PARTIR AU FEU À AUXONNE, PASSIONNÉMENT ! - du 1er mars 2014 (J+1900 après le vote négatif fondateur)
PARTIR AU FEU À AUXONNE, PASSIONNÉMENT ! - du 1er mars 2014 (J+1900 après le vote négatif fondateur)
« Partir au feu », précisons tout d’abord que cette expression, dans le présent article du moins, ne concerne en rien un capitaine de pompiers actuellement en campagne. Elle concerne en effet son principal concurrent, à qui elle fut appliquée par un connaisseur, et dont le discours martial résonnait il y a peu sous les poutres vénérables de l’arsenal de Vauban. Ce soir-là, selon le titre de combat de Cyril Kempfer, le candidat sortant « tir[ait] le premier ».
http://dole-auxonne.hebdo39.fr/article-auxonne-la-campagne-est-lancee,1950.htm
Nous avons rendu compte de la salve nourrie dans un précédent article agrémenté d’une illustration originale par Claudi Hoffnung.
MÉTAMORPHOSES - du 26 février 2014
L’art de la guerre ne s’improvise pas, l’art de la guerre cela s’apprend dans les académies militaires. Le jeune Buonaparte bien avant de devenir Napoléon, fréquenta comme on le sait, l’École royale d’artillerie d’Auxonne et ses écoles à feu. Les temps ont changé depuis, les casernes commencent à se faire rares et le combat moderne est à présent celui de la compétitivité et de la concurrence. L’artillerie balistique du système Gribeauval a fait place à une autre artillerie, commerciale celle-là, l’artillerie lourde de la grande distribution. Si le jeune Buonaparte s’exerçait au tir au mortier et à la pièce de 8 sur les prés du polygone de Tillenay, notre maire sortant s’est aguerri, quant à lui, au cours de son mandat, à faire advenir un hypermarché LECLERC de 3500 m² sur les champs du Charmoy.
En effet, selon les termes rapportés dans l’article paru dans Le Bien Public du 12 octobre 2009 sous le titre « Leclerc : le dossier sera porté plus haut »: « Faire un hypermarché sur sa commune, c’est partir au feu ». Cette injonction guerrière, c’est Monsieur Rodolphe Quinonero qui la lançait « au maire [d’Auxonne] audacieux de soutenir le projet ». Cette audace n’a pas été démentie dans le discours martial du 19 février dernier sous les poutres vénérables de l’arsenal de Vauban ! « De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ! ».
Cette audace s’enracine dans la tradition locale. Il y a deux siècles déjà, à Auxonne, on savait « partir au feu ». Un témoin oculaire de l’époque décrit ainsi le départ des canonniers et bombardiers de l’École royale pour une école à feu nocturne au polygone : « La troupe, musique en tête quittait le quartier vers dix heures du soir, alors c’était pour toute la ville un mouvement de peuple, de canons, de caissons, d’hommes de femmes et d’enfants à encombrer les rues, un bruit à ne pas s’entendre, mais plein d’émotions, une joie délirante à remuer tout le monde, une fête à laquelle, non seulement la ville, mais encore les alentours prenaient part ; non seulement les invités, car il y en avait, mais les simples spectateurs se portaient au polygone et bientôt on entendait le canon tonner, on voyait les bombes [des mortiers] s’élancer en décrivant leur courbe de feu, en faisant entendre jusqu’à terre le sifflement qui retentissait dans les airs comme le cri d’un courlis » (Extrait du Courrier de l’Arsenal Numéro 12 du 8 mai 2005)
Aujourd’hui, comme il y a deux siècles, à Auxonne, on sait encore partir au feu, passionnément. Notre « consultation » locale du 27 juin 2010, largement appuyée par la logistique de LURE, ne reproduisait-elle pas, dans sa version moderne, la liesse populaire soulevée par le départ des artilleurs vers les écoles à feu ? Une population mobilisée dans « l’intérêt général » de la grande distribution s’était alors levée « en masse » et en écho à des mots d’ordres plus vibrants les uns que les autres : « Aux urnes citoyens ! » « Votez en masse !!! ». Le quidam enthousiasmé par une préparation médiatique musclée à défaut d’un débat éclairé, se précipitait, comme un seul homme, vers les urnes pour donner son avis sur un projet déjà ficelé. À cette fantasia, où les tracts pleuvaient comme des confettis, même les chevaux n’avaient pas manqué. Et lors de la proclamation solennelle des résultats du tir, l’organisateur de la fête avait déploré, avec des trémolos dans la voix, l’accident d’un train d’artillerie emballé qui avait perdu son caisson en route. Diantre ! C’étaient des temps glorieux !
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 1er mars 2014 (J+1900 après le vote négatif fondateur)