BONAPARTE À AUXONNE ou le Promeneur Solitaire Corse (3) - du 1er septembre 2017 (J+3180 après le vote négatif fondateur)
Nous avions laissé le lieutenant Bonaparte à ses ouvrages et expériences d’artillerie au polygone de Tillenay.
Un petit mot d’abord sur ces « expériences d’artillerie » qui méritaient bien leur nom car il s’agissait d’y expérimenter un usage bien particulier des pièces : canons d’une part, destinés au tir direct, mortiers d’autre part, destinés au tir courbe indirect sur des objectifs masqués.
Cet usage particulier, mentionné d’abord par Lombard dans ses Tables du tir des canons et des obusiers (1787), puis par Bonaparte dans un mémoire manuscrit de mars 1789, est décrit la même année dans la première édition de l’Aide-mémoire à l’usage des officiers d’artillerie de Gassendi, la « bible » de l’arme.
Il s’agissait en résumé d’utiliser les canons comme mortiers en dressant leurs tubes, en les calant sur des chantiers et en fichant leur culasse en terre. Cet usage inhabituel du canon était expérimenté depuis plusieurs années dans les écoles d’artillerie en vue de pallier un manque de mortiers en campagne, lors d’un siège. Un tube de canon, ainsi installé, pouvait tirer en tir indirect de bombardement une bombe de calibre double ou presque du sien.
Et comme vous allez le voir, très simplement ! Lombard relate ainsi, à propos de la campagne d’expériences de 1786 : « Pour fixer la bombe sur la bouche du canon […] une simple ficelle est tout ce qu’il faut. […] Deux bouts de ficelle attachée, d’une part, aux anses de la bombe, et de l’autre à une ceinture de corde arrêtée par la saillie de la moulure la plus proche, ont suffi pour assujettir la bombe sur la bouche du canon qu’elle bouchait exactement » (Lombard, Tables du tir des canons et des obusiers (1787), p. 164).
C’était, vous l’avouerez, tout de même moins compliqué que de faire « aboutir » un PSC !
Il s’agissait encore de tirer des bombes de 8 pouces (21,6 cm) dans des mortiers de 10 ou 12 pouces (27 ou 32,5 cm), donc de calibres nettement supérieurs en calant ces bombes par des éclisses de bois ou de la terre. L’artillerie qu’expérimentait Bonaparte au polygone de Tillenay était donc une arme éminemment rustique et adaptable.
Ce polygone pentagonal était construit en bordure de la route inondable joignant Auxonne à Tillenay et qui longe la Saône. Il en subsiste aujourd’hui le pavillon des officiers, modifié au 19ème siècle, actuellement propriété privée, et qui a gardé l’appellation Le Polygone.
Les feux des pièces, établies sur un seul des cotés du polygone, étaient dirigés dans une direction générale ouest au-dessus de prairies inondables. Les projectiles allaient se perdre cinq à six cent mètres plus loin dans une butte naturelle en contrebas de la route non inondable joignant Tillenay à l’actuelle D905.
Au voisinage du croisement de ces deux routes, à un kilomètre à vol d’oiseau du Polygone, se trouve la Chapelle de la Levée. Cette chapelle était l’un des lieux de promenade favori de Bonaparte. D’Auxonne on y accède, comme devait déjà le faire Bonaparte, en empruntant la grande route de Dijon non inondable de La Levée (actuelle D 905 ombragée de platanes séculaires) passant sur ses huit ponts au-dessus d’une zone humide.
Sur l’un des bas-reliefs ornant le socle de la statue de Bonaparte, le sculpteur Jouffroy, pour les besoins de sa composition, a figuré arbitrairement la Chapelle de la Levée au voisinage du fameux chêne de La Cour, en réalité éloigné de 5 à 6 kilomètres.
Aujourd’hui, Bonaparte n’est pas de tir au Polygone, la campagne d’expériences du mois d’août est terminée.
BONAPARTE À AUXONNE ou le Promeneur Solitaire Corse (2) - du 30 août 2017
Claudi nous emmène à sa rencontre dans une « Promenade Solitaire à la Chapelle ».
L’été touche à sa fin. Dans un champ non loin de là, Gustave et Rosalie, un couple de paysans bien connu des Auxonnais, ont interrompu leur travail d’arrachage des pommes de terre pour la prière de l’Angélus du soir.
Dernière minute : Le Bien Public de ce matin titre « CÔTE D’OR SANTÉ AUXONNE : un module pour en finir avec les troubles du sommeil ».
Sous ce titre, on peut lire : « La rentrée arrive et charrie comme chaque année son lot de nouveautés. Le Centre communal d’action sociale (CCAS) d’Auxonne n’échappe pas à la règle et s’apprête à donner le départ d’un nouveau cycle consacré au sommeil. […] Le module s’intitule « Bien dormir, bien vieillir, bien vivre » ».
L’ « heureux Léthé, ce fleuve enchanté, qui coule ici parmi les fleurs », pour reprendre les paroles du célèbre opéra Castor et Pollux (1754) du Dijonnais Rameau, va donc « charrier » son lot d’heureux dormeurs !
Faut pas « charrier » ! On n’en finit pas de nous endormir !
Moralité : Vive le PSC ! (Profond Sommeil Communal !)
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 1er septembre 2017 (J+3180 après le vote négatif fondateur)
Publié dans Feuilleton 7