FRANCE-ITALIE 1897 (5) - du 14 août 2018 (J+3527 après le vote négatif fondateur)
Nous voici en plein creux du 15 août, la pause universelle avant le grand retour. Fermons donc, pour l’heure au moins, la vanne du feuilleton du bassin écrêteur, pour en revenir à un autre feuilleton laissé inachevé.
Souviens-toi, cher lecteur, en juin dernier, la copie se faisant rare en matière de chroniques charmoysiennes, nous avions mis en chantier notre feuilleton inédit « France-Italie 1897 ».
C’était sans compter sur la parution début juillet, du dernier numéro d’Inf’Auxonne, notre trimestriel préféré, dont l’Édito, et surtout la « Tribune libre » devaient se révéler, à la lecture, de véritables mines d’inspiration.
Du coup, notre feuilleton inédit « France-Italie 1897 » est resté en plan depuis plus d’un mois, car il n’était pas terminé !
Nous ignorons s’il se trouve, quelque part dans le vaste monde, un lecteur qui en attende la suite, mais qu’importe, si ce lecteur existe il a le droit de connaître la suite !
Et c’est aujourd’hui justement qu’il connaîtra la suite ! Et du même coup la fin car nous n’avons prévu que cinq épisodes.
Et pourquoi spécialement aujourd’hui quand tout le monde est en vacances ?
Et qu’il est donc temps d’en profiter pour oublier les vieilles affaires avant de passer à autre chose, pour se remettre en marche d’un bon pied, le petit doigt sur la couture du pantalon, et à marches forcées derrière le nouveau Bonaparte….
NAPOLÉON ET SON GAVROCHE - du 11 août 2018
Pourquoi spécialement aujourd’hui, donc ?
C’est qu’interrompant un instant nos méditations hydraulico-hugoliennes, nous avons soudain réalisé que nous étions aujourd’hui précisément à la veille du 119ème anniversaire de l’évènement sur lequel nous devions conclure notre feuilleton « France-Italie 1897 ». Occasion rêvée de remettre notre ouvrage sur le métier et du même coup sur la toile !
Rappelons que le précédent épisode se terminait sur les suites de l’article du Prince Henri d’Orléans paru dans Le Figaro du 3 juillet 1897, article qui devait faire grand scandale en Italie.
FRANCE-ITALIE 1897 (4) - du 07 juillet 2018
Le duel qui devait s’ensuivre immanquablement eut lieu le 15 août 1897 à 5 heures du matin à Vaucresson près de Versailles au lieu-dit Le Bois des Maréchaux ;
Disons seulement, comme l’indique Le Figaro du 16 août 1897, dans un long article à la une, qu’il se termina par la victoire du Comte de Turin.
Nous proposons aux curieux de détails la lecture de cette une du Figaro du 16 août 1897 qui n’en manque pas !
Ça les changera, pour sûr, de la PQL, de ses foires au navet à Neuneu et des débats autour des déjections canines. La presse d’alors avait du chien et pas que du « chien écrasé » ! On a la presse qu’on mérite mon bon monsieur !
En l’occurrence, la lecture de cette archive est beaucoup plus exacte et instructive que celle de Wikipédia en langue française qui indique dans la version actuelle de son article intitulé « Victor-Emmanuel de Savoie-Aoste » : « Le comte de Turin a été blessé à l'abdomen par son adversaire qui remporte le duel après 26 minutes. » Voilà une fake-news italophobe qui ne manque pas d’estomac !
Traduttore, traditore !! La version italienne « Vittorio Emanuele di Savoia-Aosta » est heureusement plus exacte et ne manque pas d’une note lyrique que nous rapportons ici :
« Il Pascoli, riflettendo l'emozione che il duello del Conte di Torino con il principe francese sollevò in Italia, dedicò all'evento il seguente componimento, intitolato "Le due spade": "Io sentii nel mio cuore il minimo murmure, che era la gran voce del popolo italico; e diceva: "Conte di Torino, a fondo! Bravo! Hai vinto, ho vinto. Io sono un povero popolo. Ma principe italiano Voi solo sapete che io ho meritato di essere rappresentato da Voi". (in "Scritti inediti e sparsi")”. »
Nous en proposons cette traduction : « Pascoli [N.D.L.R. Giovanni Pascoli (1855-1912) poète italien proche du mouvement anarcho-socialiste et figure emblématique de la littérature italienne de la fin du 19ème siècle], faisant écho à l’émotion que le duel du Comte de Turin contre le prince français avait suscité en Italie, consacra à l’évènement l’écrit suivant intitulé « Les deux épées» : « Je sentis dans mon cœur le petit murmure, qui était la grande voix du peuple italique [N.D.L.R. : l’emploi de l’adjectif italique pour italien confère au texte une note antique et poétique] ; et il disait : « Comte de Turin, à fond ! Bravo ! Tu as vaincu, j’ai vaincu. Je suis un peuple pauvre. Mais prince italien Vous seul savez que j’ai mérité d’être représenté par Vous » (dans «Écrits inédits et épars »). »
La victoire du « prince italien » chantée par le poète italien proche du mouvement anarcho-socialiste, voilà une cohésion nationale introuvable, capable de faire rêver nombre de nos politiques ! Encore mieux qu’un mondial chez le Tsar !
Alors Messeigneurs, une idée : « À vos épées ! »
Et pour finir, en honneur au vainqueur, une rencontre musicale France-Italie inédite sur un air que le Comte de Turin connaissait sans doute bien ! Un morceau de bravoure célèbre d’opéra italien, qui résonna pour la première fois à la Scala de Milan en 1872, et qui fut adopté dans les années 1940 par l’armée française !
Pas mal ! L’Italie a quand même du bon !
https://www.youtube.com/watch?v=HCX98L7sF8s
Bravo e ciaò Conte di Torino !
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 14 août 2018 (J+3527 après le vote négatif fondateur)
Publié dans Feuilleton