13 novembre 2014
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CHAQUE HOMME DANS SA TRANCHÉE - du 13 NOVEMBRE 2014 (J+2156 après le vote négatif fondateur)
Humidité, nuit, brouillards, la saison n’incline guère à la gaîté. Peu de fleurs en ces temps, sinon les chrysanthèmes sur les tombes et les bleuets de papier sur les poitrines. Outre-Manche, on préfère, aux bleuets, les coquelicots, du coup les douves de la Tour de Londres en sont tout inondées. Nos lecteurs/trices s’étonneront sans doute de notre humeur vagabonde : avant-hier Barcelone, aujourd’hui Londres…
Chantecler irait-t-il nous jouer la fille de l’air vers d’autres cieux, lui qui médite habituellement à l’ombre tutélaire du réservoir des Granges-Hautes, comme Bonaparte sous son chêne (pas mal celle-là ! Non ?!).
À propos de méditation, la journée du 11 novembre aura été pour nous un sujet de réflexion. Beaucoup plus que de la cérémonie officielle du souvenir, drapée dans son apparat règlé, nous garderons mémoire d’un petit spectacle donné l’après-midi dans la salle de l’Ancien tribunal de commerce : « La courte vie de Georges Collin ». Ce spectacle, créé par Jean-Marc Pinté, et dédié à la mémoire de son grand-oncle Georges Collin, était organisé par l’association Caramel, Chocolat et Cie de Magny-Montarlot.
Je n’étais pas en avance, et grimpant la spirale de l’escalier de pierre à 5 heures sonnantes, j’entendais monter la rumeur témoignant d’une assistance nombreuse. Là-haut, une petite foule bon-enfant, dont le caractère convivial compensait l’absence visible de personnalités officielles, était réunie pour assister à une lecture théâtralisée des lettres de Georges Collin, jeune Poilu du 10ème de ligne, originaire de Magny-Montarlot et tué le 3 août 1916 à Fleury près de Verdun.
Restitués avec une exactitude scrupuleuse, les propos de Georges n’ont rien de sensationnel, mais au-delà de la monotonie liée aux circonstances d’une guerre de position, monotonie lugubre de l’attente qui colle à l’âme du Poilu comme la boue à son corps, transparaissent sans cesse le courage et l’humour. Humour plein de courage, par exemple, dans cette « logique du Poilu », arborescence de suppositions de plus en plus calamiteuses sur le destin qui l’attend et dont, à chaque avancée vers le pire, il se réjouit toujours de l’alternative la moins mauvaise qui s’offre à lui, tout en rassurant ses proches ! Humour courageux dont la charge morale revit à travers le temps ! Georges, sans grands discours, tu nous donnes une leçon de vrai courage ! Et merci à Jean-Marc Pinté, et à ses compagnes de scène, de t’avoir ressuscité et évoqué sans chichis, sans flonflons et avec talent !
Quittant l’atmosphère des tranchées et retournant à la monotonie auxonnaise, où le plus grand danger est de mourir frappé d’un gros éclat d’ennui, je n’oublierai pas la leçon d’humour de Georges. En un temps où la guerre, devenue économique, a changé de figure et où les promoteurs de grandes surfaces et les maires qui les soutiennent se parent à bon compte de vertus guerrières, je continuerai, fidèles lecteurs/trices, obscur Poilu solitaire, à vous écrire de ma tranchée du Charmoy. Inspiré par le courage tenace et inusable de Georges, je tenterai de faire mienne sa « logique du Poilu ».
La Grande Guerre, la der des ders, a d’ailleurs déjà été évoquée dans notre blog, sur un mode fantaisiste certes, et que des grincheux n’ont sans doute pas manqué de réprouver. Qu’importe, c’était pour la bonne cause ! Et puis Georges nous a convaincu que la fantaisie n’était pas absente des tranchées, qu’elle y était même vitale pour ne pas s’enliser et sombrer !
Les uhlans de sinistre mémoire, les Taube, la Grosse Bertha, tous ces gens et ces choses auxquels Georges n’était sans doute pas étranger, vous pouvez les retrouver cent ans après, extraits par Claudi de la valise de souvenirs de son oncle Seppi de Rouffach près de Colmar et mis en scène librement sur la zone du Charmoy dans notre blog :
HYPER-CALIBRE - du 18 février 2014
Auxonne, le 13 novembre 2014 (J+2156 après le vote négatif fondateur)
Publié par Cl.S., Auxonnais
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dans
Visions d'histoire