Hirondelles – du 28 avril 2012
Depuis quelques jours les gazouillis des émigrées en frac sont venus égayer la grisaille ambiante. On en avait bien besoin ! Tant pis pour les grincheux qui ne supportent pas leurs « saletés » et rêvent d’un monde blanc et lisse comme la dalle d’un cimetière !
En dépit de l’hostilité active ou passive de notre monde moderne, des façades de béton et de verre fumé derrière lesquelles nichent les rapaces des multinationales, en dépit de nos champs silencieux et désertés où se poursuit la guerre chimique, elles reviennent et reprennent sans fin la truelle, leçon d’espoir et de persévérance !
Parmi tous les twitters qui circulent, préférons celui des hirondelles ! Les vraies travailleuses de l’espoir et de l’avenir ! Les vraies reines du 1er mai ! Le sage La Fontaine, dans sa fable L’hirondelle et les petits oiseaux attribue à l’hirondelle un rôle prophétique : « Celle-ci prévoyait jusqu’aux moindres orages/Et devant qu’ils fussent éclos/Les annonçait aux matelots ».
Oiseau sympathique et émouvant, non pas oiseau de mauvais augure comme il en est tant en ce printemps qui tarde à venir, mais oiseau de courage, de prudence et de clairvoyance !
J’arrête là mes louanges sur le charmant oiseau, car quelque directeur de campagne ou quelque promoteur transpirant à court d’inspiration sur un dossier juteux pourrait récupérer la dame en frac pour meubler son couplet développement durable. Tout fait ventre en ce domaine : rappelons-nous les « chauves-souris », le « ruisseau préservé », l’« impact positif sur la qualité de l’air grâce à la maîtrise de l’évasion de la clientèle » et autres fariboles !
N’empêche, pour un coq condamné à chanter dans une bien triste basse-cour et que plus d’un rêverait de voir finir en barquette ou « au vin », le retour des hirondelles, avant le temps des cerises, quel bonheur, mais quel bonheur pour Chantecler !
C. S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 28 avril 2012