Un an déjà – du 20 janvier 2011
Ce matin, 20 janvier 2011, intrigué et inquiété par une masse d’un jaune fluorescent reposant sur l’accotement peu après le rond-point des Granges-Hautes, un automobiliste quittant Auxonne en direction de Dole s’est arrêté pour en avoir le cœur net.
Quelle ne fut pas sa surprise et son soulagement de ne découvrir en fait qu’une gerbe… d’une nature un peu particulière, il est vrai . Les fleurs de saison sont rares en ces temps hivernaux et la gerbe révéla sa facture artificielle lorsqu’un faisceau de phares vint l’éclairer auquel elle répondit par une lueur suspecte d’un jaune vénéneux et fluorescent, de ce jaune de triste mémoire qui plastronnait en juin dernier à tous les carrefours.
Elle était confectionnée de ces fleurs qui s’épanouissent en Haute-Saône sous les rouleaux des rotatives, qui fleurissent en tout temps et ne peuvent être confondues avec les jonquilles. Leurs corolles en offset révélaient par endroit de larges plages noires et comme endeuillées. A voir leur foisonnement, on jugeait aussitôt que des petites mains expertes en avaient pieusement frisotté les pétales au cours de longues soirées d’hiver. D’un vieux stock d’incollés, la dévotion et la patience avaient fait ce chef-d’œuvre floral. Sur un pistil dressé avec arrogance s’inscrivait en tout petits caractères une adresse qui n’était pas celle d’un fleuriste, bien qu’y résonnât le nom d’une fleur, et qui détenait sans doute la clef de l’énigme.
Notre automobiliste, qu’attendait une journée de travail et qui n’avait rien d’un vieux retraité fouineur, renonça à creuser la question. Poussant du pied l’objet dans le fossé hors de la vue de ses semblables afin de leur épargner un arrêt inutile, il remonta dans sa voiture et repartit.
Jusqu’à l’étang de Villers-Rotin, convaincu cependant du caractère commémoratif, votif, voire rituel de sa bizarre trouvaille, il passa en revue les faits divers qui avaient bien pu survenir un 20 janvier le long cette route familière qu’il empruntait chaque jour et ne trouva RIEN !
Moralité : ne faites pas comme lui, pour y voir plus clair, lisez Chantecler !
C. S. Rédacteur de Chantecler,
à Auxonne le 20 janvier 2011