INFORMATION : LE TOURBILLON ET LE VIDE (2) - du 25 septembre 2012 (J+252 après la CNAC)
Dans ce deuxième épisode, nous quittons le tourbillon de l’information planétaire pour revenir à l’ombre de notre clocher. Clocher silencieux depuis plusieurs mois, dont les sonneries et les volées brillent par leur absence dans notre paysage sonore. La prolongation de ce silence n’est-elle pas dangereuse, ne risque-t-elle pas de donner des idées à ces grincheux modernes qui rêvent de faire taire cloches et coqs de tout poil !
Il est vrai que dans son ouvrage Les cloches de la terre l’historien Alain Corbin constate que : « L’irruption d’autres rhétoriques a progressivement disqualifié les signaux campanaires dans le processus de communication. Au fil des décennies [du 19ème siècle], l’autorité se dit moins par l’injonction sonore que par le texte écrit ». Et jusqu’à nos jours, ce processus n’a fait que s’accentuer si l’on excepte l’irruption grinçante des sirènes dont le chant accompagne les catastrophes modernes. Dans un monde urbanisé et matérialiste, Le Cri de Munch a supplanté pour toujours L’Angélus de Millet, comme l’hyper a tué l’épicerie de village.
A propos de cloches et d’hyper, nous lisons dans l’éditorial d’Inf’Auxonne N° 29 : « Nous nous sommes engagés à réveiller notre ville, il est parfois dur de se réveiller. Cela bouscule les habitudes. La municipalité s’est engagée très clairement et très fermement pour l’aménagement d’une zone commerciale ».
Une relecture a posteriori de ce texte volontariste et plein d’assurance présente un intérêt certain. Laissons les cloches de côté, car, en ce qui concerne le « réveil » il ne s’agit pas ici de sonner les matines au clocher, mais de mettre en œuvre les pelleteuses au Charmoy pour « réveiller la belle endormie ».
Cette petite remarque étant faite, rappelons le processus selon lequel « La municipalité s’est engagée très clairement et très fermement pour l’aménagement d’une zone commerciale ». Rappelons d’abord le vote négatif sur la question suivante : « Etes-vous favorable à l’implantation d’une grande surface supérieure à 1000 m2 à dominante alimentaire sur la zone du Charmoy ? » (procès-verbal page 25) au Conseil municipal du 17 décembre 2008 dont le procès-verbal est « en principe » accessible sur :
http://www.auxonne.fr/conseil-municipal
Voter NON sur un projet pour lequel « on s’est engagé très clairement et très fermement », voilà déjà qui n’est pas banal !
Mais la suite est encore plus instructive. Après ce vote fondateur, la zone du projet sera prospectée en toute « discrétion » et sans « divulgation » avec l’aide la municipalité au profit d’un investisseur privé qui s’en assurera la « maîtrise foncière » dès le printemps 2009. L’électeur découvrira le résultat de ce processus parfaitement « clair » dans Inf’Auxonne N° 25 qui publie la lettre pleine de gratitude de l’investisseur :
/http://www.auxonne.fr/telechargements
A ce coup de maître, il convenait de donner une conclusion démocratique. Alors que l’affaire du « bouclard » était largement bouclée, mais en raison des refus répétés de la CDAC et de la CNAC, on appela pour finir le peuple aux urnes en juin 2010 avec le concours des imprimeurs de LURE.
A ce jour, une deuxième CNAC-bis a dit OUI depuis 252 jours et depuis presque autant de temps on n’a plus lu une seule ligne digne de « réveiller notre ville » à ce propos. Silence radio ! Alors, la rumeur fait place aux informations « fermes et claires ».
Ça va démarrer, le permis de construire a été déposé (dès janvier déjà, de source officielle, il devait l’être « prochainement »), les travaux vont démarrer incessamment au Charmoy. Les mêmes bruits courent aussi à propos d’un autre projet porté par la municipalité.
Inf’Auxonne N° 38 qui devrait paraître bientôt nous donnera, n’en doutons pas, des informations « fermes et claires » sur le sujet. Rappelons quand même au lecteur d’Inf’Auxonne qu’il lui faut remonter jusqu’au N° 32 d’avril 2011 pour trouver une mention du « projet Leclerc », et ce, même pas dans la chronique officielle, mais dans la tribune libre de l’opposition en page 7. Où est passé l’engagement « très clair et très ferme » ? Qui voulait « réveiller » a fini peut être par s’endormir ?
En attendant, nous conseillons à toutes les personnes nous ayant interrogé à plusieurs reprises relativement à l’existence de demandes de permis de construire ou d’arrêtés accordant un permis de construire de ne pas se fier aux rumeurs et de se rapporter tout simplement, comme nous le faisons nous-mêmes, aux sources d’information du citoyen prévues et définies par les lois et règlements en vigueur. Soit :
Pour les demandes de permis de construire :
Panneau d’affichage de la Mairie pendant toute la durée de l’instruction
Pour les arrêtés accordant un permis de construire :
Panneau d’affichage de la Mairie dans un délai de 8 jours à compter de la décision et pour une durée minimum de deux mois.
Arrêtés du maire répertoriés au registre chronologique des actes de publication et de notification des arrêtés du maire de façon permanente.
Panneau réglementaire affiché sur le lieu de réalisation du projet correspondant au permis de construire dès la notification de l’arrêté d’acceptation à l’intéressé et pendant toute la durée du chantier.
Toute personne physique ou morale a le droit de demander communication sur place et de prendre copie totale ou partielle des arrêtés municipaux et peut aussi les publier sous sa responsabilité.
Liens utiles :
http://www.extranet.nouveaupermisdeconstruire.gouv.fr/7-5-l-affichage-a1287.html
Textes réglementaires de référence :
R. 424-15 du Code de l’Urbanisme
R. 2122-7 du Code général des Collectivités territoriales
C. S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 25 septembre 2012 (J+252 après la CNAC)