AUXONNE : 2 DÉCEMBRE, DATE IMPÉRIALE (2) - du 5 décembre 2024 (Jour 165 de la nouvelle ère de Chantecler)
Dans notre précédent article, nous avions pris le parti d'évoquer, dans les pas de Victor Hugo, un 2 décembre peu glorieux.
AUXONNE : 2 DÉCEMBRE, DATE IMPÉRIALE (1) - du 2 décembre 2024
On nous taxera volontiers à ce propos de pessimisme.
On le serait à moins ! Il suffit de contempler l'état de notre monde en cette fin d'année 2024. Les réciteurs de vœux de tout poil auront du pain sur la planche en janvier prochain ! Ils devront aller chercher bien loin au fond de leurs méninges des lendemains qui chantent ! Pas vrai Chantecler ?
Aujourd'hui, loin des grandes pages de l'Histoire avec sa grande H, nous voudrions évoquer un 2 décembre plus modeste et plus local qui ne devait pas finir dans le sang même s'il mit quelques rougeurs à la boutonnière d'un de nos anciens maires, napoléonien à double titre, fort respectable et dont notre ville conserve encore les preuves du talent en matière d'urbanisme et d'embellissements.
Non ! Pour une fois, nous ne parlerons pas de Claude Pichard (1795-1883) !
Mais de l'un de ses contemporains Jean-Charles-Louis Giret (1792-1869).
Aperçu rapide sur la biographie de Louis Giret qui, à la différence de Claude Pichard ne naquit pas à Auxonne mais en Normandie, précisément à Sées dans l'Orne. Après l'École polytechnique il fit une carrière d'officier dans l'artillerie de l'Empereur (quand Claude Pichard était Garde d'honneur de l'Empereur) puis du Roi.
Présent à Auxonne en 1820, affecté sans doute dans la garnison, il s'y marie le 30 octobre
avec Fançoise Duborgia fille de l'architecte-voyer de la Ville d'Auxonne, dont les amateurs d'histoire locale connaissent les plans. Il contribuera lui-même plus tard à l'embellissement de notre ville et de ses monuments ainsi qu'à à l'amélioration de sa voirie, ayant été maire d'Auxonne de 1852 à 1860 au début du Second Empire.
C'est donc à Louis Giret et à ses services que devaient échoir la tâche ardue du suivi de l'édification de la statue de Bonaparte et de l'organisation de son inauguration en décembre 1857.
Pour plus de détails on pourra consulter :
J. Bernard, Statue de Napoléon Ier à Auxonne, Auxonne, Saunié, 1857
F. Manceaux et P. Poirrier, dir., La statue de Bonaparte à Auxonne, Auxonne, 1995 (disponible à l'office du Tourisme)
Nous voudrions aujourd’hui apporter une petite contribution originale à ces monographies. La statue fut inaugurée le 20 décembre 1857. Mais dans les semaines précédant cette inauguration, on avait eu chaud…
Le 2 décembre 1857, précisément, le préfet adressait à Monsieur Giret, Maire d’Auxonne, une lettre (Archives municipales d’Auxonne K. 1-3). Encore un 2 décembre impérial, moins glorieux que celui de 1805, moins « saignant » que celui de 1851, mais quand même...
Le Maire d’Auxonne, contre toute attente, venait de mettre le préfet dans un profond embarras en lui annonçant de but en blanc, et à moins d’un mois de la date prévue pour l’inauguration, son intention de démissionner. Homme de cœur, Giret, l’ancien polytechnicien de 1810 et lieutenant d’Artillerie de la Grande Armée, s’était résolu à prendre cette décision pour le moins imprudente en apprenant que l’Empereur n’assisterait pas en personne à la cérémonie. Dans sa longue lettre du 2 décembre, le Préfet usait donc de tout son talent pour l’en dissuader, ce à quoi il parvint.
Par décret du 19 décembre 1857, Jean, Charles, Louis Giret (Chevalier de 1832) était nommé Officier dans l’ordre de la Légion d’Honneur pour prendre rang à dater du même jour (remise à Dijon le 20 février 1858 par le Préfet Baron de Bry).
Le lendemain, 20 décembre, on inaugurait la statue !
Tout est bien qui finit bien !
Les temps ont changé, la statue a toujours beaucoup de succès auprès des Auxonnais et des touristes. Et ce succès est parfaitement justifié !
Ça ne finit plus à présent par une rosette, mais par des selfie !
Claudi a peaufiné l'illustration du jour comme vous pourrez le constater. Pour une plus grande facilité de lecture il vous en offre une version en PDF
Le texte en rouge rapporté sur la gravure originale de l'inauguration est tiré d'une page mémorable à la gloire miltaire d'Auxonne et des Auxonnais.
Cette page, nous l'avons tirée de l'avant-propos d'un ouvrage de l 'érudit Joseph Bard (disponible sur Gallica) intitulé Essai d'un Plutarque miltaire de la Bourgogne. Nous en offrons le PDF à nos distingués lecteurs. Certains peut-être, en toute modestie, s'y reconnaîtront ?!
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 05 décembre 2024 (Jour 165 de la nouvelle ère de Chantecler)
Publié dans De pire Empire