CAHIERS DE VACANCES À CHARMOY-CITY : VACCINATION ET HISTOIRE (4) - du 19 août 2021 (J+4628 après le vote négatif fondateur)
Notre précédent « cahier de vacances », le troisième, avait mis en lumière l’estime et l’attachement que Napoléon portait à sa sœur cadette, la princesse Elisa.
CAHIERS DE VACANCES À CHARMOY-CITY : VACCINATION ET HISTOIRE (3) - du 16 août 2021
Le second avait révélé l’œuvre de la princesse en matière de vaccination
CAHIERS DE VACANCES À CHARMOY-CITY : VACCINATION ET HISTOIRE (2) - du 12 août 2021
En ce qui concerne la suite, nos furetages autour de l’histoire de la vaccine et de l’épopée napoléonienne nous ont conduit à la rencontre d’un médecin militaire : Jean-Claude-Anthelme Peysson, plus souvent désigné sous le nom d’Anthelme Peysson dont les écrits et les actes nous ont semblé dignes d’examen.
Anthelme Peysson (1786-1848) naît à Seyssel (Ain) d’un père médecin. C’est un contemporain du médecin auxonnais Jean-Baptiste Bolut (1798-1873), et comme lui un ardent partisan de la vaccine, comme nous le verrons dans le prochain et dernier « cahier de vacances »
ALBUM « J.-B. BOLUT (1798-1873), le vaccinateur auxonnais aux trois médailles »
Pour l’heure consacrons le présent « cahier de vacances » à suivre les premiers pas du jeune médecin Anthelme Peysson dans la carrière. Il soutient sa thèse en 1806, à Montpellier, comme l’avait fait avant lui son père Joseph Peysson.
Le 25 mars 1807, à l’âge de 21 ans, Anthelme prend du service dans la Grande Armée au titre de médecin adjoint et rejoint l’armée de Pologne dans les hôpitaux de Thorn.
Moins d’un an plus tard, le 27 janvier 1808 c’est l’armée d’Espagne qu’il rejoint au titre de médecin ordinaire. À propos de cette période, nous avons tiré de sa nécrologie (Journal de médecine de Lyon, 2ième série Tome III n° 13 -janvier 1848) quelques éléments intéressants.
Le médecin ordinaire Anthelme Peysson sert dans les hôpitaux de Madrid, Séville, Tolède et Grenade. En 1812, lors de la retraite d’Andalousie il est nommé, par le Maréchal Soult, président d’une commission chargée de combattre une épidémie de fièvre jaune sévissant dans la région de Murcie, plus précisément à Ziégar, Kumilia et Jéclan [ N.D.L.R. : Cieza Jumilla et Yecla dans la nomenclature actuelle]. Si l’on en croit l’article nécrologique cité, il parvient à juguler l’épidémie en six semaines, ce qui lui vaut d’être félicité publiquement par l’Inspecteur-Général de Santé Coste (1741-1819).
À la suite de son expérience espagnole, Anthelme Peysson publiera en 1818 un mémoire intitulé : Histoire de la fièvre jaune qui fut observée parmi les troupes françaises en Espagne en 1812. Le Nouveau journal de médecine, pharmacie et chirurgie de janvier 1819 rendra compte de la publication en mentionnant que « M. Peysson croit à la contagion de la fièvre jaune ».
En fait, la fièvre jaune, maladie virale comme la variole ou la COVID, n’est pas à proprement parler contagieuse car elle ne peut être transmise d’homme à homme sans l’entremise d’un moustique, hôte intermédiaire et vecteur du virus.
Des vaccins contre la fièvre jaune ne seront mis au point que dans la première moitié du siècle dernier.
En ce qui concerne la variole, d’étiologie beaucoup moins énigmatique vers 1800 que la fièvre jaune, le vaccin existait dès la fin du XVIIIième siècle, et nous verrons dans notre prochain « cahier de vacances » le zèle qu’Anthelme Peysson, mit, à la suite de son père, à en promouvoir l’usage et la diffusion.
Toujours dans le cadre des guerres napoléoniennes, empruntons à l’historien de la médecine Jean Théodoridès cette remarque, rien moins qu’anecdotique à propos de la fièvre jaune : « l’épidémie de Saint-Domingue (Haïti) […] décima le corps expéditionnaire français envoyé par Napoléon pour la reconquête de l’île en faisant 29 000 morts parmi les 33 000 soldats et marins le composant. C’est cet échec qui détermina la France à vendre la Louisiane aux États-Unis » ( Jean Théodoridès Des miasmes aux virus, Paris, Pariente)
En attendant, Claudi s’est mis en quatre pour vous offrir aujourd’hui une illustration inédite de l’action du médecin ordinaire Anthelme Peysson lors de l’épidémie de fièvre jaune dans le secteur de Murcie en 1812.
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 19 août 2021 (J+4628 après le vote négatif fondateur)
Publié dans Visions d’histoire