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6 septembre 2017 3 06 /09 /septembre /2017 09:05

BONAPARTE À AUXONNE ou le Promeneur Solitaire Corse (4) - du 06 septembre 2017 (J+3185 après le vote négatif fondateur)

     Après une interruption due à une actualité locale captivante, nous reprenons notre série « BONAPARTE À AUXONNE ou le Promeneur Solitaire Corse ».

     C’est un jeune Bonaparte studieux – rentrée oblige – que nous vous présenterons aujourd’hui.

     Dans notre siècle où la lecture et l’écriture de bonne tenue ont perdu beaucoup de leur prestige, la rage d’écrire et la soif de lecture du jeune Bonaparte paraîtront à nos lecteurs, et surtout aux siens, encore plus formidable !

      Mais attention ! Prétendre, de notre part, démontrer ce fait serait comme défoncer une porte depuis longtemps largement ouverte.

      Il y a plus d’un siècle, Frédéric Masson (Frédéric Masson et Guido Biagi, Napoléon manuscrits inédits (1786-1791), Paris, Ollendorf, 1914 [1ère édition Paris, Ollendorf, 1895]),  cité et repris par le Baron Joseph du Teil (Napoléon Bonaparte et les généraux du Teil, Paris, Picard, 1897 pp. 75 et 76) et le commandant Maurice Bois (Napoléon Bonaparte  lieutenant d’artillerie à Auxonne, Paris, Flammarion, 1898, pp. 45-47), publiait les manuscrits de jeunesse de Bonaparte.

     C’est environ 500 pages d’inédits du jeune Bonaparte, écrits essentiellement à Auxonne, que Frédéric Masson livrait ainsi au public dans son ouvrage.

     La lecture de ces notes manuscrites, dont la plupart sont des notes de lecture, permet au curieux de faire un bilan des nombreux ouvrages lus ou consultés par Bonaparte. Elle nous renseigne aussi sur les réflexions personnelles qu’il en tire. Le cadre de notre article est malheureusement trop étroit pour entrer dans le détail.

    On ne sera pas étonné de trouver dans ces manuscrits, des notes sur l’artillerie (40 pages), des notes et des écrits personnels sur la Corse (80 pages). De ces sujets spécifiques nous traiterons dans de prochains articles.

      Pour le reste, une majorité de notes sur des ouvrages et sujets historiques divers, dont près de 80 pages consacrées à l’Histoire nouvelle et impartiale d’Angleterre de Barrow, Paris, Costard, 1771-1773 (traduction française en 10 volumes) ainsi qu’à l’ébauche d’une nouvelle intitulée Le Comte d’Essex et inspirée à Bonaparte par le dernier volume de l’ouvrage.

     Frédéric Masson a le grand mérite de relier les notes aux ouvrages dont elles ont pu être  tirées, car Bonaparte cite rarement ses sources. À propos des Notes tirées de l’histoire du roi Frédéric II datées de décembre 1788, Masson écrit en note (Op.cit. p. 228) : « Je n’ai point retrouvé de quel ouvrage Napoléon avait pris ces notes ».

    En hommage à Masson nous nous permettrons d’indiquer qu’elles ont été très vraisemblablement tirées de Jean Charles Thibault de LAVAUX, Vie de Frédéric II Roi de Prusse, Strasbourg, Treuttel, 1787 (4 vol. in-12). Un passage du manuscrit que nous avons retrouvé identique dans l’ouvrage de Lavaux,  nous permet de l’affirmer : « son père lui avait laissé une population de 2.240.000 hommes, un revenu de 48.000.000 livres, un trésor de 80.000.000 l., une armée de 80.000 hommes » (Op.cit. p. 229) 

      Nous interromprons là, une énumération qui pourrait être fastidieuse, préférant relater en bref le destin rocambolesque des manuscrits de jeunesse de Bonaparte aujourd’hui conservés à  la Bibliothèque laurentienne de Florence en Italie. C’est encore Frédéric Masson qui nous inspirera ici (Op.cit. Introduction pp. I à X). 

    Après les Cent-Jours, en 1815, les manuscrits furent emportés à Rome, dans un carton scellé, par le Cardinal Fesch, oncle de Bonaparte, à qui celui-ci les avait confiés expressément. Souvenez-vous, c’est à ce même oncle que Bonaparte racontait en 1788 ses exploits au Polygone.

BONAPARTE À AUXONNE ou le Promeneur Solitaire Corse (2) - du 30 août 2017

     Et le carton resta ainsi ficelé et scellé jusqu’à la mort du cardinal en 1839. Après ce décès, Masson rapporte que « son grand vicaire et futur biographe, l’abbé Lyonnet, s’empara du carton, ainsi que de quantité d’autres papiers, et rapporta son butin à Lyon ».

     En 1840, le prince Charles-Lucien Bonaparte se trouvant passer par Lyon, l’abbé Lyonnet « pris de tardifs scrupules », procéda à l’ouverture du carton en présence du prince. Ce dernier ne vit apparemment pas l’intérêt de ces papiers et notre abbé en garda la disposition.

    C’est alors que le bien-nommé Comte Libri, collectionneur célèbre et prédateur notoire, en fit l’acquisition auprès de l’abbé, au bénéfice  des pauvres.

      Par la suite, le Comte Libri  fera part de sa trouvaille, tout en en donnant des extraits, en 1842 dans la Revue des Deux-Mondes,  puis en 1843 dans l’Illustration.

     Masson écrit sans indulgence que par cette publicité notre Comte « visait à amorcer quelque amateur généreux auquel il vendît le plus cher possible les autographes ». Les curieux pourront lire aussi la version des faits du Comte Libri en page 38 du numéro 2 de 1843 de l’Illustration.

   Par la suite, le Comte vendit quelques cahiers originaux à divers acheteurs semble-t-il, mais pour l’essentiel en 1847 au comte d’Ashburnham, célèbre collectionneur et bibliophile anglais.

       Précisons que dans cette vente, les papiers de jeunesse de Bonaparte ne constituaient qu’une infime partie d’un ensemble prestigieux de manuscrits plus anciens, dérobés pour la plupart dans les bibliothèques françaises et italiennes par le Comte Libri.

     En 1884, le fils du comte d’Ashburnham vendait à l’Italie cette importante collection de manuscrits précieux. Dans cette vente pour 675.000 francs-or, les papiers de jeunesse de Bonaparte ne constituaient que le lot n° 1873 parmi près de 2000.

     Frédéric Masson avait suivi toute l’affaire. Pour finir, après avoir longuement étudié ces manuscrits en collaboration avec l’érudit italien Guido Biagi, il les publiait en 1895.

     Claudi a illustré le « versant anglais » de la passion studieuse du jeune Bonaparte. Rappelons qu’avant de devenir l’ennemi juré de « la perfide Albion » qui le lui rendit bien, Bonaparte  avait été d’abord l’admirateur de ses institutions et de sa littérature.

    Permettez-nous de penser que si Frédéric Masson vivait encore, ce curieux, dans le bon sens du terme, n’aurait sans doute pas dédaigné de jeter un œil sur une autre péripétie – actuelle cette dernière – de l’histoire de la mémoire de Napoléon Bonaparte. L’Histoire jugera !

ALBUM UN PSC POUR BONAPARTE- du 14 août 2017    

Bonaparte à Auxonne, PSC n° 4   Parcours Studieux à la Caserne

Bonaparte à Auxonne, PSC n° 4 Parcours Studieux à la Caserne

C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 06 septembre 2017 (J+3185 après le vote négatif fondateur)

Publié dans Feuilleton 7

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Publié par Claude Speranza, Auxonnais - dans Feuilleton 7