AUXONNE, LE NOËL DE CHANTECLER SUIVI D'UN CONTE INÉDIT (6) - du 06 janvier 2023 (J+5498 après le vote négatif fondateur)
Aujourd'hui, c'est le jour du conte !
Nous l'annoncions hier, il est enfin écrit ! (notez au « passage » l'alexandrin bien balancé, à la façon de Victor)
AUXONNE, LE NOËL DE CHANTECLER SUIVI D'UN CONTE INÉDIT (5) - du 05 janvier 2023
J'ai passé deux nuits à l'écrire, et j'ai des cernes impériaux sous les yeux !
Ça commence mal ! T'as oublié de lui trouver un titre ! Gros bêta !
Vous avouerez quand même qu'un conte sans titre, c'est comme un régiment sans drapeau, ou un Napoléon sans chapeau !
Le choix du titre est essentiel dans une œuvre de fiction quelle que soit sa taille !
Tout éditeur vous dira ça et vous pondra le titre ronflant qui se vend, ce qui n'empêchera pas le lecteur de ronfler en lisant l'ouvrage soi-disant « passionnant » que lui a vanté la dithyrambique quatrième de couverture marketing taillée sur mesure !
Pour en revenir au choix de notre titre, nous tenons déjà, pour le déterminer, le cadre spatio-temporel dans lequel se situe notre conte de Noël : Auxonne, Rue des Halles, 24 décembre 2023 à l'approche de minuit.
Ne trouvez vous pas, après tout, que brut de décoffrage ça fait un titre béton (pas vrai Léo?).
D'un tel titre, on peut tout en attendre : miracle, crime, extase.... voire incendie de voitures, pour rester dans la réalité récente.
Votre serviteur qui était seul ce soir-là...
Je parle du 24 décembre, pas le jour de l'incendie où j'entendis péter les pneus dans mon lit où j'étais seul... avec Bianca.
Arrête Chantecler, on sent déjà que tu vas nous jouer « La petite fille aux allumettes »
Tu l'as dit bouffi ! Mais je suis pas du genre à pomper Andersen ! Moi, je fais du maison, je joue pas les Napoléon en faisant mon fanfaron. Mon petit conte, il est bien à moi, ce n'est pas une ressucée de « La petite fille aux allumettes », c'est « mon petit conte qui allume » !
Tiens ! « Mon petit conte qui allume » ! Ça pourrait faire un bon titre aussi, mais c'est pas vendeur pour un sou !
Après tout qu'importe, puisque nous sommes à l'heure des choix « Auxonne, Rue des Halles, 24 décembre 2023 à l'approche de minuit » ou « Mon petit conte qui allume » vous choisirez le titre qui vous convient !
Je vais pas, pour le coup, casser ma tirelire à payer un cabinet de com et vous infliger une votation. Une fois ça suffit ! Basta !
Attachez vos ceintures on entre à présent dans le conte !
Votre serviteur bien qu'il fût seul ce soir-là, avait mis néanmoins un point d'honneur à ne pas bouder la traditionnelle soirée de veille.
Mot d'ordre : « Ne pas se coucher avant minuit ! ».
Toutefois, Bianca s'étant lovée lascivement sur mes genoux, je somnolais un peu au coin du feu, à l'approche de minuit... Alors soucieux d'atteindre l'objectif : « Ne pas se coucher avant minuit ! », bon petit soldat, je suis sorti pour prendre l'air....
Et voilà que passant devant l'une des portes de l'Arsenal de Vauban, celle ouvrant sur la rue des Halles qui descend tout droit vers la rue Vauban, dans le silence de la nuit déserte, j'entends une rumeur qui monte de la rue Vauban.
Intrigué, je m'arrête, jetant un bref coup d’œil vers la descente sombre et déserte à travers l'arc monumental de la porte.
Dans cette obscurité, je distingue alors à une bonne centaine de mètres deux silhouettes visiblement masculines nimbées dans une phosphorescence et marchant côte à côte.
Ni une ni deux ! Je sors fissa de ma poche l'excellent petit Nikon que ma pauvre Martine m'a laissé en héritage.
J'entends le duo échanger des propos et j'en perçois quelques mots : Professeur Lombard, Traiteur Dumont [chacun sait que le professeur Lombard et le traiteur Dumont, habitants de la rue Vauban, qui s'appelait alors rue de Saône fournirent à Bonaparte lors de son séjour à Auxonne, le premier des nourritures intellectuelles, le second une nourriture très matérielle].
J'en déduis qu'il s'agit de deux touristes amateurs de l'Empereur arrivés tardivement et qui, pressés de découvrir les lieux que fréquentait Bonaparte, ont fait une reconnaissance nocturne avant de rentrer à leur hôtel.
Je me dis, que quand ils seront à ma portée je tenterai de combler leur curiosité apparemment très grande comme je le fais avec tant de touristes qui se baguenaudent en ville, de ceux qui ne marchent pas en troupeau et qui lèvent les yeux vers les monuments intéressants. Pas plus tard qu'hier je l'ai fait avec une sympathique famille d'Auxerre qui prenait une photo du Passage Xavier Girault.
Revenons à notre conte !
Le temps de penser à ma bonne résolution, je constate que mes touristes ont avancé, qu'ils sont à présent à portée de photo et sans complexe j'en prends une première réalisant alors qu'en cela je me fais touriste au second degré qui prend des photos de touristes. Ils sont encore loin, assez proches toutefois pour que je constate, malgré l'obscurité, qu'ils tiennent chacun à la main, un guide, un plan ou quelque chose du même genre.
Est-ce le rapprochement ou leur excitation croissante, j'entends à présent leurs intonations résonner, menaçantes, dans l'obscurité de la rue déserte :
« Musée Bonaparte » ! « Bibliothèque » !
Visiblement nos deux touristes ne sont pas du genre à se contenter de cartes postales et de goodies !
Il est vrai que si la petite histoire peut se trouver au tabac du coin, la grande ne peut se trouver que dans un musée digne de ce nom et un fonds d'ouvrages sérieux !
Du coup, je rectifie ma première hypothèse en me disant : il est évident que ces deux messieurs sont gens sérieux, arrivés sans doute depuis quelques jours, et qu'ils n'ont pu accéder aux lieux de conservation qu'ils comptaient bien visiter. Il est vrai que nous sommes en période de vacances !
N'en disons pas plus, nos lecteurs savent bien qu'il est des vacances qui se comptent, pour certains lieux, en années !
Je m'arrache à ces conjectures et réalise que nos deux quidams en colère foncent à présent directement sur moi, dans dix secondes ils me tomberont sur le paletot.
Bigre ! Ils sont en costume ! Mazette !
Je reconnais le Premier Consul et l'ancien maire de notre bonne ville qui l'a bien connu et loyalement servi, Claude-Xavier Girault.
Ils semblent ne pas m'avoir vu, n'ayant d'yeux que sur les papiers qu'ils tiennent à la main, et qui semblent avoir sur eux, et particulièrement sur l'excellent Claude, l'effet du chiffon rouge sur un taureau.
Fissa je me rencogne, aussi discrètement que possible, dans le cadre de la petite porte de la rue des Halles, et aussi sec je fais FOMEC BOT (je me camoufle en langage de mirlitaire).
Chers lecteurs, j'entends votre cœur battre la chamade, est-ce mon suspense ou l'uniforme qui vous impressionne à ce point !
Faisons une petite pause hygiénique, si vous le voulez bien, pour dissiper votre malaise. Et, avant de continuer, découvrons ensemble un petit antidote, plus sain que le quart de gnôle du poilu qui monte en ligne « à la fourchette », et qui vous rendra votre bonne humeur. Garanti ! Après cela, plus rien ne vous impressionnera !
https://www.youtube.com/watch?v=U1lQJ4Oc_VY
Ça va mieux ? Vous avez repris vos esprits ? Moi aussi ! Donc, je poursuis
Quelques mètres avant d'atteindre la porte monumentale de l'Arsenal, confirmant le peu d'intérêt qu'ils me portent, ils s'arrêtent et font un « à gauche... GAUCHE !» comme à la parade.
À présent, me tournant le dos, les voici face à la porte qui mène au premier étage des Halles dont le couloir conduit jusqu'au fond au Salon d'honneur des Halles ! Les services sont pourtant fermés ! Qui leur a donné la clef ?
Attention, je vais vous sécher ! Sans clef, « sans peur et sans reproche », nos deux gaillards, comme Bayard, à travers la porte jouent les passe-muraille !
Remis de mes émotions, je m'avance vers la porte que le duo historique vient de traverser, comme la mitraille traverse la chair à canon (pas vrai Ridley?!)
Si la porte a laissé passer les deux héros, les brochures qu'ils brandissaient, elles, ont été arrêtées comme le marc de café ou la lie dans le filtre ! Elles n'ont pas passé la porte, elles ne passeront pas non plus à la postérité, hors de notre blog, du moins !
Quelles brochures ? Vous les reconnaîtrez sur mon modeste reportage photo. Ce ne sont pas des curiosités rares de savantes bibliothèques et si vous ne les avez pas encore lues ce sera chose facile de les découvrir au format papier ou en ligne.
Je vous livre à présent mon petit reportage. Vous serez sans doute déçus de ne pas y découvrir les photos de nos deux héros. C'est que l'excellent petit Nikon de ma pauvre Martine qui a photographié archives et éléments du patrimoine, ne retient pas les images de fantômes. Mais je le répète, vous y reconnaîtrez les fameuses autant que fumeuses brochures qui révoltaient à juste titre ce pauvre Claude-Xavier !
Mais au fait, Chantecler, qu'allaient-ils donc faire là-haut, nos deux héros, dans ce salon où résonnent encore, dans les tristes nuits d'hiver, les affligeants échos du « remue-méninges » du 6 octobre 2022 ?
Comme disait Napoléon, un bon croquis vaut mieux qu'un long discours ! Pas vrai ? Alors vas-y Claudi sort ta superbe image ! Et pan dans la « binette », à boulets rouges, à la façon de Ridley !
PS
Sans entrer dans le détail et sans rapport particulier avec le présent conte d'ailleurs, notre rédaction a découvert dans la presse locale d'hier un fait divers particulièrement tragique dont le meilleur rapporteur post mortem était le disparu lui-même.
Cet homme nous était inconnu. Nous souhaitons tout de même rendre hommage à la force de son écriture dont la presse a publié des extraits. Pour nous, une authentique perle noire émergeant d'un océan de broutilles ! RIP
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 06 janvier 2024 (J+5498 après le vote négatif fondateur)
Publié dans Curiositeries