SAINT-FRANÇOIS AU CHARMOY – 2 février 2012
Dans le Canard enchaîné du 25 janvier dernier, nous lisions récemment un petit article sous le titre « Salauds d’écolos ». Cet article montrait l’importance toute relative que notre Président-candidat ou Candidat-président, c’est selon, accordait au Grenelle de l’environnement. Nous vous en donnons ici un extrait :
« Déjà au Salon de l’agriculture 2010, il avait lancé son fameux « Les questions d’environnement, ça commence à bien faire ! ». Il vient de remettre ça dans l’Ariège, en présentant ses vœux aux agriculteurs : « J’ai conscience que l’aspect tatillon de certains règlements administratifs vous insupporte. » Et d’expliquer que les lois de protection de l’eau mitonnées par sa ministre Kosciusko-Morizet sont bien trop gênantes : « La préservation de l’environnement, ça n’est pas d’empêcher quiconque de faire quoi que ce soit ! »
A propos d’environnement notons encore que, récemment, parlant de l’admission du recours de LECLERC en CNAC, Raoul Langlois déclarait : « L’aspect environnemental a fait la différence au niveau du vote final. La société s’est notamment engagée à préserver un ruisseau et à respecter quelques contraintes architecturales ». (Communiqué du Bien public du 19 janvier dernier).
Décidément, la déclaration de Monsieur Langlois, pourtant familier du monde rural, semble un peu convenue et timorée au vu de cette phrase, tellement plus directe, de notre Président-candidat:
« Les questions d’environnement, ça commence à bien faire ! »
Le coup du « ruisseau préservé » (voir Chantecler n° 12) confinerait presque à la sensiblerie de chaumière exquise d’une Marie-Antoinette bergère de petits agneaux ! La ferme de Trianon n’est pas loin ! Comme tout cela est bucolique ! On croirait boire du petit-lait ! Et ce pieux respect d’un humble ruisseau, il semble faire écho, comme un murmure, à la prière franciscaine : « Loué sois-tu mon Seigneur, par sœur Eau, laquelle est très utile et humble, et précieuse et chaste ».
Que voilà un murmure bien éloigné du fracas présidentiel :
« La préservation de l’environnement, ça n’est pas d’empêcher quiconque de faire quoi que ce soit ! »
Que peut donc cacher cette attention foutrement « fleur bleue » pour un simple « ruisseau» ? Vous voulez la réponse, elle est bien simple : les investisseurs aux dents longues ont compris depuis longtemps qu’il leur suffisait d’adopter la langue verte grenellienne et ses amphigouris pour dorer la pilule de projets juteux qui n’ont de vert que le nom.
A la CNAC, verdissez donc le propos pour faire mûrir la décision et parlez le grenellien. Car à la CNAC, pour reprendre les propos notre Président-candidat ou Candidat-président, c’est selon:
« Les questions d’environnement, ça commence à bien faire ! »
Nous préciserons même : à la CNAC les questions d’environnement ça commence à bien faire l’affaire des promoteurs de bouclards !
Les promoteurs de bouclards, ces Saint-François modernes, qui vont pieds-nus sur les ponts d’acajou de leurs yachts, qui ont bien capté le message à Borloo, et qui prêchent par la campagne, luttant contre la vie chère, préservant les petits budgets, les petits ruisseaux (qui font les grandes rivières de diamants !), les petits oiseaux, et…les chauves-souris !
N.B. : La référence à Saint-François n’est pas une allusion à la campagne actuelle, elle est un simple hommage à Saint-François d’Assise, écologiste en acte avant l’heure, qui ne fut pas un écologiste de ministère !
C. S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 2 février 2012