ACTUALITÉ DE COURTELINE, OU LE MINIBUS DE 9h47 - du 16 JUIN 2016 (J+2738 après le vote négatif fondateur)
Nombre de nos fidèles lecteurs/trices connaissent sans doute le nom de Georges Courteline (1858-1929), écrivain et observateur aigu des mœurs administratives de son temps. D’une situation tragi-comique vécue par l’usager au guichet d’une administration ou lors du remplissage d’un dossier, on dit, aujourd’hui encore, qu’elle est courtelinesque.
Les souvenirs de son service militaire passé au 13ème régiment de chasseurs à cheval de Bar-Le-Duc (nous avions à Auxonne le 8ème chasseurs à cheval) inspireront en particulier à Courteline Les gaîtés de l’escadron et Le train de 8h47. Des portraits de scrongneugneu au vitriol, et du comique troupier de haute volée !
Le train de 8h47, roman autour de la mésaventure de deux pierrots du 202ème chasseurs loupant une correspondance dans une gare de la Meuse, n’est plus guère lu aujourd’hui. Du train de 8h47, adapté en film avec Fernandel avant-guerre, je ne me rappelais d’ailleurs plus guère que le titre et quelques bons mots entendus de la bouche de personnes à présent disparues.
L’annonce récente, apparue sur le tableau lumineux de la ville, en ces termes précis : « VILLE D’AUXONNE-INFORMATION-PASSAGE DU MINI-BUS DE LA VILLE au MAGASIN LECLERC le MERCREDI MATIN-départ : 9h47- retour :11h20 », tout en attirant mon attention, a bizarrement ranimé le souvenir courtelinesque du train de 8h47.
LE TAXI DE CHARMOY-CITY, UN TAXI QUI RAOULE POUR LECLERC - du 09 JUIN 2016
C’est au pays des madeleines que La Guillaumette et son compagnon Croquebol prennent le train de 8h47. Et moi, leur digne émule, je comptais bien prendre le minibus de 9h47 au pays des oignons. Je me suis donc rendu, hier mercredi, quelques minutes avant l’heure prescrite par le tableau lumineux (9h47), à l’arrêt du Boulevard Pasteur.
Heure à laquelle je m’étais bien entendu fié sans problème, car l’annonce lumineuse du tableau en impressionnant ma rétine, était restée imprimée dans ma mémoire. Elle constituait en outre, la seule mention officielle et affichée concernant le nouveau passage à LECLERC, car jusqu’à mardi dernier, les horaires donnés sur le site de la ville n’avaient pas été actualisés et ne mentionnaient donc pas ce nouvel arrêt.
J’attendais, et le minibus ne venait pas…Dix heures sonnèrent…Sans le vouloir, voilà que je rejouais Le train de 8h47 dans une nouvelle version. C’est que le départ du minibus n’était pas, comme mentionné sur l’affichage lumineux, à 9h47, mais à 9h18 comme l'indique l’horaire actualisé, qui pourtant n’était pas encore mis en ligne ! Compliqué !
Une petite visite mouvementée à l’accueil de la mairie m’a permis de comprendre les causes de ma mésaventure, tout en donnant à l’administration l’occasion d’y remédier ! À la bonne heure !
Le minibus m’était passé sous le nez, mais le ciel momentanément éclairci ne m’incitait pas à me laisser abattre. J’ai donc enfourché mon vélo pour faire un petit tour au Charmoy. À 11h20, le minibus y est arrivé vide et quelques minutes plus tard, toujours aussi vide, il est redescendu. Et moi aussi, sur mon vélo tout heureux de patauger copieusement dans les superbes flaques entrecoupant de loin en loin la piste cyclable. Faute à la pluie me direz vous ! Au fait dans Le train de 8h47, la pluie aussi est au rendez-vous. Simple coïncidence !
C’est en effet sous une formidable averse d’orage que le train de 8h47 entre en gare, rinçant les shakos emplumés de nos deux pierrots. Une scène lors de laquelle le caméraman de service a dû déguster pendant le tournage du film ! Mais laissons parler Courteline : « Ça ruisselait, les gouttières vomissaient l’eau à pleine gueule, et, du haut des toits en pente douce, des torrents précipités pendaient en longues stalactites, mais ce n’était pas de la pluie, pas le moins du monde ; un nuage qui crevait, rien de plus ! et comme il [La Guillaumette] le disait fort bien : « – Tant plus que ça tomberait beseff, tant moins que ça tomberait longtemps » ».
Au fait, en lisant Courteline en diagonale, je viens de m’apercevoir que Le train de 8h47 est en fait un train de 20h47. Ah ! décidément, toujours les horaires ! Comme dirait Guillaume Pépy, qui n’est pas La Guillaumette, Courteline, comme la CGT, c’est vraiment les horreurs de la gare !
C.S. Rédacteur de Chantecler,
Auxonne, le 16 juin 2016 (J+2738 après le vote négatif fondateur)
Publié dans Figures libres