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  • Claude Speranza, Auxonnais
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24 juillet 2016 7 24 /07 /juillet /2016 07:09

CONVERSATIONS AVEC PHILOMÈNE (2) - du 24 JUILLET 2016 (J+2776 après le vote négatif fondateur)

Résumé du premier épisode : Intriguée par l’intérêt soudain porté par le premier magistrat d’Auxonne à Villers-lès-pots et à son maire, Philomène, la sainte de Villers décide de se rendre dans la cité napoléonienne. En grand équipage, elle débarque donc un soir de marché aux gradins du Vieux port pour s’y entretenir avec notre correspondant Jean-Marie Vianney, homonyme du Curé d’Ars. Surpris, ce dernier apprendra au bout du compte que Philomène est venue « pour affaires ».

Jean-Marie : « C’est vrai que de nos jours, le marché est roi et, sous peine de mort sociale, la meilleure âme, fût-elle celle d’une sainte, ne peut rester indifférente à ses lois ! Avant de faire l’aumône et le bien autour de soi, ne faut-il pas d’abord penser à s’enrichir soi-même pour le bien de la communauté ? »

Philomène : « C’est hélas, mon ami, la réalité crue, et quand pour moi les carottes sont cuites, je ne peux me résoudre à me voiler la face. La Providence est en panne, hors du marché point de salut, en désespoir de cause il me faut donc envisager de monter ma petite entreprise. Apprenez maintenant que j’ai conçu le projet d’établir là-haut, non pas au Ciel comme vous pourriez le penser, mais plus près de nous, en haut de ces gradins, sur le marché artisanal d’où nous parviennent rumeurs et odeurs, mon petit stand et ma boutique.»

Jean-Marie : « Ne craignez vous pas de déchoir Philomène en tenant boutique ? »

Philomène : « Cette frilosité surannée vous honore Jean-Marie ! Au bout du compte vous partagez les scrupules du bon Curé d’Ars votre homonyme, mais sachez d’abord que je ne tiendrai pas le stand en personne. Elles ne manquent, pas de nos jours, les jeunes filles qui cherchent un emploi ! Les places de caissières, dit-on, se font rares !»

Jean-Marie : « Et les jeunes filles aussi hélas ! »

Philomène : « Comme vous y allez Jean-Marie, regardez le monde et arrêtez de lire la Vie des Saints ! Et surtout, je vous en prie, arrêtez de rougir ainsi Jean-Marie ! Sachez que je compte sur vous qui êtes du coin pour me dégotter une fille délurée et qui n’ait pas sa langue dans sa poche ! »

Jean-Marie : « C’est que je fais habituellement les reportages et autres articles de fond, mais pas les petites annonces ! »

Philomène : « Vous n’êtes pas comme Claudel, alors ! »

Jean-Marie : « Philomène, votre truculence m’inquiète ! »

Philomène : « Inquiétez vous surtout de me trouver rapidement une vendeuse. Une vendeuse, et une gagneuse ! Tenez, Jean-Marie, je viens de lire le dernier « Côte-d’Or magazine » N° 163 de juillet-août et j’y ai trouvé une idée force de vente pour notre vendeuse, nous la coifferons du célèbre « Petit Chapeau » pour attirer le touriste ! »

Une surprise de plus en plus grande se lisait sur le visage de Jean-Marie dont les traits fins d’intellectuel s’estompaient pourtant dans le crépuscule. Alors, joignant le geste à la parole, Philomène sortit de son giron une page glacée et pliée en quatre du magazine intitulée « LA MARCHE DE L’EMPEREUR ». Tandis qu’elle la dépliait, tout en se penchant vers Jean-Marie, le faisceau de sa lampe de poche vint tomber à pic sur le paragraphe inspirateur, comme le doigt de l’Empereur sur une carte. On pouvait y lire ces mots : « Dans l’une des tours du château, Auxonne conserve précieusement et fièrement […] le chapeau du célèbre Corse. De quoi exciter l’imagination sur le chemin du retour. »

http://fr.calameo.com/read/000256001b37529b10992

Philomène : « Excitant, Jean-Marie, pas vrai ! Se non è vero, è bene trovato ! »

Jean-Marie : « Mon homonyme n’aimait guère les marches impériales. Enrôlé en 1809 dans l’armée de l’Empereur pour la guerre d’Espagne, il finit par déserter ! Sans vouloir vous décevoir, je crois que votre idée force de vente lui aurait carrément déplu ! Mais au fait, quelle marchandise vendra cette jeune fille ? »

Philomène : « De la céramique mon cher, et pas des sandwichs ! Il est temps de ressusciter le marché des statuettes de sainte Philomène. Plus précisément de la statuette de sainte Philomène, dans sa version locale de Villers-les-Pots, réputée votive ! »

Jean-Marie : « Fautive ! Je vous trouve bien sévère ! »

Philomène : « Votive, avec un V comme Villers ! L’achat de cette statue donne l’occasion de faire un vœu, et croyez-moi, de nos jours, les gens ne manquent pas qui font des vœux ! Tout comme ne manquent pas ceux qui font des promesses ! Les loteries ont le vent en poupe ! Voilà les conclusions de mon étude de marché ! »

Jean-Marie : « Je vous sens amère Philomène, amère mais avisée ! »

Philomène : « À visée lucrative pendant que vous y êtes ! Avisée, oui peut-être mais démunie, car il me manque encore pour ce projet l’essentiel, la cheville ouvrière : un céramiste ! »

À suivre…

Voyant mon attention un peu exclusive pour sainte Philomène, Claudi me conseille de ne pas oublier les autres saint(e)s. Il me précise gentiment que le/la saint(e) du jour est sainte Christine. Bonne fête, donc, à toutes les Christine !

Sainte et entrepreneure

Sainte et entrepreneure

C.S. Rédacteur de Chantecler,

Auxonne, le 24 juillet 2016 (J+2776 après le vote négatif fondateur)

Publié dans Feuilleton 5

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Publié par Claude Speranza, Auxonnais - dans Feuilleton 5