Y’A PAS PHOTO ! - du 06 JANVIER 2016 (J+2576 après le vote négatif fondateur)
De bon matin j’ai ouvert mon ordinateur pour y entreprendre ce qui, selon Hegel, a remplacé pour l’homme moderne la prière du matin, comprenez, la lecture des journaux quotidiens !
La citation est authentique. Ajoutons à cela que Hegel lui-même fut journaliste. Après la bataille d'Iéna en 1806, le philosophe, tout en saluant le triomphe de Napoléon, dut quitter la ville d'Iéna pour Bamberg où il devint le rédacteur du quotidien Die Bamberger Zeitung (La Gazette de Bamberg). Cette fonction lui permettait d’assurer l'ordinaire. En février 1807, il écrivait à son ami le philosophe Schelling « si cet emploi lui-même pouvait ne pas apparaître tout à fait convenable aux yeux du monde, du moins il n'a rien de déshonorant ».
Le philosophe est cependant sans illusion sur la profondeur des écrits journalistiques. À preuve, ce passage d’une lettre de Hegel datée du 30 août 1807 et adressée au Major Von Knebel, une relation amicale d'Iéna : « cependant [les] grands événements politiques et [les] nouvelles pour les journaux ne sont pas tout à fait la même chose et ces dernières ne manquent pas : ici ou là on voit passer un maréchal ou le ministre plénipotentiaire ou le départ de la famille ducale [...]. Je sais bien qu'écrire un article de journal c'est manger du foin, en comparaison avec l'ivresse [...] d'une profonde philosophie ».
Épris du modèle journalistique du Moniteur universel, produit de la révolution française, Hegel insiste sur la « publicité ». Pas la pub telle que nous la connaissons, mais la publicité, au sens d’information ouverte, ce que Gorbatchev appelait la glasnost et qu’Hegel définit ainsi dans une lettre à son ami Niethammer qui lui avait offert le poste de rédacteur à la Bamberger Zeitung : « la publicité : j'entends par là que le gouvernement expose à son peuple, la situation de l'État, l'emploi des fonds publics, le service de la dette, l'organisation administrative etc. Ce discours adressé par le gouvernement au peuple, et relatif aux intérêts de l'un et de l'autre, est un des plus grands éléments de la puissance du peuple français et du peuple anglais. Un tel discours exige [..] avant tout du courage. Fondez un Moniteur politico-littéraire et donnez-moi l'occasion d'y collaborer ». (Cf. Jean-Marie André, Hegel en toutes lettres)
Pour en revenir à mon écran, je venais d’y lire, sur le site de la ville d’Auxonne, le titre suivant : « Le maire dresse le bilan de l’année ».
C’est donc tout imprégné de ces profondes réflexions hégeliennes et dès avant le lever du jour que je m’en fus quérir la version papier du Bien Public chez ma gentille buraliste.
Hormis, une grande photo et deux lignes de légende qui renvoyaient à un article du 2 janvier, je suis resté sur ma faim de « publicité » (au sens hégélien).
Pour nos fidèles lecteurs qui voudraient découvrir notre recension de l’article du 2 janvier dernier, intitulé « Priorité sur le Vannois », nous les renvoyons à
AU SECOURS DU COMMERCE DE CENTRE-VILLE ? - du 04 JANVIER 2016
Claudi vient de me souffler qu’Édouard Leclerc, tout comme Hegel fut journaliste. Nous lui répondons : « Journaliste (rédacteur en chef du Soleil de l’Ouest), et vigoureux polémiste. À la bonne heure ! C’est qu’il en faisait des misères à Monsieur le Maire de Brest ! » En mémoire d’Édouard, qui comme certains journalistes, n’avait pas sa plume dans sa poche, nous republions une illustration parue la première fois dans
BAS LES MASQUES ! - du 20 FÉVRIER 2015
Tonnerre de Brest !!
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 06 janvier 2016 (J+2576 après le vote négatif fondateur)
Publié dans Revue de presse