ARCHIVES N° 10- du 17 février 2013 (J+ 62 après le dépôt)
PARTISANS ÉCLAIRÉS D’UNE CONSULTATION
OU INSTIGATEURS NAÏFS D’UN PLÉBISCITE ?
Le procès verbal de la séance du Conseil municipal du 15 avril 2010 relate dans ses pages 56 à 59 le débat et le vote relatifs au projet de tenue d’une consultation sur l’opportunité de créer une zone commerciale au Charmoy. Nos lecteurs pourront y accéder directement sur le site
http://www.auxonne.fr/conseil-municipal
Relativement aux « considérants » initiaux ouvrant la relation du débat, nous ne nous livrerons pas à une analyse détaillée, retenant seulement qu’au-delà de considérations urbanistiques très générales, une intention particulière est déjà clairement exprimée, celle de faire valoir les résultats de cette consultation comme argument lors d’une future « CDAC » (ligne 4 de la page 57). Or une CDAC ne peut concerner qu’un projet d’enseigne déjà élaboré et le projet en question, tout le monde, alors, connaît son existence, c’est « un secret de Polichinelle », il s’agit du projet « Leclerc » concocté en catimini, puis proclamé en fanfare dès le printemps 2009.
C’est pourquoi le OUI unanime du Conseil est affligeant dans la mesure où, sous couvert de bonnes intentions démocratiques, il a pu aboutir de facto à provoquer la consultation d’une population (et dans quelles conditions de débat ouvert et de publicité, nous le verrons !) dans le seul but de solliciter son acquiescement à un choix préalablement fixé sans requérir son avis. Il convient encore d’ajouter que le bénéficiaire de ce choix confidentiel avait été d’abord confortablement assuré, avec zèle et « en toute discrétion », d’une parfaite « maîtrise » du foncier. Après cela, une consultation quelle qu’elle soit ne pouvait donc apparaître que comme un vote « chambre d’enregistrement ».
Revenons à présent au texte du procès verbal de la séance du Conseil municipal du 15 avril 2010. Dans ce texte conjuguant langue de bois administrative et naïveté désarmante des propos de certains élus, quatre lignes méritent encore d’être soulignées, les voici (lignes 17 à 21 de la page 58):
« Monsieur Antoine Sanz rappelle que la Ville d’Auxonne a préempté sur une parcelle située au Charmoy et demande si ladite préemption a été motivée. Il faut en effet, que dans le cadre d’une telle procédure, un projet soit envisagé. A cela, Monsieur le Maire répond que c’est en effet le cas. »
N’est-ce pas là l’aveu d’un projet préexistant ? Et ce projet, il s’agit, bien entendu, du projet « Leclerc ». Répétons-le, en avril 2010, l’existence d’un projet « Leclerc » est depuis un an déjà, « un secret de Polichinelle ». Personne n’est dupe, et pourtant….
Passons maintenant à l’objet déclaré de la consultation
Lors de cette consultation, la question suivante sera posée aux électeurs :
« Etes-vous favorable OUI ou NON au projet d’implantation d’une zone commerciale sur le site du Charmoy ? » (lignes 25 et 26 de la page 58)
Cette question pourrait sembler être une simple question de principe, mais en fait, replacée dans le contexte préexistant, elle ne peut revêtir, pour une personne un tant soit peu consciente, qu’un sens univoque transparent, et ce sens, le voici ! :
« Etes-vous favorable OUI ou NON au projet « Leclerc », déjà « ficelé » en gros, sur le site du Charmoy ? »
La presse locale (Le Bien Public du 1er juillet 2010), elle, ne s’y trompera pas qui titrera, aux lendemains du vote, en première page du cahier « Région dijonnaise » du 1er juillet 2010 :
« Auxonne Les habitants disent « oui » au Leclerc. Les riverains sont à une large majorité en faveur de l’implantation de l’enseigne »
Le blog « Consultation locale des électeurs / 20 avril 2010 », mis en ligne alors par la Ville d’Auxonne et très récemment fermé (??) constitue une autre preuve encore plus indiscutable d’une intention municipale affirmée de battre le rappel de la population auxonnaise au secours d’une deuxième mouture du projet Leclerc évincé d’abord en CDAC (07/10/09) puis en CNAC (20/01/10)
Le lecteur curieux pourra toujours tenter d’y accéder grâce au lien
http://auxonne.b-blog.fr/billet-16088.html
A défaut de réponse, il pourra consulter le PDF conservé par nos soins. Il constatera alors que l’argumentaire de ce blog place clairement l’origine de la décision de consulter dans un double rejet du projet Leclerc en commission. L’appel au peuple à la rescousse du projet Leclerc transparaît bien de façon évidente dans le texte de ce manifeste en ligne !
On pourra lire au passage l’observation concise, pertinente autant que prémonitoire, de « Louloutte 21 » du 26-04-2010 10:24. La vérité de cette remarque devait se confirmer un an plus tard, comme nous le verrons plus loin, sans le bénéfice escompté toutefois et ce, malgré les références appuyées et répétées du postulant au projet LECLERC et l’intervention sans discrétion de l’AAC au secours du maire-porteur ! On s’attend aujourd’hui à ce que l’histoire se répète en mars 2014…
A noter qu’un multiblogueur bavard de la région, aussi naïf qu’admiratif devant le bel exercice de démocratie que semblait constituer selon lui la consultation, s’était empressé de ramasser l’info et de promouvoir du même coup en prime l’AAC toute fraiche sortie de la cuisse de Jupiclerc :
http://www.net-village.org/pro/2010/05/10/leclerc-a-auxonne/
http://www.paperblog.fr/3255533/auxonne-les-habitants-vont-voter/
On notera d’ailleurs au passage, dans le premier de ces deux blogs, un lapsus révélateur selon lequel les électeurs auxonnais sont appelés à se « promononcer » dans cette consultation.
Se « promononcer » est bien, en effet, le terme choisi qui convient à cette mascarade, véritable pub-promo de LECLERC.
En fait de consultation, les Auxonnais(es) n’auront donc pas été consultés en préalable sur le principe d’un projet de zone commerciale à définir ultérieurement mais appelés à plébisciter après coup, sans qu’on leur ait demandé leur avis à ce sujet, le projet « Leclerc » exclusif déjà retenu par la municipalité et assuré, par les soins zélés de celle-ci, de la « maîtrise foncière » du site du Charmoy.
Les résultats bien prévisibles de ce vote-applaudimètre, assurés par un rameutage tapageur devaient, pour finir, venir opportunément à l’appui du projet retaillé reconduit par le tandem maire/promoteur dans un dossier daté de janvier 2011. En page 9 de celui-ci nous les retrouvons instrumentalisés et présentés de façon peu objective:
« Il ressort en effet de la consultation locale des électeurs, organisée à Auxonne le 27 juin 2010, que près de 80 % des citoyens y sont favorables, en ayant répondu OUI à la question suivante : « Etes-vous favorable OUI ou NON au projet d’implantation d’une zone commerciale sur le site du Charmoy ? ». »
De manière évidente, cette argumentation apparaît comme étant doublement biaisée :
Primo, ce ne sont pas « 80 % des citoyens [qui] y sont favorables » mais 80 % des votants soit en fait seulement 30 % des citoyens.
Secundo, parmi ces votants, on est en droit de penser qu’un certain nombre ont dû voter simplement sur le principe d’un « projet d’implantation d’une zone commerciale sur le site du Charmoy » à débattre et non expressément pour le projet « Leclerc » déjà ficelé clés en main. Cette hypothèse est justifiée, dès lors que pendant toute la durée de la campagne de la consultation, et à la différence du manifeste du blog cité plus haut, le label « Leclerc » avait été soigneusement « gommé » des tracts et des affiches des partisans du « OUI ». Pour réémerger très rapidement par la suite, il est vrai !
Le lecteur curieux pourra le vérifier en se référant à nos « Impressions de la consultation de juin 2010 » renfermant un large échantillonnage du tractage et de l’affichage officiels ou sauvages diffusés alors. En publiant ces « Impressions de la consultation de juin 2010 » en préalable à nos réflexions sur la « consultation », nous avons voulu munir d’abord le lecteur d’un panel documentaire de référence
Aux interprétations a posteriori abusives mentionnées plus haut, il conviendrait enfin d’ajouter de sérieuses réserves relativement au déroulement de la campagne sur fond d’univocité « OUIOUIste » et d’absence totale de débat. Sur ces conditions de campagne bien particulières, nous reviendrons plus tard en détail.
Pour conclure simplement, disons pour l’instant que cette campagne, menée par un bloc constitué de partisans bien drillés à la botte du tandem maire/promoteur, ne devait rencontrer qu’une opposition timide voire incohérente. Cette « opposition » après avoir voté pour la consultation, se tint ensuite frileusement à l’écart de la campagne officielle. Certes, elle diffusa bien quelques tracts en sous-main (voir la pièce K de notre album « Impressions de la consultation de juin 2010 ») mais le procédé devait faire l’effet d’un coup d’épée dans l’eau face à la mobilisation « en masse » et bien planifiée du clan du « OUI » cornaqué par le tandem maire/promoteur.
Cette mascarade de démocratie, j’en pris d’urgence la mesure et le contrepied, faisant entendre ma voix dans Chantecler et aussitôt, je subissais en retour des représailles sous forme d’un placardage grotesque. J’avais vu juste :
En juin 2010, la réclame la plus grossièrement primaire et racoleuse tenait le haut du pavé à Auxonne se parant à bon compte des atours du débat et de la démocratie !
Pour finir, brochant sur le tout, le matériel de vote diffusé sous pli affranchi et cacheté à tous les électeurs par les soins de l’administration municipale, devait se révéler lui-même, tant dans le fond que dans la forme, d’une objectivité et d’une sincérité pour le moins sujettes à caution (voir la pièce L1 de notre album « Impressions de la consultation de juin 2010 »). Ce dernier point nous le développerons plus en détail très prochainement.
IMPRESSIONS DE LA CONSULTATION DE JUIN 2010
N.D.L.R. :
Le lecteur désireux de se divertir après la consultation austère des archives pourra goûter un moment de détente en rejoignant les « Esquisses pour un Journal du Charmoy », œuvre de pure fiction du dessinateur alsacien Claudi Hoffnung dont notre blog publie actuellement l’album dans sa rubrique « Feuilleton ».
C. S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 17 février 2013 (J+ 62 après le dépôt)