SAMUEL JOHNSON, ÇA DÉPOTE ! - du 31 DÉCEMBRE 2014 (J+2205 après le vote négatif fondateur)
Chantecler remercie ses fidèles lecteurs/trices de leur assiduité et leur présente ses meilleurs vœux pour la nouvelle année 2015.
À propos d’assiduité et de vœux, je voudrais vous offrir cette belle maxime de Samuel Johnson dont je vous avais promis de reparler dans le précédent article :
« Peu de choses sont impossibles à qui est assidu et compétent ... Les grandes œuvres jaillissent non de la force mais de la persévérance. » [Samuel Johnson]
Je dois d’abord vous avouer que je l’ai piquée…. Non, pas dans les rayons d’un de ces hypermarchés de la citation prête-à-porter qui pullulent sur le net et dont elle venait sans doute.
Plus précisément, je l’ai découverte il y a peu sur un blog, mise en exergue et illustrant des vœux pour 2014 d’une personnalité politique locale récemment évoquée dans nos colonnes. À noter que les rues de ce blog paraissent presque aussi désertes que celle qu’un centre-bourg après l’installation d’un hypermarché dans sa périphérie. Samuel Johnson, dont l’humour était, comme nous allons le voir, assez ravageur, n’aurait sans doute pas dédaigné le parallèle.
Votre serviteur a, comme chacun sait, l’esprit mal tourné, et cette référence éclectique à l’assiduité et à la persévérance m’a d’abord fait irrésistiblement penser à la récente CDAC, la sixième des Commissions d’aménagement commercial relative au projet d’hyper au Charmoy. Six commissions pour un projet, cela ne doit pas tout de même pas courir les rues des beaux quartiers friqués des magnats de la grande distribution !
S’il faut bien reconnaître que le promoteur fait preuve d’une grande persévérance, on doit en revanche remarquer que notre personnalité politique locale, à l’évidence amateur éclairé de belles paroles et de maximes édifiantes, n’a pas fait preuve de la même persévérance dans ses votes successifs en CDAC qui se révèlent au bout du compte… tous différents !
Vous savez que votre serviteur est de nature curieuse et…. persévérante, et vous comprendrez bien qu’il se demandait ce qu’aurait bien pu dire Samuel Johnson d’une telle versatilité, d’un tel girouettisme chronique ! J’étais dans cette interrogation, lorsque Philippe Meyer – qu’il en soit remercié – m’a offert une aubaine inattendue dans son émission l’Esprit Public du 28 décembre dernier sur France-Culture (ca 55ème minute de l’émission) en citant justement… Samuel Johnson : « Les gens n’ont pas besoin qu’ont leur fasse la morale, ils ont besoin qu’on leur rafraîchisse la mémoire ». Pas mal ! Qu’en dites-vous ?
Cela m’a franchement mis en appétit et m’a engagé à faire plus ample connaissance avec celui qu’on appelle souvent le « Dr Johnson » pour le distinguer de Ben Jonson son homonyme et prédécesseur célèbre.
Samuel Johnson, dont le courage moral et la probité intellectuelle sont soulignés par ses biographes fut un poète, un moraliste et un lexicographe auteur d’un Dictionnaire de la langue anglaise (1747-1755). Certaines définitions ironiques de ce célèbre dictionnaire témoignent, chez leur auteur, d’un génie facétieux et caustique : « Avoine : Céréale qui, en Angleterre est généralement donnée aux chevaux, mais qui, en Écosse, sert à nourrir les gens » ; « Pension : rente faite à quelqu’un sans justification. En Angleterre [le terme] est généralement utilisé pour désigner la rétribution donnée à un mercenaire d’État pour avoir trahi son pays ». (Cité d’après Maurice Denuzière dans Johnson et Boswell, Voyage dans les Hébrides, Paris, 1991). Samuel Johnson, ça dépote !
Dommage que le bon Dr Johnson soit né trop tôt, on imagine l’exemple réjouissant qu’il aurait pu puiser dans l’affaire du Charmoy pour illustrer l’article « Commission » de son dictionnaire.
Par bonheur, Claudi n’est jamais à court d’imagination, et dans cette affaire, Dieu sait qu’il en faut ! Il s’est d’abord mis dans la peau de Mac Clawdee, l’un des cinq copistes écossais assistant le maître dans son écrasante tâche lexicographique, puis, pour répondre à la définition « Avoine » qui charrie visiblement les Écossais, il a attribué sans vergogne au bon Dr Johnson un exemple apocryphe pour illustrer l’article « Commission »
« Commission » : Comme les œufs, il en faut une demi-douzaine pour réussir l’omelette au Charmoy.
L’illustration du jour met en scène Samuel Johnson découvrant cet exemple, lors de son célèbre voyage dans les Highlands du Charmoy !
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 31 Décembre 2014 (J+2205 après le vote négatif fondateur)