat contre la moustache.

HISTOIRES D’ENSEIGNES (2) - du 14 AOÛT 2015 (J+2431 après le vote négatif fondateur)

C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 14 août 2015 (J+2431 après le vote négatif fondateur)

 

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Publié par Claude Speranza, Auxonnais - dans Flash-info