Billet d’humeur
Dernières impressions de campagne
« La situation présente, qui semble calme à qui ne pense pas,
est violente, qu’on ne s’y méprenne point.
Quand la moralité publique s’éclipse,
il se fait dans l’ordre social une ombre qui épouvante . »
Victor Hugo, Napoléon le Petit, 1852 en exil en Belgique
Un train peut en cacher un autre et beaucoup de mots ont un double sens. Ainsi du mot « impression » : impression de LURE sur jaune fluo ou impression bizzare d’un décervelage au-delà de toute raison ? Du mot « campagne » aussi : campagne électorale démocratique, informée et ouverte ou campagne offensive orchestrée et tapageuse où l’on « part au feu » pour la « maîtrise » des votes, après la « maîtrise foncière» de la zone du Charmoy acquise en coulisses début 2009 ?
Chez nous, le problème est encore simplifié, personne n’ayant consenti à porter le NON dans la campagne, comme si la négativité était une tare, comme si notre ville avait oublié le NON ! Bonjour les AuxonnOUIs ! Nous sommes tous des OUIstitis !
Il faudrait donc dire OUI à un dossier incertain plein d’omissions, acheter chat en poche, parce que des octogénaires patelins, hochant leurs têtes chenues, distribuent des OUI sur le marché sans autre forme d’argument, parce qu’on en distribue jusqu’à la sortie des écoles, parce que Tartanpion dit OUI et sa voisine aussi, parce que des pères de famille clament qu’à Auxonne la viande est avariée ou hors de prix et qu’ils diront OUI, qu’il faut dire OUI parce que de toute façon c’est cuit, parce qu’on affiche en OUI la nuit, parce que dans nos rues il arrive qu’on s’emballe pour le OUI et qu’à des vieillards ébahis on serine OUI- papy, OUI-mamie, parce que l’on a collé des OUI jusque sur le parking du cimetière (Ah ! si les morts pouvaient voter !), parce qu’il n’y a que le OUI, parce que les amateurs de choix et de concurrence ne font plus qu’un article, le OUI. Tout le monde s’habille en OUI et nos murs s’habillent en OUI. Quel ennOUI ! Quel cambOUIs !
Quel matraquage incitatif pour un simple avis indicatif sur une zone dont Leclerc a déjà la « maîtrise foncière ». Je ne pense pas qu’il ait changé d’avis et veuille en faire à présent un parc naturel, un lac artificiel, un port ou un terrain de golf. Alors pourquoi décider sans pouvoir de décision d’une chose déjà décidée ?
Si dans un restaurant, sans me demander mon avis, on me sert des frites et que, l’assiette servie, on me dit : « Monsieur désirez vous des frites ? » je renvoie l’assiette en cuisine parce qu’on s’est payé ma tête et que je suis un « consommateur » avisé. J’ai bien le droit d’aimer les pâtes !
Décidément çà empeste trop la frite! Patience on nous dira bientôt que Michael Jackson aimait les frites et que le Pape les aime aussi, et qu’hors des frites point de salut, que Dutronc a mis une frite dans son slip et c’est pour ça qu’il a la frite, que l’avenir est dans la frite et que la frite est encore moins chère que la frite !
Aux urnes citoyens ! Le OUI est en tête de gondole et la frite congelée discount est l’avenir de la République !
C. S. Rédacteur de Chantecler,
à Auxonne le 26 juin 2010