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16 février 2017 4 16 /02 /février /2017 07:44

UN VIADUC POUR L’AVENIR : 2ème ÉPISODE - du 16 février 2017 (J+2983 après le vote négatif fondateur)

Nous poursuivons aujourd’hui notre lecture de quelques morceaux choisis de l’ouvrage de José Herbert, cet « instituteur impertinent », intitulé Signé la grande faucheuse et paru en 2009 aux éditions ATRIA

Rappelons que Roméo et Juliette, « après moult recherches, [avaient trouvé] leur bonheur dans le fond d’une petite vallée. Une vieille bâtisse, bien conservée, s’adossant à la pente d’un côté, côtoyant la rivière de l’autre côté. »

Mais laissons José Herbert poursuivre son récit :

« Un jour, une rumeur, surgie de nulle part, comme toutes les rumeurs, s’infiltra furtivement, à petits coups de langue, d’abord au bistrot, sur la place publique, puis elle fila comme une traînée de poudre […]. Il paraîtrait que l’on construirait un viaduc au-dessus de la vallée. […] Cette rumeur fit le tour du village et alimenta les conversations, sur les [trottoirs du centre-bourg] et aux réunions du conseil municipal. »

Quand un projet est en route, c’est comme une bonne soupe qui mijote, il est difficile d’en cacher le fumet, même si l’on est d’un naturel très « discret ». Et le fumet d’une bonne soupe, ça excite les gros appétits, même s’il y a toujours quelques difficiles pour faire la fine bouche…. Et pourtant ce José Herbert il a l’art et la manière de vous mettre l’eau à la bouche

« Comme d’habitude en matière de polémique, les uns furent pour, disant que quelques emplois pourraient être créés à la sortie du viaduc, par exemple une auberge, à l’auberge du viaduc, pensa Monsieur le Maire, par exemple aussi un magasin de souvenirs, la supérette du viaduc, pensa derechef Monsieur le Maire, et il vit dans sa tête les étals garnis de petits fromages de chèvre, les cendriers, les pense-bêtes, les cadres, les poteries, les bracelets en bois ou en cuir, les pots de confiture, de miel, les bouteilles de rosé, tous ces produits estampillés par la représentation d’un viaduc miniature sur leur étiquette. Un artisanat local pourrait ainsi se développer. »

« Monsieur le Maire et le conseil municipal, lors de la séance mensuelle dans la salle des mariages, levèrent les yeux au ciel et virent en pensée Lourdes, Saint-Tropez, le Mont Saint-Michel, Rocamadour, le château de Versailles. La notoriété, la reconnaissance de milliers de touristes et l’argent s’accumulant dans les tiroirs de la mairie. »

Les paris sont ouverts, le développement est à l’ordre du jour et Monsieur le Maire voit déjà dans sa tête le viaduc (autrement dit, il a un viaduc entre les deux oreilles !), son auberge et sa supérette. De quoi attirer du monde et revitaliser le centre-bourg.

Quid à présent de Roméo et Juliette, les heureux acquéreurs d’« une vieille bâtisse, bien conservée » qui coulent des jours paisibles « dans le fond d’une petite vallée ».

Nous les retrouvons, promis juré, dans notre prochain épisode (À suivre)

 

Aujourd’hui, en supplément gratuit (notre rédaction ne fait pas de piges de luxe à la Revue du Beau Monde) :

Petit feuilleton de la campagne avec Guillaume Apollinaire : Le Bien Public publiait, hier 15 février, un article intitulé : « Alain Houpert appelle de nouveau au retrait de François Fillon ». À la fin de l’article on apprenait l’annulation d’un meeting de campagne prévu pour aujourd’hui à Saint-Apollinaire. Ce meeting devait être tenu par Thierry Solère, porte-parole de François Fillon.

Le Canard enchaîné (toujours lui) titrait hier, à propos de problèmes fiscaux supposés du héraut de Monsieur Fillon : « La justice lance un missile Solère sur la campagne de Fillon » et pour faire bonne mesure, le journal indiscret, rapportait la remarque faite par Nadine Morano le « 9 février à 11 heures » à la sortie de la « buvette de l’Assemblée nationale » aux deux Éric, Woerth et Ciotti : « Fillon, il est en train de transformer notre parti en secte du Temple solaire [N.D.L.R. secte suicidaire] »

Les mânes du poète Apollinaire, qui aimait le camembert et les calembours, et qui n’était pas un saint mais un courageux artilleur ont dû en être troublées. Il est vrai que Guillaume était dans l’artillerie de campagne et pas dans l’artillerie sol-air, les ceusses qu’on appelle les pisse-en-l’air. En 1915, dans la campagne de Champagne qu’il faisait au trop et au galop, il ne faisait pas de grands discours creux, mais de touchants poèmes :

« ... J’ai tant aimé les Arts que je suis artilleur

Il a bien fait mauvais aujourd’hui c’est meilleur

J’ai sur un grand cheval fait six heures de route

Genoux en sang mais que voulez-vous que ça foute

Tant d’hommes sur le front meurent en ce moment

Que c’est un vrai plaisir de saigner seulement

L’artillerie est l’art de mesurer les angles

Et l’équitation de bien serrer les sangles

L’art du canon est l’art de tout bien mesurer

Avec l’astronomie on le peut comparer

Voilà tout le secret de la guerre où nous sommes

Le reste est dans la joie et la vertu des hommes ... »

Guillaume Apollinaire, Poèmes épistolaires (1915)

Eh oui ! Mon brave Guillaume, comme tu dis « Le reste est dans la joie et la vertu des hommes ». Tu galopais alors, traînant ton canon dans le creux des sillons de la campagne. Guillaume, mon brave Guillaume, je crois qu’aujourd’hui, on est bien mal partis !

Un viaduc pour l'avenir (2)

Un viaduc pour l'avenir (2)

C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 16 février 2017 (J+2983 après le vote négatif fondateur)

Publié dans Feuilleton 6

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Publié par Claude Speranza, Auxonnais - dans Feuilleton 6