Quittant Landerneau et sa lande,
Quand le Breton devient rupin
Et déploie sa force marchande
Voici quel est le doux refrain
Qu’il va répétant
Tout en encaissant
« J’aime bien les prix à la baisse
Et mieux si c’est pour les patrons
J’aime surtout quand à la caisse
Le chaland laisse son pognon »
Dans le vert pays de Haut’-Saône
Un épicier était à l’étroit
Et guignait du côté d’Auxônne
Pour y fourguer ses petits pois
Et faire du profit
Alors il s’est dit
« J’aime Auxonne et son port balaise
Son église et puis les oignons
Je vais surtout me faire à l’aise
Au Charmoy un sacré pognon »
Mais les commissions qu’il affronte
Lui font parfois un sort cruel
Et lorsque le soir on compte
Bien des oui manquent à l’appel
Et le pauvre gâs
Fredonne tout bas
« Pour fair’ prendre la mayonnaise
Comme il faut plus d’un moussaillon
J’en causerai à des plus balaises
En rentrant au pays LURon »
Le bon patron malgré l’injure
S’est décidé à faire impression.
Des OUI qu’on fait tirer à LURE
S’affichent au pays des oignons
De bons Auxonnois
Lui donnent leurs voix
« Puisque les commissions nous baisent
Préférons la consultation
Repeignons à la mayonnaise
Tous les murs de ce beau canton »
Avisant une petite ligne
Bien inspiré un trublion
Voit que ce tartinage indigne
Porte la marque du pognon
Depuis ce jour-là
Il crie sur les toits
« Elle va tourner la mayonnaise
Qu’elle retourne au pays LURon
Un soir ils fil’ront à l’anglaise
On nous prendra plus pour des cons ! »
C.S. (d’après Théodore Botrel)
C. S. Rédacteur de Chantecler,
à Auxonne le 12 février 2011