Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : chantecler-auxonne.com
  • : "Je chante clair afin qu'il fasse clair" Edmond Rostand
  • Contact

Profil

  • Claude Speranza, Auxonnais
  • Auxonne, environnement, actualité,  hypermarché, grande distribution, société
  • Auxonne, environnement, actualité, hypermarché, grande distribution, société

Recherche

3 janvier 2018 3 03 /01 /janvier /2018 10:08

BONAPARTE À AUXONNE ou le Promeneur Solitaire Corse (12) - du 03 janvier 2018 (J+3304 après le vote négatif fondateur)

    À l’heure où la Corse est sous les feux de l’actualité, nous arrivons au dernier épisode de notre feuilleton qui en comptera finalement douze au lieu des dix prévus.

     J’aurai donc trahi Jean-Jacques qui m’avait inspiré mon titre, car ses Rêveries du promeneur solitaire ne comptent, en effet, que dix promenades.

       Il faut dire que la mort surprit ce pauvre  Rousseau dans le cours de sa tâche. Pour la joie de tous mes lecteurs, par bonheur,  j’aurai eu plus de chance !

      Février 1791, Bonaparte a rejoint Auxonne avec son jeune frère Louis. Louis est dans sa treizième année, son aîné va se charger momentanément de son éducation. Il s’installe avec lui dans deux pièces situées à la caserne et non dans l’immeuble Bauffre où réside Lombard, comme l’indique Masson (MASSON  Frédéric, Napoléon dans sa jeunesse, 1769-1793, Paris, Albin Michel, [1922], p. 256).

     Des témoignages inexacts, la fréquentation effective de Bonaparte chez Lombard où il ne logeait pourtant pas, la reconstitution douteuse d’une « Chambre de Napoléon » dans le salon de celui-ci  rue Vauban en 1864, entretiendront bien des confusions à ce propos.

CHARMOY-CITY : VOUS AVEZ DIT « BONAPARTE AU RABAIS » ? - du 9 août 2017

       En ce milieu de février 1791, il reste encore, à Bonaparte, quatre mois à passer à Auxonne avant son départ définitif.

       De ses activités au cours de cette période, nous ne détaillerons que ses démarches pour faire imprimer ses travaux.

      Ayant reçu mission du club d’Ajaccio de faire imprimer sa Lettre à Buttafoco Bonaparte va s’adresser à l’imprimeur Joseph- François-Xavier Joly de Dole.

     Une lettre de Joly, très postérieure, et datée du 14 août 1821 adressée à « M. Amanton à Dijon » est conservée avec un exemplaire imprimé de la Lettre à Buttafoco à la bibliothèque municipale de Dole.

      Claude-Nicolas Amanton, avocat au Parlement de Bourgogne et érudit local, avait été maire d’Auxonne de 1806 à 1811, puis était retourné s’établir à Dijon. Il est en particulier l’auteur de divers articles ou brochures concernant Napoléon Bonaparte. Le courrier de Joly est une réponse à une question d’Amanton au sujet d’imprimés de Bonaparte que Joly aurait détenus

      Au début de cette longue lettre, Joly déclare : « je ne possède aucun autre opuscule de Bonaparte que sa lettre à Matteo Buttafoco, que je lui ai imprimée lorsqu’il était en garnison à Auxonne ». Il donne ensuite  de nombreux renseignements de première main sur ses relations professionnelles avec Bonaparte, sur Bonaparte lui-même, sa mise, son régime, son logement, ainsi que sur son frère Louis.

     On y trouve confirmation  que les deux frères logeaient à la caserne dans « deux chambres blanchies à la chaux ». Joly s’y rendit en effet pour encaisser le prix de son travail d’impression de la Lettre à Buttafoco qu’il avait tirée à « cent exemplaires » à la demande de Bonaparte.

   Il décrit le mobilier sommaire du logement, le ton cordial et bon enfant de la brève rencontre.

     On apprend aussi que Bonaparte venu à pied d’Auxonne se présenta un jour à 8 heures chez Joly à Dole pour y faire imprimer sa lettre, et qu’ « il était vêtu d’une carmagnole et d’un pantalon de toile blanche rayé de bleu, chapeau rond ».

          Bonaparte revint plusieurs fois par la suite pour corriger les épreuves. Des détails horaires donnés par Joly permettent de penser que Bonaparte couvrait le trajet à pied d’Auxonne à Dole en 3 heures ou moins.

     Permettez-nous ici une petite incise. Dans un article en ligne diffusé le 12 octobre dernier par L’Écho des communes et intitulé « Enquête dans la capitale du Val de Saône » le maire d’Auxonne qualifie le Mont-Roland, situé entre Auxonne et Dole, de « frontière psychologique ».

CHARMOY-CITY : ON A DES MERVEILLES À VOUS MONTRER - du 02 novembre 2017

         Visiblement, cela ne valait pas pour le jeune Bonaparte ! Un jour il emmena son « jeune frère qui était curieux de voir comment on imprimait » et qui était vêtu comme son aîné. Les deux frères firent connaissance avec l’abbé Jeantet, alors professeur de mathématiques au Collège de Dole, qui passait visiter son ami Joly.

       L’abbé, « frappé de la physionomie de Bonaparte et de son raisonnement juste et laconique », emprunta à l’imprimeur le manuscrit de la lettre, et tarda à le rendre. L’abbé, ayant quitté Dole pour Besançon y emporta le manuscrit. Il y mourut subitement en 1805. Malgré les recherches entreprises, Joly ne retrouva pas son manuscrit.

      Parlons pour finir des Lettres sur la Corse que nous avons longuement évoquées dans un précédent épisode.

     BONAPARTE À AUXONNE ou le Promeneur Solitaire Corse n° 9 – du 12 novembre 2017 

     De son séjour en Corse, Bonaparte était rentré à Auxonne avec une copie manuscrite faite par Lucien.

       C’est sans aucun doute de cette copie que Joly parle, lorsqu’il écrit à Amanton en 1821 : « vous pouvez assurer qu’il [N.D.L.R. : Bonaparte] est l’auteur d’une histoire politique etc…de l’ile de Corse que je devais lui imprimer en 2 vol. in-12, si son régiment n’eût pas eu l’ordre de se rendre à Toulon. J’ai vu le manuscrit… »

     Le projet de publication chez Joly s’arrêta donc là.

     Une lettre postérieure de Joly à Amanton, datée du 23 janvier 1823, fut publiée en 1827  dans un opuscule en pièce justificative par  son destinataire.

     Cette lettre semble clore définitivement l’affaire. Indiquant en honnête libraire sa source bibliographique précise : « Barry E. O’Meara, Napoléon en exil à Sainte-Hélène, deuxième édition, page 151 du tome II », Joly y rapporte un témoignage de  Napoléon à son chirurgien irlandais :

            « je composai une petite Histoire de la Corse ; je la soumis à l’abbé Raynal qui me donna des éloges, et parut désirer que je la publiasse. […] Je suis bien aise de ne pas avoir suivi ses conseils. […]  ce livre contenait les plus forts arguments contre les gouvernements monarchiques […] et était rempli de sentiments républicains. Je l’ai perdu depuis… »

            Au vu de ce témoignage, Joly va jusqu’à conclure ainsi sa lettre: le « manuscrit en question, que j’ai vu et que j’ai tenu, […] a sûrement été anéanti par l’auteur même, à cause des circonstances dans lesquelles il s’est trouvé par la suite. »

         Tel n’était pas le cas comme nous l’avons  déjà vu. Le manuscrit fut redécouvert une vingtaine d’années plus tard dans le carton du cardinal Fesch, et publié par le Comte Libri !

BONAPARTE À AUXONNE ou le Promeneur Solitaire Corse (4) - du 06 septembre 2017

     C’est donc sur les péripéties d’un manuscrit du jeune Bonaparte contant l’histoire de son île que se termine notre petit feuilleton du « Promeneur Solitaire Corse ». Feuilleton, qui nous fut inspiré dans l’été par les mésaventures d’un PSC destiné à son musée !

ALBUM UN PSC POUR BONAPARTE du 14 août 2017

Bonaparte à Auxonne, PSC n°12 Porter sa copie

Bonaparte à Auxonne, PSC n°12 Porter sa copie

C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 3 janvier 2018  (J+3304 après le vote négatif fondateur)

Publié dans Feuilleton 7

Partager cet article
Repost0
Publié par Claude Speranza, Auxonnais - dans Feuilleton 7